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CDP/Bobo : Les explications de Thomas Sanou

Publié le lundi 16 janvier 2006 à 07h41min

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Le commissaire politique régional du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) des Hauts-Bassins, Thomas Sanou a rencontré le 14 janvier au siège de la campagne présidentielle à la zone 5 de Bobo-Dioulasso, les militants du parti.

Il s’est agi pour Thomas Sanou de donner à ses militants des explications sur les derniers événements qu’a vécus la ville de Sya suite à la désignation des candidats aux futures élections municipales de 2006.

Les militants du candidat du CDP sont venus des provinces du Tuy, du Kénédougou et des différents départements de la province du Houet. Ils se sont assis sous une tente dressée au siège de la campagne présidentielle. Se trouvaient assis en face d’eux et sous la même tente, Thomas Sanou commissaire politique régional, Salia Sanou secrétaire général du CDP/Houet, Moussa Ouattara directeur régional de la campagne présidentielle et bien d’autres responsables locaux du parti. A l’extérieur du siège, aucune force de l’ordre en tenue. C’est une des rares fois, souligne un participant à cette rencontre qu’une réunion du CDP se tient à Bobo sans les CRS.

Les échanges de Thomas Sanou avec les membres du parti ont débuté dans le calme. « J’ai voulu cette rencontre suite aux désignations des candidats aux élections municipales. Elles ont suscité beaucoup de commentaires, de commérages et aussi de mouvements. Il était bon, que nous nous situons par rapport à tout cela et que nous nous mettions en état de marche pour affronter la réalité qui vaille, c’est-à-dire les échéances à venir sans nous laisser aller à la diversion ». C’est par ces termes que le commissaire politique a introduit la rencontre. Plus d‘une heure durant, il a expliqué comment les désignations ont été effectuées le 4 décembre. Il a également dit à ses interlocuteurs pourquoi et comment certaines listes ont été reprises le 27 décembre notamment dans les secteurs 1, 3, 4, 8, 9, 13, 15, 21 et 24, où il y avait eu des litiges. M. Sanou a précisé que sa mission les 26 et 27 décembre à Bobo n’a pas été de reprendre systématiquement les listes, mais de rencontrer les différents collèges et aplanir les litiges pour avoir une liste consensuelle. Il faut noter que c’est le 27 décembre que les listes à problèmes ont été reprises sous surveillance policière. A en croire Thomas Sanou, les désignations ont été faites conformément à la directive du parti et dans la quiétude.

Les listes issues de la désignation du 27 décembre ont été acheminées le 30 décembre au bureau national du CDP qui les a entérinées, ce qui a amené certains militants à quitter le parti. Les défections au sein du CDP ne semblent pas surprendre les ténors de ce parti dans la région. Des signes selon eux ont été donnés à l’Ecole nationale de santé publique, puis à la Chambre de commerce, et enfin pendant la campagne présidentielle.

Le départ du clan de Koussoubé est pour les militants présents à la rencontre « un ouf de soulagement » à tel point que Thomas Sanou a laissé entendre que « c’est honteux et même humiliant pour un militant membre du bureau politique national et maire de démissionner parce qu’il n’a pas été retenu sur une liste ».

Cette remarque du commissaire politique va encourager certains militants à dénoncer l’attitude des démissionnaires surtout celle du maire Célestin Koussoubé. « Si pour un petit mandat local, on claque la porte, on ne croit en rien sinon qu’à soi-même », « le jet d’éponge est une source d’énergie pour notre parti dans le Houet », a-t-on dit notamment. Des jeunes alors demandent la démission de Célestin Koussoubé de la mairie centrale. Cette revendication s’adresse également aux maires d’arrondissement qui ont claqué la porte au CDP. Ces jeunes décident de faire partir surtout Célestin Koussoubé de la mairie si le parti ne s’exécute pas.

Thomas Sanou les appelle au calme : « ne prenez pas des initiatives qui peuvent nuire au parti », conseille-t-il avant d’inviter l’assistance à faire un ban aux anciens maires de Bobo et de Orodara qui en dépit des situations difficiles qu’ils ont connues demeurent dans le parti. Il s’agit de Alfred Sanou, Sylvain Sanou, Sayouba Guiro et Sériba Traoré (ancien maire de Orodara). Ils étaient présents tous à la rencontre. La réunion qui a drainé un nombre important de militants du CDP s’est achevée sans incident et dans le calme. Le commissaire politique régional des Hauts-Bassins du CDP a invité tous ceux qui ont pris part à la réunion à répercuter les « vraies informations » à leurs bases respectives. Il a souhaité que tout ce qui vient de se passer ne se reproduise plus à Bobo-Dioulasso.

Adaman DRABO


Thomas Sanou réagit

En marge de l’échange que le commissaire politique régional du CDP a eu avec les militants des Hauts-Bassins, nous avons profité poser certaines questions à Thomas Sanou. Ces questions sont relatives à la situation politique de son parti à Bobo-Dioulasso.

Sidwaya (S.) : Monsieur le commissaire, vous venez de rencontrer les militants du CDP. Quel message aviez-vous pour eux ?

