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Premier exécutif du quinquennat : Pourquoi et pour quels objectifs ?

Publié le jeudi 19 janvier 2006 à 08h38min

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P. Ernest Yonli et Blaise Compaoré

Le premier gouvernement du quinquennat de Blaise Compaoré est connu depuis une semaine déjà. Bien entendu, chaque analyste politique y va de ses analyses et commentaires. Lire derrière ce qui apparaît aux yeux des uns comme un immobilisme, un changement dans la continuité et des autres tel un partage du gâteau n’ayant pas eu lieu.

Le changement dans sa version révolution, tout chambouler pour marquer les esprits n’a de sens que si on répond préalablement à la question : pourquoi et pour quel objectif ? A défaut, on tombe dans la spéculation et le discours de cabaret.

Plus de quinze ans de gestion du pouvoir d’Etat aurait, nul ne peut croire le contraire, instruit Blaise Compaoré sur les choses de la vie politique et surtout sur les hommes en charge de son animation.

Désormais, il possède le recul nécessaire pour savoir que le changement doit s’appuyer en priorité sur l’objectif recherché.

C’est pourquoi, au lieu de sacrifier à un effet de mode ou de suivre les sirènes du vent, il a voulu avant tout tabler sa future action sur l’efficacité et le résultat dans l’immédiat. Son programme de "progrès continu pour une société d’espérance" ne vient pas du néant. C’est le résultat d’actions pensées à l’avance et prévues pour être mises en œuvre entre 2000 et 2010. Bien entendu, l’évolution du monde et les faiblesses du septennat passé l’ont conduit à revoir dans une certaine mesure certains aspects et d’y apporter les aménagements utiles.

Ni copinage...

Qui d’autres que ceux déjà en charge pouvaient impulser la dynamique voulue, cet impératif d’aller vite et bien à l’essentiel, en rapport avec la réalité que cinq ans n’est pas sept ans. Mettre sur la rampe de lancement. Ce programme suppose de tabler sur des Hommes d’expérience, qui n’ont pas besoin de cette période de tâtonnement pour prendre la mesure des dossiers. Blaise Compaoré n’a pas au round d’observation et les citoyens le lui ont fait savoir.

Ni complaisance...

La formation d’un exécutif ne peut et ne saurait être du domaine de la complaisance. Certains ont cru voir dans le gouvernement Yonli III "le monopole d’un petit groupe d’amis". C’est ignorer que le monde de la politique est d’abord une affaire de partis. Ce serait quand même extraordinaire de ne pas marquer son engagement politique et de croire qu’il peut échoir à un citoyen ordinaire un poste aussi stratégique que celui du ministre dans la vie d’une nation. Il n’y a que le Burkina pour le croire...

Si le parti CDP, majoritaire est un groupe d’amis, cela signifie que tous les partis de par le monde sont tels. Que va-t-on dire de l’administration Bush Junior, connue pour être composée d’abord de tous ses proches ?

La démocratie la plus achevée du monde fait la preuve que la loyauté et le dévouement sont au-dessus de la compétence, quand bien même au Burkina Faso la société civile a toujours été membre du gouvernement.

Avoir des résultats tangibles et palpables ne pouvait pas s’accommoder d’un bouleversement à cette entame de mandat. Autrement, considéré le changement tel qu’il s’est opéré a comme ambition de faire mieux.

D’où la création de nouveaux ministères dans les secteurs où l’attente est grande, tels le travail, l’emploi, l’habitat ou de ministères délégués telle l’agriculture, encore et toujours le moteur de notre développement.

...Encore moins partage d’un gâteau

L’interprétation des faits politiques conduit bien souvent à faire dans la dent dure. La crédibilité d’un commentateur se confond sous nos tropiques à son aptitude à malmener les politiciens et leurs milieux. Oui après chaque élection majeure, la dévolution des parcelles de pouvoir est assimilée à une invite au festin national. C’est peut-être dommage pour le monde des affaires publiques, mais c’est ainsi.

A eux de travailler à donner une image plus noble à leur passion. Car c’en est une que de consacrer sa vie et son temps au service des autres, pour leur mieux-être, leur bonheur. Immense tâche s’il en est. C’est pourquoi, réduire le récent gouvernement à un partage de gâteau entre CDPistes, ADF/RDistes et mouvanciers, voire quelques cadres sans couleur politique dévalorise l’engagement et la volonté de ces hommes.

Nul ne va se hasarder à dire que c’est facile ce rôle, en dépit des avantages qui vont avec. C’est pourquoi, le signal donné par Blaise Compaoré, en composant un tel gouvernement est de dire qu’il n’invite personne à un festin.

Si vraiment il s’était agi d’un gâteau, chacun aura eu une part. Mais comme le résultat et rien que lui constitue le maître-mot, il n’a appelé à la tâche que ceux à même de le produire ici et maintenant.

Dans deux ou trois ans peut-être que la donne sera tout autre et qu’une nouvelle équipe s’imposera.

En tous les cas, seul le critère de compétence et d’efficacité présidera encore les choix dans ce monde complexe où l’acquis d’un point de croissance exige des investissements continus des hommes en charge.

Enfin, à ce qu’on sache Blaise Compaoré a-t-il promis quelque chose à quelqu’un ? Lui a conscience qu’il sera jugé sur pièces et pas parce qu’il aura réuni sur son nom 80,35 % des suffrages.

Alors, il a été inspiré de ne point présenter l’exécution de son programme comme le partage des récompenses. Le pouvoir politique est un moyen et non un accomplissement personnel.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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