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Démission de Koussoubé : "Un fait banal" selon Thomas Sanou

Publié le lundi 16 janvier 2006 à 07h34min

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La crise au sein du CDP Houet, comme on le sait, a pris une autre dimension depuis la semaine dernière avec la démission du parti du maire de la commune, monsieur Célestin Koussoubé, ainsi que celles de Basile Pitroipa et de Souleymane Sanou, respectivement maires des arrondissements de Konsa et de Dafra.

Face à cette situation, le commissaire politique régional et son staff ont rencontré samedi au siège du parti les différents délégués des départements et des secteurs de la ville. Et c’est devant une foule immense que Thomas Sanou fera le point de la situation avant d’inviter ses militants à resserrer les rangs et à demeurer vigilants. C’était du reste la quintessence de cette assemblée générale à l’issue de laquelle une interview nous a été accordée.

Comment avez-vous accueilli la nouvelle de la démission du maire de la commune de Bobo ?

• Comme tout autre dans la mesure où cela n’a surpris personne. Alors je pense que là-dessus il n’y a pas eu de motion. Est-ce à dire que vous vous attendiez à cela ? _• Absolument. Parce que si vous avez bien suivi les débats au cours de cette assemblée, nous avons dit que les germes étaient dans le fruit depuis un certain moment et nous n’avons cessé d’attirer l’attention de qui de droit là-dessus. Nous savions de toutes façons que les contacts étaient pris avec des partis politiques ; ces démissionnaires savaient qu’ils allaient partir parce que se sentant en mauvaise posture au niveau de la base. Ils avaient plus ou moins préparé cette issue.

Ces démissions font suite au renouvellement des structures de base. Comment expliquez -vous le fait que les trois maires n’aient pas été retenus sur les listes ?

C’est plutôt à la base qu’il faut poser cette question. Le parti, pour une fois, a responsabilisé totalement les militants de base en leur donnant toute la latitude pour choisir leurs candidats. A ce niveau nous disons que les choix ont été impitoyables parce que sans complaisance. La base s’est prononcée et nous n’avons fait que constater et voir effectivement la régularité du processus de désignation. Et parlant de régularité, chacun à son appréciation selon qu’on soit retenu ou pas. Lorsqu’on ne figure pas sur la liste, on considère effectivement que les directives n’ont pas été respectées.

Sur 23 secteurs, il y a quatorze qui ont bien compris la directive et qui ont réussi à effectuer leur désignation. alors que dans trois autres (NDLR : Il s’agit principalement des secteurs 9, 14, 20 où résident les maires démissionnaires), l’interprétation a voulu être sciemment différente, je crois qu’il y a problème. Et le problème se situe à un autre niveau et pas au niveau de la direction.

Les problèmes étaient bien réels avec ces correspondances que les démissionnaires affirment vous avoir adressées et qui sont restées sans suite. Les raisons à ça ?

• Pouvez-vous imaginer un peu sur l’ensemble du Burkina, le nombre de correspondances qui parviennent au niveau de la direction du parti. Nous faisons la part des choses. Celles qui comportent un objet et qui en valent la peine, on les examine. En ce qui concerne les incompréhensions liées au renouvellement des structures de base à Bobo, on s’est rendu compte qu’il y avait effectivement 9 secteurs sur les 23 où il y avait des problèmes. El c’est ce qui a valu ma mission du 26 et du 27 décembre à Bobo.

Lorsque ceux qui n’ont pas été désignés disent qu’on n’a pas pris en compte l’union des jeunes ou l’union des femmes alors qu’on se rend compte que ces unions ont été mises en place la veille, le bureau politique national n’a vraiment pas le temps de répondre individuellement et par écrit à tous les plaignants. Nous jugeons globalement les situations.

Justement, qu’elle a été la réaction du BPN face à ces démissions ?

• Le CDP est un grand parti. On y vient quand on veut et on en part quand on veut. Le bureau politique, par correspondance en réponse donc à leur lettre, a pris acte de leur démission. Un point un trait.

