Effondrement à l’aéroport de Donsin : « Ce n’est que l’illustration parfaite d’un projet mal conduit », décrit Ahmed Lamizana
Une dalle d’un bâtiment en construction s’est effondrée dans l’après-midi du 30 décembre 2022 sur des ouvriers sur le site de construction de l’aéroport international Ouagadougou-Donsin. Une semaine plus tard, la rédaction de Lefaso.net a échangé avec le secrétaire général du Syndicat unique de la météorologie et de l’aviation civile et assimilés (SUMAC), Ahmed Lamizana.
Sept personnes retrouvées mortes et six autres blessées suite à l’effondrement d’une dalle en construction sur le chantier de l’aéroport international Ouagadougou-Donsin. C’est le bilan officiel du drame survenu le 30 décembre 2022.
Au nom du collectif des syndicats de l’aéronautique, le secrétaire général du Syndicat unique de la météorologie et de l’aviation civile et assimilés (SUMAC), Ahmed Lamizana, a tenu d’abord à compatir avec les victimes et leurs proches. Cependant, il donne l’analyse de la situation. « Ce n’est que l’illustration parfaite d’un projet qui est mal conduit », décrit-il. Et d’ajouter : « Voilà un projet qui dure depuis plus de dix ans. Quand c’est comme ça, cela veut dire que le projet à l’interne même, a véritablement des problèmes ».
Le porte-parole du collectif des syndicats de l’aéronautique pointe du doigt la corruption dans cette affaire. « Au niveau du collectif des syndicats, nous nous posons la question véritablement de savoir s’il n’y a pas d’odeurs nauséabondes de corruption dans cette affaire. Nous avons des raisons de douter de la qualité des infrastructures qui vont être livrées à la fin du projet, avec ce qui vient de se passer », confie-t-il.
- Ahmed Lamizana souhaite que les nouvelles autorités mettent l’accent sur les intérêts nationaux, dans cette convention.
« C’est bien mais ce n’est pas arrivé »
Cinq jours après ce drame, le chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, a annoncé que les conventions régissant l’aéroport de Donsin seront suspendues et les textes relus. Une nouvelle bien accueillie du côté du SUMAC. « Cette décision, nous l’apprécions à sa juste valeur. Nous saluons le courage du chef de l’Etat et aussi son patriotisme. Ce sont des intérêts français qui sont là. Pour décider de la suspension de cette convention, il faut quand même un certain courage », affirme Ahmed Lamizana.
Toutefois, il n’est pas rassuré définitivement. « Mais pour nous, comme on le dit, c’est bien mais ce n’est pas arrivé. Il faut aller au-delà parce qu’il faut tout simplement annuler la convention qui comporte beaucoup d’impairs. Il serait mieux pour le peuple burkinabè d’annuler pour préserver ses intérêts que de partir avec cette convention », pense le syndicaliste.
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Des propositions
Au-delà des doutes et critiques, le collectif des syndicats de l’aéronautique se dit prêt à partager avec les décideurs ses pistes de solutions. « Nous pensons que des options alternatives existent, pour peu qu’on consulte les personnes compétentes du domaine. Nous sommes convaincus que des solutions existent. Nous avons déjà réfléchi à ces solutions alternatives et nous sommes prêts à faire ces propositions si toutefois nous sommes interpellés », indique le porte-parole.
Il faut signaler qu’en octobre 2021, le Burkina Faso a signé une concession de 30 ans avec le groupe français Meridiam, pour la conception, la construction, le financement, l’exploitation et la maintenance de cet aéroport, situé à 35 kilomètres de Ouagadougou. En ce moment, le SUMAC avait rejeté cette convention.
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 6 janvier 2023 à 18:53, par Kidrh En réponse à : Effondrement à l’aéroport de Donsin : « Ce n’est que l’illustration parfaite d’un projet mal conduit », décrit Ahmed Lamizana
Au Faso d’hier et d’aujourd’hui "Projet" a toujours été synonyme de possibilités l’enrichissement. On se bouscule au portillon pour en être directeur, les décideurs y nomment leurs protégés même quand il n’ont pas le profil ou l’expérience nécessaire.
pour les biens et services les responsables engagent des entreprises qui n’ont pas les qualifications nécessaires.
2. Le 7 janvier 2023 à 01:36, par Banana Republic En réponse à : Effondrement à l’aéroport de Donsin : « Ce n’est que l’illustration parfaite d’un projet mal conduit », décrit Ahmed Lamizana
Ce syndicaliste corporatiste et imbu de son corps de métier se croit sur une autre planète
Le Burkina Faso aujourd’hui n’a pas les moyens de construire sur le budget de l’État un nouvel aéroport. Qu’il me cite combien de pays dans notre zone qui en a les moyens.
