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Gestion des conflits intercommunautaires au Burkina Faso : L’ONAPREGECC affûte ses armes

Publié le mardi 20 décembre 2022 à 23h00min

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Gestion des conflits intercommunautaires au Burkina Faso : L’ONAPREGECC affûte ses armes

L’Observatoire national de prévention et de gestion des conflits communautaires (ONAPREGECC), avec l’appui technique et financier du Programme des nations unies pour le développement (PNUD), a organisé sa session statutaire ordinaire de l’année 2022 ce mardi 20 décembre 2022 à Ouagadougou. Une session présidée par le ministre de la justice, des droits humains, chargée des relations avec les institutions, garde des sceaux, Bibata Nébié / Ouédraogo, et en présence de la représentante résidente du PNUD au Burkina Faso, Dr Elsie Laurence-Chounoune et du lieutenant-colonel Fabien Sorgho, gouverneur de la région du Sahel, vice-président de l’ONAPREGECC.

La cohabitation pacifique entre les différentes communautés vivant au Burkina Faso est mise à rude épreuve par l’apparition de nouveaux faits marquants à savoir le terrorisme et son corolaire de violence généralisée. Une situation qui crée des tensions communautaires notamment entre orpailleurs, entre populations et sociétés minières, entre agriculteurs et éleveurs, selon les explications de la ministre de la justice.

Elle soutient que l’expansion du terrorisme résulte, au-delà des problèmes de développement dans les zones en proie à ce fléau, des tensions intercommunautaires qui sapent les fondements du vivre-ensemble et fragilisent la cohésion sociale, à travers la culture de la haine entre les communautés. « Ces tensions intercommunautaires, de plus en plus violentes, sont des occasions de graves violations de droits fondamentaux de la personne humaine, tels que le droit à l’intégrité physique et morale, le droit à l’alimentation, la liberté d’aller et de venir, le droit à la vie, etc. Elles entravent également la stabilisation communautaire, la paix et la cohésion sociale dans les régions touchées », explique-t-elle.

Bibata Nébié/ Ouédraogo, ministre de la justice et des droits humains

A titre illustratif, on note la tension communautaire entre les partisans des deux chefs de Piela (Province de la Gnagna, région de l’Est) en date du 8 février 2022 qui s’est soldée par six morts et de nombreux blessés ; le conflit entre les populations et la société minière Houndé Gold Operation qui s’est soldé par deux décès et des dégâts matériels importants pour la société minière et ses employés le 17 mai 2022 ; le conflit minier dans la province du Noumbiel en novembre 2022 entre la société Centamin et orpailleurs ayant fait un mort, des blessés et des dégâts matériels importants, etc.

C’est dans l’optique d’assurer une prise en charge holistique des conflits communautaires que l’Observatoire national de prévention et de gestion des conflits communautaires au Burkina Faso a été mis sur pied. Le conseil national de l’ONAPREGECC tient sa rencontre annuelle pour mener des réflexions afin de réussir sa mission de veille, d’alerte précoce, d’intermédiation, de prévention et de gestion intégrée des conflits communautaires.

Lieutenant-colonel Fabien Sorgho, gouverneur de la région du Sahel, vice-président de l’ONAPREGECC.

L’objectif de cette présente session, est de faire le bilan de fonctionnement de l’ONAPREGECC et dégager des perspectives pour optimiser la contribution de l’observatoire dans la préservation de la cohésion sociale et la consolidation de la paix au Burkina Faso. Elle permettra d’évaluer la situation des conflits communautaires par région et de dresser le bilan de la mise en œuvre des recommandations formulées lors de la dernière session, selon la ministre de la justice. Cette revue annuelle servira également de cadre pour définir les orientations et prendre les décisions pour le bon fonctionnement des démembrements de l’ONAPREGECC.

Les participants à cette session annuelle de l’ONAPREGECC

Tout en remerciant les partenaires techniques et financiers notamment le PNUD pour l’accompagnement, Bibata Nébié/ Ouédraogo invite l’ensemble des acteurs publics comme privés à s’engager dans la promotion du dialogue et des autres modes endogènes de prévention et de gestion desdits conflits afin d’alléger les souffrances des victimes des attaques terroristes et des conflits communautaires.

Le PNUD, par la voix de sa première responsable au Burkina Faso, s’engage à accompagner davantage l’ONAPREGECC afin de consolider la paix et raffermir la cohésion sociale. Un accompagnement qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme Cohésion sociale, sécurité et Etat de droit (CoSED). « Je voudrais réaffirmer l’engagement du PNUD à continuer à consolider les acquis avec l’ONAPREGECC aux fins d’asseoir une infrastructure nationale de paix efficace dans la prévention et la gestion pacifique des conflits communautaires qui nourrit la réconciliation nationale et la cohésion sociale », a-t-elle déclaré.
Les deux personnalités ont aussi plaidé pour l’accentuation de l’inclusivité afin d’assurer une meilleure représentation des femmes et des jeunes au sein des démembrements de l’ONAPREGECC.

Dr Elsie Laurence-Chounoune, représentante résidente du PNUD au Burkina Faso

En rappel, l’Observatoire national de prévention et de gestion des conflits communautaires a été mis en place par le décret n° 2015-1645/PRES/TRANS/PM/MJDHPC/MATD/MEF du 28 décembre 2015. Sa mise en place répond au souci du gouvernement burkinabè de mutualiser les efforts des acteurs publics et privés en vue d’une gestion structurelle des conflits communautaires.

Mamadou ZONGO
Lefaso.net

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