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Reconduction de Yonli : Blaise est-il en panne d’imagination ?

Publié le jeudi 12 janvier 2006 à 08h23min

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Blaise Compaoré

La reconduction de Yonli semble avoir désagréablement surpris. Et cela jusque dans la mouvance présidentielle. Blaise Compaoré semble, lui, avoir opté pour le moindre mal. En attendant de voir venir et de mieux organiser sa reconnaissance sans compromettre ses chances pour la présidentielle de 2010.

Il pense certainement déjà à la présidentielle de 2010. En ce donnant cet horizon aussi lointain évidemment, il prend son temps. Rien ne presse. L’impatience des " amis " et " alliés " le pousse davantage à ne rien précipiter, question de rester maître de l’agenda. Le temps d’ici les municipales et les législatives devrait suffire à dégarnir les rangs de ces innombrables prétendants à la récompense présidentielle.

Il pourra se faisant renvoyer l’ascenseur à certains bien ciblés et suffisamment méritoires pour se percher à la tête d’une de nos mairies ou briguer le poste de député. Comme on ne bouscule pas le " chef ", les plus prétentieux qui trouveront le temps de la récompense trop lent à venir feront certainement des gaffes qui les disqualifieront d’office de la reconnaissance présidentielle.

Progressivement donc, la situation va se décanter et Blaise Comaporé devrait, sans donner l’air d’être ingrat avec qui que ce soit, pouvoir se préparer à sa prochaine échéance. Et puis, comme disait le vieux Houphouët, quand on a le pouvoir d’Etat, on a toujours le temps de réparer une injustice. Pour ne pas se laisser envahir, il prendra certainement le risque de mécontenter certains. Il aura toujours le temps de corriger la faute.

Pour le reste, il a le temps et il compte bien le mettre à profit. Blaise Compaoré ne dit rien au hasard, et pour l’avoir vu agir depuis deux décennies à la tête de l’Etat, les Burkinabè sont bien payés pour le savoir. Cette phrase dite à Jeune Afrique L’intelligent il y a quelque temps est en réalité le vrai programme de Blaise Compaoré. Il disait : " Si je me représente deux fois de suite et si Dieu me prête vie, en 2015, j’aurai alors 60 ans, l’age de la retraite ". C’est donc très clair. Pour lui, l’horizon, c’est 2015.

Le plébiscite lui donne toute la latitude

Avec le score de 80%, les Burkinabè n’ont pas marchandé leur soutien au président. Le plébiscite étant dans la compréhension politique un quitus pour agir à sa guise. Le Burkina Faso n’était pas en péril et les Burkinabè n’ont pas jugé bon passer un message à leur président. Ils lui font aveuglement confiance pour agir et vouloir en leur nom. Dans ces conditions, la reconduction de Yonli s’interprète comme une suite logique du message des électeurs.

Tout va bien avec la meilleure équipe gouvernementale possible. Alors pourquoi faudrait-il changer ? Ceux qui ont écouté attentivement le message présidentiel de la Saint- Sylvestre ne sont pas surpris de la reconduction de Yonli. Blaise Compaoré l’avait implicitement dit : " le gouvernement poursuivra ses efforts... ", notamment pour la croissance économique qui est de plus de 7% cette année.

Alors, pour poursuivre une œuvre qui se mène bien, qui d’autre était le plus indiqué que celui qui l’a commencé ? En lisant entre les lignes, on savait déjà que les supputations, volontairement nourries, n’étaient rien d’autre qu’une façon d’entretenir un faut suspense. Maintenant, c’est fini. Le nouveau Blaise Compaoré démarre son nouveau quinquennat avec du " vieux ".

On reprend les mêmes et on poursuit. Certes ! la formation du gouvernement a intégré de nouvelles têtes, ne serait-ce que pour remplacer les ministres malades et faire entrer les poids lourds de la mouvance présidentielle dans l’objectif de bien préparer les municipales. C’est connu, pour mieux aborder un scrutin, c’est préférable d’être au gouvernement. Aux dernières législatives, tous les partis du protocole gouvernemental se sont retrouvés avec quelques postes de députés à l’Assemblée nationale.

C’est certain que nombre de ces partis n’auraient pas eu d’élus, s’ils n’avaient participé au gouvernement. Pour la présente aussi, la redistribution devrait se faire entre le CDP et l’ADF/RDA. Les autres partis de l’opposition, ceux qui ont participé à la présidentielle, ne récolteront que des prunes. Ils sont déjà financièrement exsangues et le code électoral avec la proportionnelle à la plus forte moyenne ne leur laissera aucune chance.

Mais peut-être que le dessein de Blaise Compaoré c’est de tenter une réorganisation politique en s’appuyant sur ses alliés. Il pourra ainsi se constituer une majorité et une opposition, l’ADF/RDA ne se dit toujours pas de la mouvance, qui lui sont " acquises ". Le gros de l’opposition restante devrait normalement mourir, faute de réels moyens financiers et d’intelligence politique.

L’enjeu des municipales

Pour les amis du président, l’espace de dévolution s’est trouvé élargi avec l’arrivée de l’ADF/RDA dans le giron présidentiel. Par tactique ou par dépit, le dispatching se fera sur les diverses listes allant du CDP à l’ADF/RDA. Les bonzes exclus sur les listes du CDP, comme c’est le cas présentement dans nombre de communes de relative importance, pourront se faire enregistrer à l’ADF/RDA. Il semble que c’est ce qui a failli se produire à Bobo-Dioulasso avec le maire sortant Koussoubé qui n’aurait été retenu sur aucune liste à Bobo-Dioulasso.

Devant cette situation, aurait-il menacé de migrer à l’ADF/RDA ? Ce n’est pas impossible. En tout cas, il a dû faire le déplacement de Ouagadougou pour de longs conciliabules avant de regagner sa base avec la promesse, certainement, que le tort sera réparé.

Trois de ses maires d’arrondissement n’auront sûrement pas cette chance. Il ne leur restera plus, s’ils se sentent suffisamment d’aplomb, que d’aller vendre leur service aux autres partis de la mouvance présidentielle. Mais il est fort à parier que l’ADF/RDA, faute de prendre Bobo, pourrait hériter au moins d’un arrondissement.

La formation du gouvernement constitue le top de départ des hostilités municipales. De toute façon, tous ceux qui s’excitent actuellement savent qu’ils n’ont pas intérêt à quitter le giron. La parole du président suffira à ramener chacun dans ses petits souliers. Et pour cela, et comme aux législatives dernières, des consignes strictes seront données par le " boss " que les ABC de François Compaoré et les AJBC de Salif Diallo feront appliquer sur le terrain. Le gâteau est déjà partagé

Newton A. Barry

L’Evénement

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