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Nomination de Yonli : Le choix de l’alternance ou de l’immobilisme ?

Publié le lundi 9 janvier 2006 à 07h43min

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Dans la conscience collective des Burkinabè, le nouveau
quinquennat de Blaise Compaoré ne pouvait s’engager qu’avec
de nouveaux hommes, à commencer par le chef du
gouvernement. De sorte que depuis quelques jours, dans les
causeries de salon, toutes les hypothèses étaient émises sauf
la reconduction de Paramanga Ernest Yonli.

Rien que pour son
record de longévité à la Primature, on le voyait nécessairement
partant, sans même songer à faire l’inventaire de son action.
A-t-il réussi l’essentiel des missions que le "grand sachem" lui
a confiées depuis 2000 ? Telle est l’interrogation sur la base de
laquelle le destin de Yonli se joue.

Le quinquennat de Blaise
Compaoré sera donc inauguré avec Yonli, comme pour dire
qu’on ne change pas un homme qui gagne et qui semble
apprécié des bailleurs de fonds.
Fidèle serviteur de l’Etat et tout attaché à appliquer à la lettre les
instructions et la vision de développement de son "patron", Yonli
ne pouvait être qu’un bon Premier ministre, dans l’entendement
politique du terme. Plus technicien que politique, le Premier
ministre, comme nous l’avons plus d’une fois souligné dans ces
mêmes colonnes, a travaillé du mieux qu’il pouvait, pour
maintenir les grands équilibres qui font la stabilité du Burkina
depuis la grave crise consécutive au drame de décembre 1998.

Trop occupé à servir le patron, il ne pouvait donc lui faire de
l’ombre. En a-t-il jamais d’ailleurs eu l’intention ? Arrivé à la
Primature alors que le Burkina était au creux de la vague, il a su
peu à peu redresser la barre, pour placer aujourd’hui le pays sur
orbite. Fidélité dans l’action, telle peut être la marque de Yonli,
qui lui a permis de bénéficier de la confiance présidentielle
pendant aussi longtemps.

Mais il est légitime de se demander si l’homme pourra innover
et impulser une nouvelle dynamique à l’action gouvernementale,
dans l’optique du programme présidentiel. L’usure, grande
ennemie des pouvoirs, n’aura-t-elle pas raison de Yonli ? En
réalité, si corrosion et usure il y a, ce ne peut être que celles du
système Compaoré dont le Premier ministre n’est qu’un
élément.

Si donc, une alternance dans la gouvernance doit
s’opérer, Yonli ne peut que suivre le courant. Et la force de
propulsion de tout changement est détenue d’abord par le chef
de l’Etat, de qui le Premier ministre détient son autorité.

Tout part de Blaise Compaoré et revient à lui. La corruption
reste-t-elle le ventre mou de l’ère Yonli ? Il suffit que Blaise
Compaoré décide de la combattre enfin frontalement pour que
le chef du gouvernement et son équipe s’exécutent.

Le problème
n’est de ce fait pas lié à la personne du chef du gouvernement,
mais à la volonté du président du Faso. Un chamboulement
dans l’équipe gouvernementale n’est pas forcément synonyme
de nouvelle dynamique si le déclic ne vient pas du sommet de
l’Etat.

Yonli peut donc mener une véritable croisade contre la
corruption qui gangrène notre société s’il a les coudées
franches. Au regard des enjeux de ce quinquennat de Blaise
Compaoré, on ne comprendrait pas qu’il en soit autrement et
que Yonli n’ait pas une grande marge de manoeuvre. Pour
donner un coup d’accélérateur au développement, il faut bien
débarrasser le pays de ses scories.

L’immensité de la tâche implique donc une action déterminée
et franche. Il est loisible au président, de laisser son Premier
ministre passer le cap des municipales et des législatives,
avant peut-être d’autres réaménagements, comme certains
commentateurs le susurrent.

Mais le temps presse et Yonli n’est
certainement pas là pour faire de la figuration ou servir de "pneu
de secours". Il doit agir. Le chef de l’Etat, de son côté, a intérêt
d’ailleurs à se mettre au-dessus des partis politiques, en
laissant les états-majors politiques faire leur travail.

Sa
promesse de n’oublier aucun Burkinabè dans le partage des
fruits de la croissance est tout un vaste programme qui implique
création de richesses, justice sociale, fin de l’impunité, et
développement équitable de l’ensemble des régions du pays.
Pourquoi perdre du temps en descendant dans l’arène de la
politique politicienne alors que les chantiers, tels les travaux
d’Hercule, attendent d’être engagés ?

En tout état de cause, la
configuration du nouveau gouvernement permet de se faire une
idée assez claire de la volonté politique de Blaise Compaoré.
Fruit d’un savant dosage entre fidèles du régime et artisans de
la large victoire du président Compaoré en novembre dernier, le
gouvernement Yonli III veut incarner le rassemblement de toutes
les forces au service d’un seul combat : la réussite du
quinquennat de Blaise Compaoré. Reste à savoir si cette
alchimie constituera un facteur de blocage ou au contraire un
puissant moteur pour la mise en oeuvre du programme
présidentiel.

"Le Pays"

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