J’ai été très déçu de ses déclarations sur les médias ces derniers jours, qui proclament qu’il n’y a pas de transport aérien sans ANAC, c’est triste et mal à propos pour les autres acteurs. ANAC n’a pas inventé la roue....il y a beaucoup de pays avec où il y a une autorité de l’aviation civile mais pas d’avion....donc un peu de retenue....
3. Le 7 janvier 2023 à 08:34, par inconitos En réponse à : Effondrement à l’aéroport de Donsin : « Ce n’est que l’illustration parfaite d’un projet mal conduit », décrit Ahmed Lamizana
Certaines sources internes du projet disent que les infrastructures sont construits avec les avant projets détaillé (APD) ce qui ne permet pas de réellement constuire des infrastructures durable. Ces même sources signalent des malversations financières comises par l’ancien DG et passé sous silence lors de sa démission. Un audit interne depuis le début du projet doit être mené pour situer clairement les responsabilités.
4. Le 7 janvier 2023 à 09:59, par kwiliga En réponse à : Effondrement à l’aéroport de Donsin : « Ce n’est que l’illustration parfaite d’un projet mal conduit », décrit Ahmed Lamizana
"Nous pensons que des options alternatives existent, pour peu qu’on consulte les personnes compétentes".
Une bien belle phrase, qui doit pouvoir s’adapter à de nombreux domaines.
Il est toutefois regrettable qu’elle se termine généralement par :
"il y a des solutions, mais on ne va pas les dire ici" ou "nous on l’avait dit, mais personne ne nous a écouté",...
Sinon "il faut tout simplement annuler la convention...", ben, on n’est pas sorti des tribunaux et ça va nous couter une petite fortune. En matière d’argent, le martiniquais sait se montrer tenace.
Le 8 janvier 2023 à 22:45, par Renault HÉLIE En réponse à : Effondrement à l’aéroport de Donsin : « Ce n’est que l’illustration parfaite d’un projet mal conduit », décrit Ahmed Lamizana
@Kwiliga
Tovarichtch Kwiliga, je suis ébouriffé de voir tant d’internautes burkinabè qui oublient qu’il y a au Burkina Faso des tribunaux, des experts et des assureurs, et depuis 62 ans.
5. Le 7 janvier 2023 à 14:36, par Los En réponse à : Effondrement à l’aéroport de Donsin : « Ce n’est que l’illustration parfaite d’un projet mal conduit », décrit Ahmed Lamizana
Mon Capitaine, cette fois ci, il faut que des têtes tombent car trop de mort par la faute d’autres burkinabè qui pourtant sont grassement payés pour nous produire des ouvrages qui doivent résister au temps. Trop c’est trop mon Capitaine sévi avec toute la rigueur n’ent’ déplaise aux voleurs et autres. La patrie ou la mort, nous vaincrons !
6. Le 11 janvier 2023 à 15:12, par Le Goupil33 En réponse à : Effondrement à l’aéroport de Donsin : « Ce n’est que l’illustration parfaite d’un projet mal conduit », décrit Ahmed Lamizana
Encore une réaction effarante.
Sur quelles bases ce syndicaliste dit il que le projet est mal conduit ? Un accident peut arriver. Il s’en est d’ailleurs produit un à l’aéroport de Roissy Charles de Gaule il y a quelques année. L’effondrement du terminal 2E avait fait quatre morts et sept blessés le 23 mai 2004. Les trois sous-traitants du gestionnaire de l’aéroport ont aussi été condamnés à des amendes.
Car l ’exécutif burkinabè et un consortium composé de Meridiam et Aéroport de Marseille Provence (AMP) ont conclu un accord sur le futur aéroport international de Ouagadougou-Donsin en OCtobre 2021. Entre temps les acteurs privés français ont mobilisé les 220 millions d’euros nécessaires au financement du projet. Une convention tripartite (État, syndicat, consortium) était prévue pour régler le transfert des agents de l’actuel aéroport de Ouagadougou au nouvel aéroport de Donsin. Au plan technique des études béton ont été faites par la Sogea-Satom (filiale de Vinci) en partenariat de recherches avec l’université 2IE de Ouagadougou.
Alors cet accident il faut l’expliquer. Mais il est tellement plus simple par les temps qui courent : "Attention ce sont des intérêts français", ce qui est faux. Vous n’avez qu’à voir qui sont les investisseurs.