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2005 : Le sport burkinabè en demi teinte

Publié le jeudi 19 janvier 2006 à 07h44min

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Jérémie Ouédraogo, vainqueur du Tour du Faso 2005

Si le Burkina s’efforce de ne manquer aucun rendez-vous sportif majeur, il faut reconnaître que l’année 2005 aura laissé un goût d’inachevé surtout pour les acteurs hors des arènes de compétition. En effet, au regard des moyens déployés, des efforts consentis et des espoirs nourris, le bilan reste mitigé. Des satisfactions certes, mais d’énormes désillusions !

L’activité sportive est devenue un objet de prestige dans la vie des nations tout comme l’industrie, le commerce, etc. Les médailles, les coupes et même le simple bon classement dans une comptétition font le bonheur des populations qui s’identifient à leurs héros. Chaque fois qu’une année cède la place à une autre, on s’arrête pour regarder dans le rétroviseur afin d’évaluer la moisson. L’année 2005 aura été pour le Burkina Faso une année comme les autres, c’est-à-dire mi-figue mi-raison, avec des résultats probants et de grandes déceptions.

La page noire du football

Le sport le plus populaire au Burkina Faso et dans le monde a été la discipline la plus décevante sur la scène sportive. Les Etalons seniors autrefois éléments « masturbateurs » des esprits des fans ont disjoncté dans les éliminatoires combinées de la Coupe d’ Afrique des Nations qui débutent dans quelques jours en Egypte et de la Coupe du Monde qui se déroulera au début du second semestre de l’année en Allemagne.

Dans un groupe apparemment à leur portée compte tenu de leur présence, cinq éditions d’affilée, aux phases finales de la CAN, les Etalons se sont laissés surprendre le 26 mars 2005 au Stade du 4-Août par une modeste équipe du Cap Vert qui les a battus pour la deuxième fois barrant définitivement leur route. Les victoires éclatantes contre la RD Congo et l’Afrique du Sud ont été sans effet positif sauf peut-être à atténuer la douleur de l’élimination.

Cette absence du onze national à la phase finale de la grande compétition sportive du continent n’est pas une catastrophe, mais ce coup d’arrêt est un tournant. Si on le négocie bien, il peut constituer un nouveau départ porteur de lendemain de victoire. Mais le fait de suivre la CAN à la télé ne fouette pas les consciences, on est parti pour une longue hibernation avec les conséquences désastreuses qu’elle génèrera.

La contre-performance des aînés a été malheureusement imitée par les plus jeunes. Les Etalons juniors sont restés sur le carreau pour les phases finales de la CAN au Bénin. Face à une équipe nigériane future vainqueur de l’épreuve, les Burkinabè ont perdu beaucoup plus sur la réputation de l’adversaire que leur valeur réelle. Bien que battus sur les deux matchs par les Flying Eagles, les Etalons avec une meilleure prestation au Nigeria aurait pu changer le résultat final. Hélas ils ont les pieds « carrés » et le verdict a été celui que l’on sait. Heureusement, ils se sont rattrapés en fin d’année au Niger en remportant la médaille de bronze des 5èmes Jeux de la Francophonie. C’est d’ailleurs la lueur du football en 2005. Quelle disette !

Les Etalons cadets autrefois fleuron de la scène nationale n’ont rien pu faire en Gambie lors de la phase finale de la CAN. En l’absence de leur entraîneur fétiche Jacques YAMEOGO pour cause de maladie, l’enseignement de son adjoint Pihouri Wébonga n’a pas permis au moins de 17 ans de répéter leur exploit de 1999 en Guinée et de 2001 au Iles Seychelles où ils ont atteint la finale. Les clubs ont gardé la même gamme de l’apparition sporadique.

L’ASFA-Yennenga en Ligue des champions est tombée devant la modeste formation de l’Ajax cape Town d’Afrique du Sud aux tirs au but, tandis que l’AS fonctionnaires de Bobo après une victoire probante de trois (3) buts à zéro devant Al Ittihad de Libye à l’aller s’est effondrée quatre (4) buts à zéro au retour sur fond de signature controversée de partenariat avec son bourreau avant le match. Au niveau national, l’année 2005 a été marquée par une redistribution des cartes. Le RCK et l’USO sont devenus les clubs majeurs en remportant le championnat et la coupe du Faso.

Le cyclisme garde le cap

La petite reine burkinabè contrairement au football est dans le tempo d’une certaine réussite. Le Tour du Faso, sans doute la plus grande compétition cycliste du continent, s’est encore déroulé dans d’excellentes conditions d’organisation. Pour la première fois, ce sont 19 équipes au lieu de seize qui ont pris le départ pour parcourir 1 384 kilomètres à travers les villes et les campagnes du pays des Hommes intègres. Elles sont venues d’Afrique, d’Europe et d’Asie. Pour la deuxième année consécutive, un Burkinabè a été vainqueur de l’épreuve en l’occurrence Jérémie OUEDRAOGO. Il a succédé à Abdoul Wahab SAWADOGO porteur du maillot jaune de la 18ème édition.

Ces succès sont à mettre au crédit de la structure dirigeante du cyclisme qui a su se réorganiser pour trouver une bonne préparation pour les coureurs. Les échecs passés avouons-le étaient les corollaires d’une mauvaise mise en jambe avant la bataille du Tour du Faso. Sur le plan national la compétition était quasiment inexistante, pas plus de cinq courses par saison. C’était à l’approche du Tour que quelques présélectionnés étaient envoyés en Europe pour des stages souvent inadaptés à cause de la différence de climat.

