LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

L’ensemble de la population des pays participant à la Coupe du monde ne disposera de toilettes saines qu’en 2159 (WaterAid)

Publié le mercredi 23 novembre 2022 à 16h00min

PARTAGER :                          
L’ensemble de la population des pays participant à la Coupe du monde ne disposera de toilettes saines qu’en 2159 (WaterAid)

Une nouvelle analyse menée par WaterAid révèle que la totalité des foyers des pays participant à la Coupe du monde ne seront équipés de toilettes décentes qu’en 2159.

Alors que l’on dépense sans compter pour les terrains de football qataris, les habitants du Ghana, pays participant à la Coupe du monde, devront patienter jusqu’en 2103 avant de voir chaque foyer disposer de toilettes décentes qu’ils n’auront pas à partager. Au Cameroun, il faudra attendre l’an 2159.

WaterAid a déclaré que la nouvelle analyse, dévoilée avant la Journée mondiale des toilettes (19 novembre) et le début de la Coupe du monde, met en évidence le retard du monde sur sa promesse de garantir à tous, d’ici 2030, l’accès à l’assainissement géré en toute sécurité, soit des toilettes décentes reliées à un système de traitement des déchets.

L’organisation a ajouté qu’à ce rythme, il faudra environ 136 ans avant que l’ensemble de la population africaine ne dispose de toilettes décentes dans leur foyer, et 217 ans avant qu’elle ne bénéficie d’un assainissement géré en toute sécurité. Il faudra en moyenne 22 ans pour que plus personne ne soit forcé de déféquer à l’air libre en Afrique faute de toilettes décentes à proximité.

Selon WaterAid, le manque de progrès résulte d’investissements insuffisants de la part des bailleurs de fonds, des gouvernements et du secteur privé, ainsi que d’un manque de ressources humaines et d’une mauvaise hiérarchisation des priorités dans les pays les plus pauvres, avec certains pays qui s’en tirent mieux que d’autres.

Le tableau a beau être sombre, certains pays s’en tirent mieux que d’autres. L’Afrique du Sud est dans les temps pour équiper tous les foyers de toilettes au moins décentes au cours des 21 prochaines années, alors qu’il faudra encore 204 années au Burkina Faso pour obtenir le même résultat. En Éthiopie, sur la base des progrès actuels, on estime que 323 années seront nécessaires, et le Liberia, bien qu’étant sur la bonne voie dans la prestation de services élémentaires d’approvisionnement en eau, devrait œuvrer jusqu’en 2392 pour assurer au moins des services d’assainissement de base à l’ensemble de sa population, soit encore 370 ans.

Ces chiffres ne prennent pas en compte l’impact des changements climatiques, qui pourraient encore assombrir le futur de l’assainissement dans certains pays. Une récente étude menée par WaterAid au Mozambique a démontré que le nombre de personnes utilisant des « installations sanitaires améliorées » a doublé jusqu’à atteindre 28 % entre 2000 et 2014. Cependant, ce nombre a depuis lors régressé jusqu’à 19 %, en grande partie à cause de la destruction d’infrastructures par des cyclones et des inondations.

Les chiffres ne prennent pas non plus en compte le fait que les gouvernements peuvent faire de l’assainissement une priorité, et accélérer grandement les progrès au cours des prochaines décennies. D’après WaterAid, s’ils investissent dans les ressources nécessaires, les délais s’en retrouveraient considérablement réduits.