Thomas Sanou (T.S.) : Nous avons apporté à nos militants un message de mobilisation et d’information juste parce que tout le monde est intéressé par ce qui se passe ici à Bobo-Dioulasso.

Il est tout à fait indiqué que le commissaire politique vienne donner l’information juste et le point de vue du parti, le CDP par rapport à la situation de Bobo-Dioulasso. Je crois que le message est passé. Les militants sont galvanisés et prêts à se déployer comme ils ont l’habitude de le faire.

S. : Certains militants ont démissionné de votre parti. Comment avez-vous accueilli cela ?

T.S. : C’est une nouvelle comme toute autre. La démission n’a surpris personne. Les germes existaient depuis un certain moment. Nous avons attiré l’attention de qui de droit là-dessus et nous savons que des contacts avaient été déjà pris avec certains partis politiques par certains militants qui, se sentant en mauvaise posture au niveau de la base, avaient plus ou moins préparé cette issue. Je crois que somme toute, c’est un fait banal comme tout autre.

S. : Comment expliquez-vous que les trois maires n’ont pas été retenus sur les listes de candidature. Les démissionnaires dénoncent l’irrégularité des opérations de désignation des candidats.

T.S. : Si les maires n’ont pas été retenus, ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question, mais à la base. Le parti a pour une fois responsabilisé totalement la base en lui demandant de choisir ses candidats. La base s’est prononcée. Nous n’avons fait que constater. Parlant de régularité, chacun a son appréciation là-dessus, selon qu’on a perdu ou gagné. Quand on perd, on crie qu’il y a irrégularité et que les directives n’ont pas été respectées. Sur 23 secteurs, 14 secteurs ont bien compris la directive et ont réussi à mettre en place leurs candidats par les désignations. Certains secteurs ont eu une interprétation sciemment différente des autres. S’il y a des problèmes, il faut les situer à un autre niveau et non au niveau de la direction du parti.

S. : Les démissionnaires dénoncent également « l’esprit clanique et ethniciste » qui aurait prévalu lors des désignations. Quel commentaire faites-vous de ces jugements ?

T.H. : Il est ressorti pendant les débats que parmi les quatre maires de Bobo-Dioulasso, le seul qui peut se prévaloir d’être un originaire de la province est le maire de l’arrondissement de Dafra. Appréciez-vous même. C’est un argument trop facile et fallacieux. S’il y a des gens qui veulent instaurer cet esprit, ils ne pourront jamais le faire pour la seule raison que la ville de Bobo-Dioulasso par son origine et son histoire est une ville cosmopolite qui a toujours su brasser tout le monde. Bobo-Dioulasso n’a jamais posé la question de savoir l’origine d’un maire. Je pars du principe qu’il y a des gens qui constituent eux-mêmes leurs propres problèmes. Il faut arriver à se faire accepter par la population et non accuser les autres. L’erreur ne vient toujours pas des autres. S’agissant des correspondances à nous adressées, le bureau national n’a pas eu le temps de répondre individuellement et par écrit à tous les plaignants. Nous gérons globalement les choses.

S. : On parle de 10 000 démissionnaires ce n’est pas négligeable, M. le commissaire politique !

T.S. : Nous avons reçu la lettre de démission de Célestin Koussoubé et deux lettres personnalisées, je crois de Sory Sanogo et de Maurice Bationo. Le reste c’est une lettre circulaire qu’on propose à la signature des gens. Je crois qu’il y a des monstruosités qui ne trompent pas. Vous connaissez le nombre de votants dans certains secteurs. Aucun comité de base, aucune sous section et aucune union n’a suivi les démissionnaires dans leur démarche. Alors d’où viennent les 10 000 démissionnaires ?

S. : Quelle a été la réaction du bureau politique national du CDP face à ces démissions ?

T.S. : Le CDP est un parti qui est grand. Le bureau politique national en réponse à leurs lettres de démission a pris acte. En démission, il va sans dire qu’ils s’excluent de tous les organes du parti. Les textes sont clairs et seront appliqués.

S. : Certains militants lors des échanges ont exigé le départ des maires des mairies. Allez-vous accéder à leurs requêtes ?

T.S. : Le Burkina Faso est un pays où les institutions républicaines fonctionnent normalement. Je pense que dans ces genres de situation, il faut laisser force à la loi. Le CDP est un parti structuré qui n’aime pas les improvisations. Il faut voir venir les choses avec sérénité.

S. : On affirme que vous avez claqué la porte lors d’une réunion du bureau national du CDP. Est-ce vrai ?

T.S. : Je ne ressemble pas à quelqu’un qui claque la porte. C’est quelque chose qui ne se fait pas à mon âge. Ceux qui me connaissent le savent. Les débats au niveau du CDP se font toujours dans une franche camaraderie. Il n’y a pas de place pour les coups d’éclat. C’est discourtois de claquer les portes. Vous pouvez avoir la preuve au plus haut niveau et avec les membres du bureau national. C’est de l’affabulation.

Propos recueillis par Adaman DRABO
Sidwaya

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