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Faso politique : Entre faux débats et basses manoeuvres

Publié le samedi 21 janvier 2006 à 19h27min

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Au sein des partis politiques, les plus représentatifs surtout, les coups de théâtre ont toujours suscité un intérêt intense, voire passionné, comme on peut le constater présentement dans le paysage politique burkinabè. Mais c’est oublier que tout parti politique comporte ses coteries, ses rivalités et ses jalousies que seuls peuvent aplanir les compromis.

Ainsi la surenchère partisane, sans doute, ainsi que l’esprit qu’on dit revanchard de ses adversaires semblent avoir eu raison de la pugnacité du bourgmestre de Bobo-Dioulasso, qui a fini par déposer son bagage CDP pour une croisière à dos d’éléphant : « chasse aux sorcières’’ ou recalibrage des réalités ? La question n’en finit pas d’étonner, et l’on aura vite fait d’en effectuer une autopsie simpliste nourrie par la passion partisane.

De toutes ces réactions d’hostilité, d’amitié, voire de compassion, il ressort un fait, celui de la fragilité du gigantisme des partis. Au départ fut le CDP dont l’idée de son initiateur était de rassembler, le plus largement possible, les Burkinabè pour des objectifs précis. Hélas, des amalgames ont vite été créés.

On a toujours pensé, ici, que la réussite sociale d’un agent de l’Etat dépendait de sa capacité à plaire aux dirigeants du bureau politique du parti au pouvoir. Le phénomène, qui avait abouti à un certain clientélisme, est en train de décliner, très sérieusement, depuis l’élection présidentielle, la majorité quasi absolue des partis politiques ayant solidement appuyé la candidature de Blaise Compaoré, qui, toute analyse faite, reste toujours le grand gagnant de ces ’’bras de fer’’ au sein des partis.

Du reste, certains partis profitent de ce devoir de réserve que s’est imposé le président du Faso pour dire haut et fort ce qu’ils pensent du parti qu’il aura initié. Faudrait-il s’attendre à une recomposition complète du paysage politique burkinabè, avec des implosions, des refondations ou des fusions ? Inévitablement, l’après-municipales forcera la main à tous...

Visiblement, le taux d’inflation en gain de militants du parti majoritaire a chuté. Pour nombre d’’’exclus’’ ou de ’’pestiférés’’, pourquoi s’efforcer de vouloir puiser à des ruisseaux alors que des sources sont là, toutes prêtes à donner de leurs eaux ? Le choix était simple.

Pour certains observateurs de la vie politique au Faso, le parti majoritaire au pouvoir ne serait pas encore parvenu à se défaire du phénomène du ’’centralisme démocratique’’, malgré la volonté affichée de certains dirigeants de marcher réellement sur la voie de la démocratie, laquelle comporte des règles qu’il faut respecter.

L’on dira sans doute, pour se donner bonne conscience, que le pugilat politique interbobolais ne concerne en fait que des individus ! Difficile d’y croire depuis que s’ancrent de jour en jour, et de plus en plus profondément dans les mentalités, les principes élémentaires de la décentralisation administrative.

Ainsi, dans le cas présent, pourrait-on dire, l’absence de preuves patentes d’une certaine exclusion n’est pas la preuve de l’absence d’un certain communautarisme ; il faudrait une fois pour toutes avoir le courage de poser les vrais problèmes ; les mêmes susceptibles de se renouveler dans les futures communes rurales. Il s’agit déjà de mettre en place une série de mécanismes à même de réduire considérablement le temps des malentendus s’ils se présentent, afin d’éviter au pays de sombrer dans un conservatisme réfractaire à l’évolution sociale.

C’est sur une toile de fond de guerres politiques fratricides que se préparent les élections municipales de mars prochain. Et si l’exemple bobolais reste le plus frappant, il n’est pas isolé, loin s’en faut. On en répertorie dans les quatre coins du Faso, ce qui laisse entrevoir de grosses surprises. Ceux-là que d’aucuns qualifient de ’’transfuges’’, de ’’traîtres’’ se recrutent à tous les niveaux, depuis les néophytes jusqu’à ceux qui semblent avoir un besoin quasi physiologique à faire parler d’eux.

Dans ce méli-mélo qui semble prendre l’allure de règlements de comptes, pourrait-on d’ici là voir s’élever une voix pour aplanir les divergences ? Rien n’est moins sûr. Une seule voix pourrait le faire mais se trouve confrontée à une règle, à savoir se mettre au-dessus de la mêlée.

Dans certains cercles proches du parti majoritaire, l’on souligne que des réflexions, des concertations sont menées afin de circonscrire d’éventuelles hémorragies. Et d’ajouter qu’en fait les difficultés réelles du parti ne résideraient pas en dehors de lui. Verra-t-on aussi, comme on le susurre, certains cercles civils ayant supporté la candidature de Blaise Compaoré se muer en véritables partis politiques pour continuer d’appuyer les programmes de leur parrain ?

Cette dernière question est d’autant plus intéressante que certains relèvent avec force que le président du Faso ne fait qu’entamer son premier quinquennat ; qu’il en a droit à deux, selon la Constitution. En attendant, les partis politiques vivront doublement la prochaine canicule...

A. Pazoté

Journal du jeudi

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