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Crise sécuritaire au Burkina : Quand les déplacés internes cohabitent avec la faim sur leur site de Pabré

Publié le mercredi 25 janvier 2023 à 22h15min

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Crise sécuritaire au Burkina : Quand les déplacés internes cohabitent avec la faim sur leur site de Pabré

La dégradation accrue de la situation sécuritaire au Burkina a fait fuir des milliers de personnes de leurs localités. Certaines ont trouvé refuge à Pabré, une commune rurale située à environ 20 km de la ville de Ouagadougou. Quelles sont les conditions de vie de ces personnes victimes du terrorisme ?

Le soleil est au zénith. Sur le site de déplacés "Bigtogo" de la ville de Pabré, des femmes pilent le mil à l’ombre d’un arbre. A proximité des femmes, sous un hangar, Moussa (nom d’emprunt), responsable du site, écoute les informations à la radio.
Ces personnes victimes du terrorisme, sont arrivées à Pabré la plupart en 2022. Avoir à manger est un casse-tête chinois pour ces personnes. « Pour avoir un seul repas par jour, c’est un véritable problème. Il n’y a pas de travail. Ce sont les femmes qui vont aider les maraîchers pour avoir 300 F ou 400 FCFA par jour. C’est avec cet argent qu’elles achètent ce qu’elles peuvent pour venir faire la cuisine pour leurs familles », explique le responsable du site.

Pour Moussa, les difficultés des déplacés sont énormes. « Si un des nôtres meurt, il est difficile d’avoir de la place pour l’enterrer. Nous n’avons pas de terre pour cultiver. Si nous gagnons des armes, nous allons repartir chez nous. Je préfère aller mourir chez moi que de mourir dans un endroit où il est difficile d’avoir de la place pour m’enterrer, ce sera compliqué », signifie-t-il.

Mamouna Wermi, originaire de Pobé Mengao, déplacée du site "Bigtogo"

Originaire de Pobé Mengao, Mamouna Wermi, s’est réfugiée également sur le site Bigtogo. Elle vit dans une hutte avec son fils et deux de ses petits-fils. Elle a perdu son mari en décembre 2022. A cause du veuvage, elle ne peut pas sortir pour aller chercher du travail comme les autres femmes.

« Mon mari est décédé cela fait 40 jours aujourd’hui. J’ai perdu ma fille l’année dernière quand nous étions encore chez nous. Je vis ici avec ses deux enfants. Mon fils sort tous les matins pour aller chercher du travail. Il y a des moments où il trouve du travail, il y a des moments où il n’en trouve pas. Ce matin mon fils a acheté du riz et c’est ce que j’ai cuisiné. Ce n’est pas beaucoup mais nous avons mangé un peu et nous avons gardé un peu pour ce soir. Le repas de demain est entre les mains de Dieu. Si mon fils gagne de l’argent on va manger, dans le cas contraire on ne va rien manger », a laissé entendre la veuve avec un regard triste.
Elle a relevé que pendant la saison hivernale, ses petits-enfants et elle dormaient dans la boue. « Quand il pleuvait la nuit, les enfants et moi restions débout jusqu’à ce que la pluie cesse. Après je balaie l’eau. J’étale la natte dans la boue et on se couche », confie madame Wermi.

Adjirata Sawadogo, déplacée du site willi

Après le site Bigtogo, nous prenons la direction du site Willi. A l’entrée de ce site, Adjirata Sawadogo est assise sous un arbre à même le sol, le regard dirigé vers l’ouest. Elle est en train de cogiter et notre bonsoir la fait sursauter. La mère de famille était en train de penser à ce qu’elle peut faire pour avoir de quoi préparer le dîner. Avant de répondre à nos questions, elle pousse un grand soupir. « Nous avons pu manger à midi. Mais je ne sais pas ce qu’on va manger ce soir parce que nous n’avons plus rien à manger », se soucie notre interlocutrice. Tout comme Mamouna Wermi, Adjirata Sawadogo dort dans une hutte avec son époux. Et c’est le calvaire pendant la saison hivernale.

Le site Katabtenga est à environ deux kilomètres du site Willi. Le site est doté d’une pompe. Mais à cause d’un problème de tuyaux, explique le responsable du site, Issouf Sawadogo, la pompe tombe fréquemment en panne, entraînant un sérieux problème d’eau sur le site. Il poursuit en disant que la nourriture est insuffisante. Les hommes dorment le plus souvent avec la faim pour permettre aux enfants et aux femmes de manger.

C’est la période de l’harmattan, une période où les enfants et les personnes du 3e âge sont beaucoup exposés aux risques de maladies. Malheureusement sur ces trois sites, beaucoup d’enfants et de personnes âgées n’ont pas de couvertures pour se protéger suffisamment.

Rama Diallo
Lefaso.net

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