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Transports : La SOTRACO continue de tanguer

Publié le mercredi 18 janvier 2006 à 07h41min

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Fin d’année, début d’année. C’est l’occasion de se présenter des vœux et/ou de se faire des cadeaux. Pour ses clients, SOTRACO ne s’est pas dérobée ; le cadeau du nouvel an, c’est une augmentation de 50% du prix du ticket. Une course coûte désormais 150F CFA, sur des bus à visites techniques et assurances périmées.

L’année 2005, 2ème année d’existence de la SOTRACO a été pénible. Il y a eu du flou sur toute la ligne.
Du flou sur les bus au point qu’on se perd sur le nombre de bus de la société.

Du flou sur le conseil d’administration. Pour une des rares fois , l’actionnaire majoritaire cède la direction à une personne qui vient en 11ème position sur la liste des actionnaires. La société TCV d’où est issue la directrice a contribué à hauteur de 1,5% au capital de la SOTRACO. Kilimandjaro l’actionnaire majoritaire est à 30%. Son poursuivant immédiat, la ville de Ouagadougou est à 15%.
Du flou sur la gestion du personnel. On a volontairement autorisé l’existence d’un bureau de chauffeurs et d’un délégué de personnel. Si le premier groupe avait droit à tous les égards, le délégué du personnel lui était la peste personnifiée.

Du flou dans la direction de la société :
Achat d’ordinateurs et de voiture BMW à des sommes faramineuses alors que les mécaniciens n’avaient qu’une seule caisse à outils.

D’autres sociétés se ravitaillent en carburant « moins chers » dans les soutes de la SOTRACO.
Du flou dans la confection et la vente des tickets du bus . Pourquoi SOTRACO n’est-elle pas à même de produire elle-même ses tickets ? Qui était derrière la société Gouda qui tourne (nait) autour des tickets ?

C’est dans ce flou flirtant avec l’impunité qu’intervinrent les accidents de la fin d’année. Un premier bus écrasa (23 décembre 2005 au matin) une femme sur sa mobylette P50 sur l’avenue naaba Ambga non loin de l’ex-Maison Faso Yaar. Un second bus dansa (le 23 décembre 2005 au soir) du tango au domicile du chef d’Etat major de la gendarmerie nationale. Quelques blessés.

La sécurité du client au second plan Après ces accidents, les documents des bus se sont retrouvés entre les mains de la police et de la gendarmerie.
Ce qu’on y lit est effarant. Si ce n’est pas la visite technique, c’est l’assurance qui est périmée et cela depuis le 3 octobre 2005.

Il y a là manifestement défaut de gouvernance. On ne peut pas utiliser l’argument du manque d’argent ; puisqu’au même moment on a engagé des dépenses de prestiges citées plus haut (achat de voiture de luxe, dix millions en ordinateurs de bureau) ; au même moment aussi les dépenses sur les festivités de fin d’année auraient avoisiné trois millions. A trois millions, ne pouvait-on pas assurer 7 à 8 bus.

Des ordinateurs de bord ont été installés dans certains bus pour contrôler la vitesse, les temps d’arrêt, etc. L’opération s’étendra sur les 39 bus en circulation dans les rues poussiéreuses de Ouagadougou. Or, d’après les maisons spécialisées dans les ventes de ces accessoires, l’unité coûterait environ 1 million de FCFA. On voit donc venir une dépense de 39 millions de FCFA, sur des bus à visite technique ou à assurance périmées. Or, avec la moitié de cette manne, tous les bus seraient assurés.
Entre la sécurité des clients et certaines dépenses, on voit où se trouvent les priorités ! ! ! Quid des chauffeurs ?

D’après le chef de l’Etat Major de la gendarmerie, le sort du chauffeur du bus qui « entré » chez lui « se trouve entre les mains de la société où il exerce. S’il est vrai que les 5 blessés peuvent porter plainte contre la SOTRACO cette dernière peut également décider de suspendre ou même de licencier le conducteur, si elle estime que son erreur est assez grave ».
Peut-on licencier un chauffeur dans les conditions de bus à assurance ou visite technique périmée ? Si on le licenciait que fera t-on à la société et à sa direction qui sont en porte à faux vis-à-vis des textes.

Le cadeau du nouvel an

Si la fin d’année 2005 a été difficile, le début de 2006 n’en est pas moins. Surtout pour le client. En guise de cadeau du nouvel an, le prix du ticket a été augmenté. Il passe de 100 francs à 150 francs. Ce nouveau prix tiendrait compte à ce qu’on dit de certains paramètres dont le coût du carburant. La société perdait 30 francs sur chaque passager transporté. D’où cette augmentation pour rattraper la perte 30 francs par passager transporté.

Toutefois on ne peut s’empêcher de penser qu’elle est inappropriée ; et cela parce qu’il n’y a apparemment aucune augmentation de la qualité de service. La preuve est que le client ne peut avoir le bus qu’après 45 minutes d’attente. Le bus ouagalais est devenu la référence si on veut être en retard au cours ou à son rendez-vous.
De plus l’augmentation n’a pas été bien préparée. Ce n’est pas avec un communiqué laconique qu’on fait ce genre de chose. D’où la grogne des étudiants non seulement à la SOTRACO mais aussi sur certaines lignes. Au lieu d’expliquer, toute de suite on a sorti le bâton pour imposer cette augmentation.

