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Show-biz : Takiborsé, révolution musicale ou musique éphémère ?

Publié le samedi 7 janvier 2006 à 09h59min

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Ahmed Smani2

Jamais, les Burkinabè n’auront joué et dansé autant, au rythme d’une musique du terroir qu’en cette fin de 2005. Et le Takiborsé a sonné comme la musique de ralliement des Burkinabè de toutes conditions et de tous les milieux. Il fallait simplement y penser ?

Chapeau à ces jeunes qui ont su donner une âme à notre cinquième art. La musique. C’était du Yoni, Ahmed Sumani, le Pouvoir, la Cour Suprême, le Gouvernement etc. au cours de ces grands rendez-vous de fin d’année. Tout ce phénomène musical qui a pris corps durant l’été dernier et qui s’est répandu à travers tout le pays. Tombé le complexe d’une musique burkinabè que l’on ne voyait pas dans les bacs à disques dans les domiciles de nos compatriotes ? Il y a en fait trop de questions. Et si simplement le boum culturel, musical n’était qu’une amorce ou une conséquence de l’effort fourni depuis, par les autorités.

Ce serait en tout point de vue justice que cette musique là, soit l’accompagnant des mélomanes. Mais c’est vrai, le chemin reste encore loin. Et les artistes eux-mêmes doivent “s’autoflageller ”, entendez se donner à fond et ne pas crier (encore ? !) victoire. Evitons d’aller vite en besogne. Car le syndrome du coton subventionné n’est pas loin dans ce domaine également. Ce n’est pas pour rien que l’exception culturelle a fait son chemin dans certains pays européens. Qui contrôle les médias, impose sa culture. Or jusqu’à preuve du contraire, le Sud, donc le Faso, reste un grand consommateur des virées culturelles du Nord qui ce façonnent. Il faut que les “ Takiborsiens ” confirment cette musique par plusieurs autres opus. Synonyme de début de maîtrise.

Ils ont avec eux toute la jeunesse qui s’est identifiée à ce rythme. La jeunesse, mais aussi les femmes. Deux composantes de premier choix qui lorsqu ‘elles prennent fait et cause pour un phénomène signent, sans le lire, un passeport pour un avenir radieux pour cette chose-là. Encore plus en musique qu’en tout autre domaine, cela se vérifie aisément. Alors si le Takiborsé vit ses moments de gloire, c’est aussi certainement la preuve d’une maturité des mélomanes. Oui, depuis toujours, la question de la musique burkinabè se résumait en sa trop mauvaise qualité d’écoute.

En dépit des efforts fournis par les artistes, la mayonnaise avait du mal à prendre. La gamme changée, non seulement cette réflexion a de moins en moins droit de cité, mais heureusement l’effet escompté se matérialise. Au bonheur de tout le monde. Les Burkinabè auraient donc toute patience gardée, trouvé leur repère musical ? Reste donc à ne pas trembler. Mieux, il faut maintenant que tous ces artistes ne se prennent pas déjà la tête. Le plus dur commence. Notre public est toujours désigné comme l’un des plus difficiles. Pas versatile. Ce public (re) cherche la qualité, le confort et le rythme.

Et le Takiborsé a le mérite de réunir toutes ces exigences. Le rythme emporte, se laisse facilement danser, les paroles pas vraiment condensés, c’est-à-dire beaucoup, ne sont pas moins denses dans leur sens. De ce fait, elles sont faciles à retenir, donc à fredonner.

Voici pourquoi pour beaucoup, on danse en chantant. Les bras devant comme si on exécutait une cérémonie de travaux champêtres avec un mouvement allant du vide vers le corps. Simple et facile ? Pourquoi pas ?

Du reste, le Takiborsé, instrument de musique inspiré du Borgo bien connu dans le terroir et qui fait partie de la panoplie qui servent à récréer nos vaillantes populations est là au moment où il faut. Regroupés au nom du Takiborsé, certains groupes se sont “ disloqués ”. Mais même individuellement pris, il faut que le flambeau soit toujours maintenu.

A la vérité que ce soit le Liwaga, le Warba, le Dodo, le Wiré, le Kigba, le Salou, le Goumbé, le Dindorow, se sont là autant de sonorités qui bien rythmées avec l’acoustique moderne, peuvent faire bouger même les plus “ insensibles ”.

Après tout le Djembé qui, depuis, s’occidentalise ne nous viendra-t-il pas métamorphoser et envelopper dans un rythme tel que nous-mêmes en serions “ étrangers ” ? Et ce ne sera pas une première. Tant en Afrique, donc au Burkina Faso, il est admis que le reggae vient de chez nous, a été travaillé par les autres et nous fait vibrer depuis des générations.

Alors le Takiborsé, un simple fait de mode, ce qui signifie éphémère ou une sorte de prémisse de révolution musicale qui engendrera une percée de la musique au Faso de façon globale ? La question reste posée, la réponse, pas simple.

Alors faisons appel au temps qui nous dira si la génération des Smokey, Ahmed Smani, Ali Vérhuté, Yoni, El Tafa, King Cyriaque, Aïcha Jr, Maguy et Kady Jolie, relèveront un défi. Celui d’exporter la musique “ made ” in Burkina Faso, et donc de réussir le pari de faire danser d’autres nations. Pays hautement culturel avec le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, la Semaine nationale de la culture, le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou, les différents spectacles théâtraux , ce ne serait que justice. En entendant d’autres opus, les Burkinabé font leur « malin » depuis que le Gouvernement n’a plus de Pouvoir parce que la Cour suprême l’a “ bôrôkôtô ”.

Même que les Premières dames, conscientes que le jour, la barbe exécute ce que la tresse lui a ordonné la nuit, ont fini par donner de la voix dans ce cocktail musical. Avec peut-être moins de prestance que les hommes. Ni les paroles, ni la rythmique n’ont vraiment “ emballé ”, pourtant l’expérience ou du moins, le challenge valait la peine. Ne serait-ce que pour “ genrer ” le takiborsé.

Pour l’heure, il est très souvent question de groupes en gestation qui viendraient bousculer l’existant. Ainsi, on attend plus que les Syndicalistes là où d’autres espèrent voir surgir des Rebelles. En tous les cas, c’est l’univers musical du Burkina qui s’est enrichi de la plus belle manière dans une concurrence commerciale qui fait l’affaire des mélomanes et celle des artistes eux-mêmes. Les premiers parce qu’ils auront de plus en plus une variété immense de choix. Les seconds parce qu’ils sont condamnés à faire plus s’ils veulent une visibilité économique.

Jean Philippe TOUGOUMA (jphilt@hotmail.com)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 5 avril 2006 à 19:15, par Sally En réponse à : > Show-biz : Takiborsé, révolution musicale ou musique éphémère ?

    C’est l’amour de la patrie qui est entrain de naître enfin !

    car aimer ce qu’on produit chez nous c’est nous aimer nous même et notre pays !

    Je l’aurais dansé le Takiborsé même s’il n’était pas dansant !

    Toute mes félicitations aux enfants du pays des hommes intègres !

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