Selon les démissionnaires, ils ont été suivis par quelque dix mille militants. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?

• Appréciez vous-même. Allez sur le terrain pour comprendre qu’il n’y a rien. Il y a des monstruosités qui ne trompent personne. Vous connaissez cette ville, vous connaissez les gens, les arrondissements et même le nombre de votants par arrondissement. Renseignez-vous auprès des militants et vous comprendrez que le CDP se porte bien et même très bien maintenant dans cette région.

Quand quelqu’un avance un tel chiffre sans qu’aucune structure organisée du parti ne l’ait suivi, vous comprendrez quelque part que c’est de l’imposture. A notre niveau, nous n’avons pas enregistré un comité de base, une sous-section ou une union qui ait suivi les démissionnaires dans leur démarche ; alors d’où viennent Ies dix mille militants ? Pour preuve, tous les délégués ont répondu présent à cette assemblée générale, vous étiez là et vous avez tout suivi. Et comme vous l’avez remarqué, nous étions complètement débordés et nous n’avons pas eu de place pour tout le monde.

A combien évaluez-vous alors le nombre de lettres de démission que vous avez reçues ?

• Nous avons officiellement reçu deux lettres personnalisées dont celle du maire Koussoubé que vous avez publiée et celle d’un certain Sory. Le reste c’est une lettre circulaire qu’on propose à la signature de gens moyennant souvent quelque chose.

On vous accuse d’avoir un esprit clanique et d’être ethniciste. Qu’en dites-vous ?

• Au cours des débats, quelqu’un a tait une remarque très pertinente. Il a dit que sur quatre maires à Bobo, il n’y a qu’un seul originaire de la province, le maire de Dafra. Est-ce qu’avec ça, on peut parler d’ethniciste ou d’esprit clanique ? C’est un argument fallacieux et trop facile. Même s’il y a des gens qui veulent instaurer cet esprit à Bobo, ils ne pourront jamais le faire pour la simple raison que Bobo est une ville cosmopolite. Bobo ne s’est jamais posé la question de savoir d’où venait tel ou tel maire. Depuis Djibril Vinama en passant par Dominique Kaboré et autres qui ont fait un travail remarquable dans cette ville.

Je crois qu’il y a des gens qui constituent en eux-mêmes leur problème. Il faut qu’ils arrivent d’abord à se faire accepter par la population au lieu d’accuser les autres. Quand on est aux affaires, on ne parle pas d’ethnicisme. Il suffit seulement qu’un Millogo, un Coulibaly ou un Ouattara né à Bobo ambitionne de briguer un poste de responsabilité, pour qu’on parle d’ethnicisme. Si je comprends bien, à chaque fois qu’un natif de Bobo veut être maire, c’est de l’ethnicisme.

Quel était le message à cette assemblée ?

• C’était une simple rencontre d’information et de mobilisation. Il était juste que le commissaire politique régional, que je suis, vienne effectivement apporter l’information et donner le point de vue du parti par rapport à la situation. Je repars donc heureux et très satisfait de voir nos militants toujours mobilisés et galvanisés. Nous avons des camarades qui sont partis, la lutte continue au sein du parti. Je peux vous assurer que le CDP se porte à merveille dans le Houet et nous n’avons pas besoin de tapage pour vous le prouver.

Nous avons pu lire dans les journaux que vous avez claqué la porte au cours d’une rencontre du BPN. Dites-nous pourquoi.

C’est de l’affabulation. les débats au niveau du CDP se font dans une certaine camaraderie. Il n’y a pas de place pour les coups d’éclat. Lorsqu’on est battu démocratiquement dans les débats, on s’asseoit et c’est tout. A mon âge, je ne peux pas me permettre de claquer la porte. Peut-être qu’à l’issue de la dernière rencontre, je suis sorti avec une mine serrée et cela a suffi à certains pour faire circuler une telle rumeur. Il n’a jamais été question pour moi de claquer la porte. Cela n’est jamais arrivé et cela n’arrivera jamais.

Propos recueillis par Jonas Appolinaire Kaboré
Observateur Paalga

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