Pour garantir le droit à la santé pour tous, le Burkina Faso a pris des initiatives pour aller vers la Couverture santé universelle (CSU). On note ainsi l’adoption de la loi portant régime d’assurance maladie universelle, la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, la mise en place de la Caisse nationale d’assurance maladie universelle (CNAMU), la réalisation d’infrastructures sanitaires, etc. Malgré ces efforts, à en croire Dr Niessan Christian Lamy, chargé des projets nationaux au Réseau accès aux médicaments essentiels (RAME), de nombreux goulots d’étranglement freinent la marche du Burkina Faso vers l’atteinte de la couverture santé universelle.

Il s’agit notamment des difficultés dans la mobilisation des ressources, la gestion rationnelle des ressources mobilisées et la gouvernance globale des systèmes. « Dans ce contexte, pour avoir la CSU, il est important, sinon indispensable d’avoir un engagement au plus haut niveau des autorités de l’Etat et surtout une implication des communautés à la base, des populations des villes et des campagnes », a laissé entendre Dr Lamy.

Dr Christian Lamy interpelle les autorités, mais également les populations à se mobiliser en faveur de la couverture santé universelle

C’est pourquoi le RAME dont la mission est d’influencer les politiques publiques pour des soins de santé de qualité pour tous a décidé de lancer le mouvement social en faveur de la CSU au Burkina Faso, comme cela s’est fait dans de nombreux pays. Pour ce faire, le réseau a débuté des actions d’articulation/co-construction de valeurs partagées et de formation sur la CSU afin de susciter davantage d’adhésion et d’engagement des communautés en faveur de la santé.

Il a ainsi commandité une étude d’analyse des goulots d’étranglement entravant la mise en œuvre efficace de la couverture santé universelle, organisé une formation des leaders des organisations de la société civile, des communautés religieuses et coutumières et des activistes en faveur du mouvement vers la CSU, produit des documents de communication sur la mobilisation sociale en faveur de la CSU, élaboré des lexiques en plusieurs langues locales pour faciliter le message de mobilisation sociale en faveur de la CSU, etc.

Le RAME a aussi mis en place des cellules citoyennes de veille sanitaire dans les grandes villes du Burkina Faso et, en collaboration avec des faîtières de la société civile, il a mis en place en février 2020, la plateforme Démocratie sanitaire et implication citoyenne (DES-CI) qui mobilise les organisations communautaires autour des thématiques de suivi de la gouvernance, suivi budgétaire et le suivi d’accès aux soins.

Les journalistes ont pris connaissance des actions menées par le RAME pour l’atteinte de la couverture santé universelle au Burkina Faso

La présente conférence de presse, qui se tient dans le cadre de la commémoration de la journée internationale pour l’atteinte de la couverture santé universelle, se veut donc l’occasion d’interpeller une fois de plus le gouvernement, les autorités sanitaires, mais surtout les populations à plus d’engagement dans la marche pour la couverture santé universelle initiée par le pays. « Nous pouvons dire que des efforts sont consentis à plusieurs niveaux surtout au niveau du gouvernement du Burkina Faso.

Mais il est plus que nécessaire que la composante mobilisation et adhésion sociale à la marche vers la CSU soit supportée par la société civile et encouragée par les autorités, car de multiples études ont montré que la mobilisation sociale est l’un des leviers essentiels à la bonne marche vers la CSU », a indiqué Dr Christian Lamy. Et d’ajouter que « Face à un système de santé en déliquescence qui a été éprouvé par la pandémie du covid-19 et surtout faisant face à un contexte de défis sécuritaires importants, la mobilisation sociale en faveur de la couverture sanitaire pour un accès aux soins de santé pour toutes et pour tous reste une alternative de résilience pour nous ».

Justine Bonkoungou
Photo : Bonaventure Paré
Lefaso.net