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Burkina : A Koubri, la pêche aide à lutter contre le chômage et à autonomiser la femme

Publié le mercredi 11 janvier 2023 à 22h55min

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Burkina : A Koubri, la pêche aide à lutter contre le chômage et à autonomiser la femme

Koubri, une commune rurale de la province du Kadiogo, région du Centre, abrite un barrage dans lequel plusieurs personnes pratiquent la pêche. La pêche et la vente de poisson dans cette zone du Burkina Faso, participent à lutter un tant soit peu contre le chômage.

Koubri se réveille dans le brouillard avec un vent frais. Sur le goudron principal de la ville, des klaxons se font entendre de partout. Au bord du barrage, impossible de voir loin à cause du brouillard. Mais on sent la présence des pêcheurs dans l’eau.

Autour de 7h-8h, des pêcheurs commencent à sortir de l’eau. Apparemment, la pêche du jour n’a pas été bonne. La plupart des pêcheurs n’ont pas eu grand-chose.

Casquette vissée sur la tête, tout de noir vêtu, Yacouba Ouédraogo, sort de l’eau avec quatre poissons silures. Selon le pêcheur, il va vendre ces silures à 2000. « Aujourd’hui je n’ai pas eu beaucoup de poissons. Mais il y a des jours où la pêche est bonne. Je peux avoir plusieurs kilogrammes. Je n’ai qu’un seul filet avec lequel je me débrouille. Il y a des moments où je rentre à la maison les mains vides. Néanmoins cette activité me permet de m’occuper de ma famille », explique notre interlocuteur.

Yacouba Ouédraogo

Il y a huit ans, monsieur Ouédraogo n’avait pas d’activités fixes. Grâce à la pêche, il a une activité qui lui permet de subvenir à ses besoins. Cependant, « par manque de moyens je travaille seul. Dans le domaine de la pêche, il faut avoir du matériel pour espérer être un grand pêcheur et avoir des gens avec qui travailler », estime le jeune homme.

Le pêcheur poursuit : « si les autorités forment et structurent bien le domaine de la pêche, beaucoup de jeunes vont s’y intéresser. Ici, nous faisons de la pêche artisanale et elle n’est pas rentable comme la pêche moderne. Donc beaucoup ne considèrent pas notre activité.

La vente de poisson, une activité d’autonomisation des femmes

Le poisson des pêcheurs est vendu au comptoir de la poissonnerie de Koubri. Certaines vendeuses du comptoir vont au barrage pour en acheter tandis que d’autres sont livrées par les pêcheurs. Devant « l’usine » de poissons de la ville, des vendeuses sont arrêtées, à l’affût de clients. Pour ces dernières, tout passant est un potentiel client.

Babita Kafando, une vendeuse de poisson depuis plus de trente ans maintenant, dispose d’une place au comptoir. Elle vend du poisson frais, fumé et frit. La mère de famille a des clientes presque partout dans les grandes villes du pays. Madame Kafando fait savoir que « pour mieux conserver le poisson fumé ou frit pendant longtemps, avant de fumer ou frire le poisson, il faut le mettre au soleil pendant quelque temps ».

Bibata Kafando, vendeuse de poisson au comptoir de Koubri

Pour notre interlocutrice, le commerce de poisson lui permet d’être autonome et de prendre en charge ses enfants. Pour pérenniser son activité, la mère de famille vend avec l’une de ses filles. Elle lui apprend le « secret » de la vente du poisson.

Mme Kafando demande aux autorités d’initier des formations à l’endroit des vendeuses pour leur apprendre comment mieux conserver le poisson. « Nous avons reçu des formations concernant le commerce du poisson. Mais cela ne suffit pas, nous voulons encore faire des formations pour toujours mieux apprendre tout ce qui entoure le commerce du poisson », souhaite la commerçante.

Aminata Kiemdé est une commençante détaillante vivant à Ouagadougou. Elle s’approvisionne au comptoir de Koubri. Madame Kiemdé ne vend que du poisson fumé. Selon elle, le comptoir de poisson de Koubri joue un rôle important dans la chaîne d’approvisionnement de la ville de Ouagadougou. « Une bonne partie du poisson que les gens consomment à Ouagadougou vient de Koubri », a laissé entendre la détaillante.

La jeune dame assure que le commerce de poisson contribue à l’autonomisation de plusieurs femmes. « Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école ni d’apprendre un métier. Je me suis levée un jour et j’ai commencé à vendre du poisson. Au début, c’était difficile mais aujourd’hui je ne peux pas gâter le nom de Dieu. Je paye la scolarité de mon enfant grâce à ce commerce », explique Aminata Kiemdé.

Elle invite l’Etat burkinabè à créer des écoles de pêche pour former les jeunes au métier. « Cela pourra contribuer à la lutte contre le chômage et le banditisme. Beaucoup volent parce qu’ils n’ont pas de travail », estime la commerçante.

Ramata Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 11 janvier 2023 à 13:45, par Renault HÉLIE En réponse à : Burkina : A Koubri, la pêche aide à lutter contre le chômage et à autonomiser la femme

    J’adore ces reportages sur les « vrais gens », ceux qui font quelque chose, qui produisent autre chose que des formulaires, des taxes et des « réunions poulet-brakina-dès 15h »...
    Ce sont eux l’essentiel de la richesse du Burkina, avec les artisans, les commerçants, les soignants, les camionneurs, etc.
    Les photocopieuses et les climatiseurs de bureaux « ça remplit pas ventre à mari, là-même »...
    Félicitations à Ramata DIALLO pour l’authenticité de ses reportages, JE SUIS FAN !

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