Cette rencontre a regroupé des personnalités du monde de la culture et du savoir dont l’administrateur du Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO), Martin Zongo, et l’écrivain et dramaturge Jean Hubert Bazié. En initiant une telle activité, le Groupe d’expertise et de normalisation endogène des symboles, initiatives et savoirs (Genesis) poursuit un objectif bien défini : permettre aux chercheurs d’apporter leur contribution dans la lutte contre la radicalisation, la stigmatisation et l’extrémisme violent. Notamment en traçant les monographies ethnoculturelles mais aussi en élaborant ce qui est convenu d’appeler l’encyclopédie de l’endogène, selon le secrétaire exécutif du Genesis, Dr Dramane Konaté.

Le secrétaire exécutif du Genesis, Dr Dramane Konaté

Le choix de l’encyclopédie endogène, à l’en croire, n’est pas fortuit : « Vous avez dû entendre ces derniers temps parler beaucoup d’endogène. Mais les gens ne définissent pas l’endogène en tant que tel. Donc, nous irons dans le sens de l’endoculture c’est-à-dire nos valeurs endoculturelles pour voir dans quelle mesure avec la soixantaine d’ethnies qu’il y a au Burkina Faso, on pourrait tracer leurs monographies dans le sens de mener des recherches avec ces chercheurs indépendants pour trouver leurs origines véritables, pour parler des terres ancestrales. Mais également pour essayer de découvrir leur spiritualité, leurs religions, leurs modes de vie communautaire, les liens intra et intercommunautaires et tout ce que ces ethnies ont pu développer comme savoir, savoir-être et savoir-faire endogène notamment dans le domaine, par exemple de la métallurgie », a-t-il ajouté.

Vue des participants

De façon pragmatique, cela va se dérouler en quatre phases. Tout d’abord, le caucus scientifique et technique va non seulement se pencher sur les éléments structurants des monographies ethnoculturelles et de l’encyclopédie endogène du Burkina Faso mais aussi procéder à leur validation. C’est ce qui réunit ce 27 décembre 2022 à Ouagadougou les participants.

Après cela, la prochaine étape consistera à former les formateurs à la collecte des données monographiques et de savoirs endogènes ainsi que la vulgarisation des fiches de collectes. La troisième étape, quant à elle, sera consacrée à la collecte des données auprès des doyens notamment des patriarches ou des matriarches identifiés au sein des communautés. « C’est vrai que beaucoup sont déjà partis. Paix à leurs âmes. Mais nous comptons sur cette chaîne de transmission en matière de tradition orale, c’est-à-dire de père en fils de mère en fille, pour récolter un certain nombre de données. Cela nous permettra d’écrire leur monographie ethnoculturelle », a-t-il notifié, tout en rappelant qu’en 2019, on avait dit que le Burkina Faso n’a pas su écrire son histoire et qu’il fallait commencer à l’écrire.

« Avec les collègues universitaires et chercheurs, quand on doit citer une source, on se rend compte que la source, c’est l’extérieur parce que les textes sont écrits par le colonisateur », se désole Dr Konaté. En précisant qu’à l’issue de la collecte des données, il est prévu l’organisation d’un atelier national de validation du cadre référentiel des monographies ethnoculturelles et de l’encyclopédie endogène du Burkina Faso. D’éminentes personnalités formant le collège des sages sont annoncées à cette tribune. Il s’agit notamment de Mélégué Maurice Traoré, Monseigneur Anselme Sanon, Me Titinga Pacéré, Mahamoudou Ouédraogo et Baba Hama.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net