Dans tous les cas, force est de reconnaître qu’on ne fait pas des bénéfices avec une société de transport en commun. Dans les pays, ce mode de transport est un service dit d’utilité publique. C’est pourquoi, il y a des subventions conséquentes des Etats. En Côte D’Ivoire, cette subvention serait de 12 milliards ; au Sénégal, on parle de 5 milliards.

Au Burkina cette subvention n’est pas négligeable : exonération d’impôt par ci, faveur sur les pièces de rechange par là, peu de taxes sur le carburant, etc. Le Faso n’étant pas différent des autres pays, il faudra qu’on cherche les excédents ou des gains ailleurs que sur le prix du ticket. Si on est assez imaginatif pour laisser pomper le carburant subventionné de SOTRACO à des sociétés privées comme Kilimandjaro, on devrait l’être lorsqu’il s’agit d’augmenter la capacité de transporter plus de Ouagalais. Malheureusement à ce niveau aussi on est plus compétant pour retarder les livraisons de bus.

5 bus ou 62 millions encore dans le vent

Le 20 septembre 2005, madame la directrice de la SOTRACO confiait ceci à notre confrère Le Pays : « non, il n’y a pas de nouveaux bus ». 4 mois après soit le 7 janvier 2005, elle affirmait sur les ondes de la radio SAVANE FM que la SOTRACO disposait de 30 bus achetés par l’Etat burkinabé et 20 bus acquis par la société elle-même, sur fonds propre. Effectivement, après un séjour en France dont nous avons relaté les péripéties dans le BENDRE n° 360, Madame la directrice était sensée ramener 20 bus pour renforcer le parc de la société. C’était un marché de 250 millions de F CFA. Les premiers bus sont arrivés 6 mois après qu’on ait payé (cash dit-on ?). Où a-t-on fait l’avis d’appel d’offre ? Mystère. Qu’en est-il du bon de commande ? Mystère.

Le pire est à venir. A ce jour, seulement 14 sur les 20 bus sont à Ouagadougou. Le plus jeune a plus de 17 ans. Un 15e qui était semble t-il en panne à Lomé serait arrivé entre temps. Dans tous les cas, il manque au moins 5 bus ou environ 62 millions 500 milles F CFA. Où sont-ils ? Sinon où est la somme équivalente ?
Pourquoi Madame la directrice s’évertue tant à affirmer que sa société a acquis 20 bus ?

SOTRACO apparaît aux yeux de beaucoup comme une boite à sous-traitance. On pourrait toléré certaines ; mais aller jusqu’à confier la confection des tickets à autrui, il faut avouer qu’on n est pas loin de confier les clefs de sa maison à .... ! A moins que la direction ... A propos d’ailleurs de sous-traitance, il nous est revenu que SOTRACO verserait pour chacun des 111 receveurs la somme de 65 000 mille F CFA. Mais en fin de compte c’est 39 000 F CFA que chaque receveur percevrait. Que se passe t-il en réalité ? Pourquoi SOTRACO soustraite t-elle là où elle peut se passer de cette manière de travailler ? Qui gagne quoi ?

Qu’en est-il des lignes de bus ? Là aussi plein de problèmes. Les bus devaient selon le plan initial rouler sur un trentaine de lignes. A ce jour, c’est seulement 10 lignes qui marchent. Quatre lignes à savoir 11, 12, 13 et 8 devraient être en service si tous les vingt bus étaient là. Malheureusement il manque jusqu’à 5 bus. Faisons l’économie des descriptions sur l’état actuel des poteaux implantés à cet effet depuis deux ans. Retenons qu’on aurait engagé des dépenses pour rien.

Ouagadougou a connu la SOTRAO, puis X9. Ces deux sociétés sont entrées dans l’histoire par la petite porte. SOTRACO est la troisième expérience de transport en commun de la ville. Il faudrait que les uns et les autres jouent franc jeu, afin de ne pas donner raison à l’adage qui dit qu’il n’y a jamais deux sans trois.
2006, 3e année de SOTRACO, risque d’être une année fatale, à moins d’un signal fort.

Par Kiemyouré Sawadogo
Bendré

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2006 à 11:44, par burkindi En réponse à : > Transports : La SOTRACO continue de tanguer

    C’est triste, memes les choses les plus élémentaires on arrive pas à les gérer correctement car chacun veut bouffer coute que coute.

    "on abat l’arbre avant meme que les fruits soient mûrs..."

    Ce qui est pire et scandaleux dans tout ça c’est que l’état fait la sourde oreille car ils sont tous complices à quelque part.

    Naan Laara An Saara

  • Le 18 janvier 2006 à 16:02, par Alan En réponse à : > Transports : La SOTRACO continue de tanguer

    Que c’est triste !

    Le Burkina Faso est entrain véritablement de sombrer en perdant tous ceux qui pouvait faire sa fierté !

    La SOTRACO ne peut pas agir en toute impunité si l’Etat lui même n’est pas complice !

    Il faut qu’on arrête cette mani de voir le mal avant de l’arrêter. S’il est vrai que nous sommes dans un marché libéral, il ne faut pas oublier que pour l’heure la SOTRACO joue un rôle de monopole octroyé de fait par l’Etat.

    Ce dernier se doit donc de réguler les choses de la plus belle manière, de prendre ses responsabilités.

    Alors messieurs les dirigeants de mon cher FASO, prenez vos responsabilités !
    J’espère qu’ils me liront un jour !

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