M. Andrés Hueso González, Analyste politique principal – Assainissement chez WaterAid, a déclaré : « Les toilettes ne sont pas amusantes, et ne font pas non plus rêver, mais elles sauvent des vies si l’on considère que le manque d’assainissement tue, ou piège les gens dans un cycle de pauvreté. Lorsque les gens utilisent des toilettes propres et bien gérées, leurs performances scolaires ou leur productivité au travail s’améliorent, les entreprises enregistrent de meilleurs résultats et les femmes peuvent gérer plus facilement leur hygiène menstruelle. C’est une question de santé et de dignité humaine. Un manque d’assainissement adéquat entrave des communautés et des économies entières. »

WaterAid a déclaré que les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ne disposent pas des capacités humaines et financières suffisantes pour mettre en œuvre des plans et politiques d’assainissement. Le dernier cycle d’analyse et évaluation mondiales sur l’assainissement et l’eau potable (GLAAS ) mené par l’OMS a interrogé les pays pour savoir s’ils disposaient de financements suffisants, soit au moins trois quarts de leurs besoins, pour mettre en place des plans d’assainissement. Les premiers résultats indiquent que seulement 22 % et 15 % des pays disposent de suffisamment de financements pour leurs plans d’assainissement urbains et ruraux respectivement.

En outre, les bailleurs de fonds peinent à intensifier leurs efforts. Ainsi, l’aide au développement des gouvernements en faveur de l’assainissement (à l’exception d’infrastructures majeures telles que les systèmes de traitement des eaux usées) est restée inchangée entre 2015 et 2019, et a chuté de 22 % en 2020 sous la pression de la pandémie mondiale de COVID-19 .

« Cela est inacceptable, et rien ne peut l’excuser. Le monde a promis l’accès à un assainissement géré en toute sécurité pour tous d’ici à 2030, mais ne sera en mesure de tenir cette promesse que dans des décennies, voire même des centaines d’années, en ce qui concerne certains pays », a déclaré Tim Wainwright, directeur général de WaterAid au Royaume-Uni. « Avec les changements climatiques qui accentuent la pression sur les progrès faits ces dernières décennies, il faut investir de toute urgence. Les gouvernements, les bailleurs de fonds et le secteur privé doivent s’unir pour venir à bout de ce problème majeur. Un investissement « sans regret » permettant de lutter contre la maladie et d’améliorer le bien-être des gens et la productivité. »

Pour Eric MAMBOUE, Directeur Pays de WaterAid Burkina Faso : « Aujourd’hui, le Burkina Faso fait à une crise multiforme sans précédent. Près de 2 millions de burkinabè sont des déplacés internes qui rencontrent des difficultés pour accéder aux services sociaux de base comme l’eau et l’assainissement. L’accès à l’assainissement de ces burkinabè déplacés internes doit être une priorité du gouvernent de transition. Il faut accroitre les ressources financières consacrées à l’assainissement »

WaterAid plaide pour que les pays doublent immédiatement leurs budgets alloués à l’assainissement. De même, les pays donateurs doivent également doubler leurs financements en faveur de l’assainissement dans les plus brefs délais. WaterAid a déclaré que ces financements supplémentaires ne doivent pas uniquement être investis dans les infrastructures, mais également dans le capital humain, l’expertise et les systèmes et politiques pour veiller à ce que les services d’assainissement soient maintenus pour les décennies à venir.

FIN
Notes à l’intention des rédacteurs
Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Roch W. OUEDRAOGO, Manager Communication, rochouedraogo@wateraid.org ou sur +226 25 37 41 70

WaterAid a comparé les progrès en matière d’assainissement dans toute l’Afrique (région), les pays au sud du Sahara où elle œuvre, et les pays participant à la Coupe du monde, à l’aide du Programme commun OMS/UNICEFde suivi. Nous avons analysé les années 2015 et 2020, comparé les progrès effectués entre ces deux années s’agissant du niveau de « service de base (minimum) » et du niveau de « service géré en toute sécurité » en matière d’assainissement. Sur la base de ce progrès, nous avons estimé l’année à laquelle l’ensemble de la population d’un pays ou d’une région devrait avoir accès au moins au niveau de base de l’assainissement.

• De la même manière, WaterAid a évalué les progrès relatifs à « la défécation à l’air libre ».

• Lorsque des chiffres pour l’Afrique sont mentionnés, ils représentent une moyenne ; certains pays nécessiteront plus de temps que la moyenne.