La Fédération a corrigé cet aspect en organisant des compétitions sans récompense qui ont permis aux cyclistes de rester en jambes durant toute la saison. Les stages effectués en France et en Belgique ont constitué des bonus dans le maintien de la forme des coureurs et la conservation du maillot jaune par le Burkina Faso n’est que le couronnement de ces efforts.
Il faut cependant déplorer l’absence des Etalons dans les autres épreuves majeures du continent comme le Tour du Cameroun et celui du Sénégal. Il est temps que les Burkinabè sortent régulièrement sur la scène africaine et même internationale pour ne pas apparaître comme de simples héros à domicile.

Le manque de moyen toujours évoqué ne peut pas toujours convaincre. Il faut aller partout autant que possible pour montrer la valeur du cyclisme national. C’est comme ça que les plus grands feront attention à nos champions et songeront à les inviter pour la « Vuelta » en Espagne, le « Giro » en Italie où le « TOUR » de France dans l’Hexagone.

L’Athlétisme continue son progrès

La mère de toutes les disciplines a connu quelques satisfactions durant l’année 2005. En Tunisie, au championnat d’Afrique des juniors et aux Jeux de la Francophonie, le Burkina a glané quelques titres avec notamment Marinette HIEN au triple saut et Idrissa SANOU au 100 mètres. Tous ces résultats ont néanmoins besoin d’être confirmé dans des meetings majeurs et pourquoi pas aux Jeux Olympiques. Ils sont certes encourageants mais une euphorie peut produire un effet négatif sur le progrès des athlètes.

Il faut plutôt continuer à travailler malgré le manque de moyens manifeste dans la discipline. Il suffit de se rendre au Stade du 4-Août où s’entraînent la plupart des athlètes pour constater le dénuement. C’est ce manque d’argent dont a fait les frais le meeting de Ouagadougou qui n’a pas enregistré la participation d’athlètes de renom du continent alors que quelques jours auparavant, ceux-ci s’étaient produits à Dakar et Bamako.

Le premier Marathon intégration de l’Ouest africain (MIOA) couru en début décembre a été aussi un acte majeur de l’Athlétisme au Burkina. Il a été dominé par le contingent togolais qui a placé huit coureurs parmi les dix premiers. Charles NEBOAH, le premier Burkinabè, s’est classé troisième et Georges TASSEMBEDO neuvième. Les cinq premiers iront en France en avril pour participer au marathon de Paris.

Le MIOA a révélé que le marathon est une discipline très pratiquée dans notre pays. Il est donc à souhaiter que cette 1ère édition du MIOA soit porteuse d’espoir et ait suscité des passions pour la discipline. Ce ne sera qu’une juste fierté pour ses organisateurs dirigés par l’ancien ministre des Sports Réné Emile KABORE. Comme c’était une première ,nous osons espérer que la deuxième édition prévue pour la fin de l’année connaîtra plus de participants en quantité et surtout en qualité pour que le MIOA constitue un autre pôle de l’attraction sportive en Afrique.

Un frémissement pour la boxe

La boxe a connu une évolution positive durant l’année 2005. Autrefois champion de l’« inactivité sportive », le noble art, avec l’apparition des frères KABORE (Boniface « le python du Kadiogo » en moyen et Alexis « yoyo » en coq) s’est fait une nouvelle santé. Les galas organisés par Isaïe KABRE et Dolly production de Mme Dina DRABO ont redonné vie au ring de la Maison du peuple. Tous les pugilistes africains qui ont accepté de se présenter devant ces Burkinabè ont embrassé du tapis.

Ce qui est d’ailleurs intéressant chez Boniface et Alexis Kaboré, c’est qu’ils se font respecter même en dehors du pays. Leur sortie au Sénégal en milieu d’année a été une démonstration de puissance. Sous la houlette de Jean-Pierre MAHE, l’ex-entraîneur de Dramane NABALOUM, le Boum-Boum national, ils peuvent, à condition de garder le cap se frayer un chemin dans le milieu de la boxe et offrir une ceinture africaine, voire mondiale au Burkina.

Les autres disciplines notamment le Judo ont obtenu quelques lauriers surtout aux jeux de la Francophonie où les combatantes SIDIBE venue d’Orléans en France et Anatou OUELOGO du judo club de Dassasgho ont obtenu les médailles d’argent et de bronze respectivement dans les moins de 60 kilos et 48 kilos. Un autre point positif a été l’organisation par toutes les disciplines de leur championnat national. Ce qui n’a pas toujours été le cas.

Le feuilleton des supporters

Il n’y a pas de sport sans supporters. Seulement au Burkina, le fait de supporter est devenu presqu’un gagne-pain pour certains et les gens demandent à la limite à se faire payer pour accomplir leur devoir. Pour aller à la CAN 2004 en Tunisie, l’Etat a déboursé la somme de 100 millions de CFA pour le voyage des supporters.

Si la chose se faisait dans la sérénité, il n’y aurait rien à dire mais hélas les deux regroupements, le Comité de soutien aux Etalons et la Coordination avec à leur tête Noufou OUEDRAOGO et Mahamadi KOUANDA se regardent en chien de faïence. Comment des gens qui disent lutter pour la même cause ne peuvent-ils pas s’entendre ?

Plutôt que de travailler en synergie afin de créer l’harmonie et la sérénité nécessaires à l’installation d’un climat favorable à la réussite des athlètes, les deux structures évoluent en rivales et se combattent. L’initiative du ministre des Sports Jean-Pierre PALM de ne plus les financer devrait les amener à prendre des initiatives pour continuer à soutenir le sport si leur action n’est sous -tendue par aucune idée de profit comme ils ne cessent de le clamer.

Ainsi a vécu sportivement le Burkina durant les douze mois de l’année 2005. Pour 2006 les défis sont énormes et même si on ne peut pas dépasser les performances de l’année qui s’est achevée, il ne faut pas faire moins. C’est là le souhait de tous les Burkinabè.

L’Opinion

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