• Le niveau de base de l’assainissement est défini comme « l’utilisation d’installations améliorées qui ne sont pas partagées avec d’autres foyers ».

• Le niveau de l’assainissement géré en toute sécurité est défini comme l’utilisation d’installations améliorées qui ne sont pas partagées avec d’autres foyers et où les excréments sont évacués de manière salubre sur place ou évacués et traités hors site.

• La défécation à l’air libre désigne « l’évacuation des excréments humains dans des champs, forêts, buissons, cours d’eau, plages ainsi que d’autres espaces ouverts ou comportant des déchets solides ».

WaterAid

WaterAid s’efforce de démocratiser l’accès à l’eau salubre, à des toilettes décentes et à une bonne hygiène pour tous et dans le monde entier en moins d’une génération. Cette organisation internationale à but non lucratif opère dans 28 pays afin de changer la vie des personnes les plus pauvres et les plus marginalisées. Depuis 1981, WaterAid a permis à 28 millions de personnes d’accéder à de l’eau salubre et à près de 29 millions de personnes de bénéficier de toilettes décentes.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur notre site Web wateraid.org/uk, suivez-nous sur Twitter @WaterAidPress, @WaterAidUK, @WaterAid, ou retrouvez-nous sur Facebook, LinkedIn ou Instagram.

• 771 millions de personnes à travers le monde, soit une personne sur dix, ne disposent pas d’eau salubre à proximité de son domicile[1].

• Près de 1,7 milliard de personnes dans le monde, soit plus d’une personne sur cinq, ne disposent pas de toilettes décentes[2].

• Quelque 300 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de maladies diarrhéiques causées par le manque d’accès à l’eau et d’assainissement. Cela représente plus de 800 enfants par jour, soit un enfant toutes les deux minutes[3].

• L’investissement dans des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène gérés en toute sécurité génère jusqu’à 21 fois sa valeur initiale[4].

• [1] OMS/UNICEF, Progrès en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène des ménages 2000-2020. Programme commun OMS/UNICEF de suivi de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Genève : Organisation mondiale de la Santé, 2021.

• [2] OMS/UNICEF, Progrès en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène des ménages 2000-2020. Programme commun OMS/UNICEF de suivi de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Genève : Organisation mondiale de la Santé, 2021.

• [3] Calculs de WaterAid basés sur : Prüss-Ustün A et al., « Burden of Disease from Inadequate Water, Sanitation and Hygiene for Selected Adverse Health Outcomes : An Updated Analysis with a Focus on Low- and Middle-Income Countries ». International Journal of Hygiene and Environmental Health, vol. 222, n° 5, p. 765-777, 2019. Et : The Institute for Health Metrics and Evaluation, Global Burden of Disease Study 2019. Université de Washington, Seattle (WA), 2020.

• [4] WaterAid. « Mission-critical : Invest in water, sanitation and hygiene for a healthy and green economic recovery », 2021.

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 24 novembre 2022 à 08:58, par kwiliga En réponse à : L’ensemble de la population des pays participant à la Coupe du monde ne disposera de toilettes saines qu’en 2159 (WaterAid)

    "L’Afrique du Sud est dans les temps pour équiper tous les foyers de toilettes au moins décentes au cours des 21 prochaines années, alors qu’il faudra encore 204 années au Burkina Faso pour obtenir le même résultat."
    Ah, mais apparemment, les "nous autres", on s’en fout de ça.
    Les "nous autres", on préfère se frapper virilement le torse, en invoquant dans le même propos, le patriotisme et le panafricanisme, l’indépendance et la Russie,...
    Un peu d’objectivité, de réalisme, de prise en considération des sinistres conditions qui sont les nôtres, ne seraient pas du luxe.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Toefl Prepation course
Cours intensifs session III 2024
Centre américain de langue : Cours de conversation session III