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Présidentielle 2005 : regard sur l’UNIR/MS et le PAREN

Publié le lundi 2 janvier 2006 à 09h26min

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Me Sankara

L’un des faits politiques ayant marqué le Burkina Faso en 2005 est sans conteste l’élection présidentielle du 13 novembre dernier. Les résultats enregistrés par chacun des treize (13) candidats en lice sont connus. Coup de projecteur sur les résultats de deux jeunes partis dans les trois provinces abritant les plus grandes villes du Burkina.

Pourquoi l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) et le Parti de la renaissance nationale (PAREN) se positionnent-ils respectivement comme 2e et 3e forces politiques à l’issue de cette élection ?

Créée en 2000 suite à la suspension de Me Bénéwendé Stanislas Sankara son fondateur, de la Convention panafricaine sankariste (CPS), l’UNIR/MS est au sortir de la présidentielle du 13 novembre 2005 le 2e parti politique du Burkina après le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du président Blaise Compaoré.

Selon les résultats définitifs rendus publics par le Conseil constitutionnel le 25 novembre 2005, Me Sankara, le candidat de l’UNIR/MS, se classe deuxième pour avoir recueilli au plan national 100 816 voix sur les 2 066 270 suffrages exprimés soit un taux de 4,88 %.

Dans la province du Kadiogo dont le chef-lieu est Ouagadougou, la première grande ville du pays, le candidat de l’UNIR/MS s’en est tiré avec 14,82 % des voix.

Le professeur de droit constitutionnel à l’université de Ouagadougou, Laurent Bado, le candidat du PAREN est arrivé, quant à lui, en 3e position au niveau national après avoir totalisé 53 743 voix soit un taux de 2,60 %. Au Kadiogo, sur cent (100) électeurs Laurent Bado a conquis les cœurs de 5,52. Ce qui lui vaut la troisième place.

Les raisons d’une percée politique

A environ 300 km à l’Ouest de la capitale Ouagadougou dans la province du Houet qui abrite la 2e ville Bobo-Dioulasso, on note le même scénario. Derrière Blaise Compaoré se trouvent Me Bénéwendé Sankara et Laurent Bado comptabilisant respectivement 5,47 et 5,06 % des voix.

Dans le Boulkiemdé dont le chef-lieu est Koudougou (3e ville) il n’y a pas de changement. Me Sankara et Laurent Bado se classent 2e et 3e après qu’ils eurent enregistré 4,41 et 3,59 % des électeurs.

Me Bénéwendé Sankara, l’avocat surnommé le défenseur de la veuve et de l’orphelin doit sa popularité surtout dans les centres urbains parce que s’étant illustré par le passé dans la défense de dossiers pendants en justice tels ceux de Thomas Sankara, de David Ouédraogo, de Norbert Zongo etc. Particulièrement dans le dossier du journaliste Norbert Zongo, assassiné le 13 décembre 1998, Me Sankara comme de nombreux autres Burkinabè a réclamé à cor et à cri que toute la lumière soit faite sur cette mort tragique.
Le mouvement populaire de demande de justice auquel participait et participe encore Me Sankara lui a valu une grande reconnaissance aussi bien dans les milieux de hauts lettrés qu’au sein de la jeunesse.

Aujourd’hui, l’homme semble avoir marqué les esprits même si la mobilisation populaire est loin d’être celle des premières heures des événements du 13 décembre 1998. C’est donc conscient de cette assise presque nationale que l’avocat a peu ou prou abandonné son puissant cabinet pour migrer en politique.

L’UNIR/MS dont il est le président apparaît comme le parti des alphabétisés et des jeunes comme l’a laissé entendre un président de bureau de vote dans le Kadiogo après avoir attentivement observé la manière dont les électeurs posaient leur index taché d’encre indélibile sur les bulletins de vote de Me Sankara lors du scrutin dernier.

Laurent Bado, comme il aime lui-même à le dire, est un intellectuel de haut niveau. Grand conférencier public et harangueur de foule, sa montée pendant le scrutin présidentiel s’explique par le langage direct et des actions d’éveil de conscience pratiqués tout au long de sa campagne électorale. L’homme semble avoir convaincu les couches scolaire et estudiantine et séduit quelques intellectuels par ses messages peu ordinaires.

On pourrait également affirmer sans risque de trop se tromper que les résultats des candidats de l’UNIR/MS et du PAREN sont le fait des médias. Très actifs sur le terrain, ils ont bénéficié de larges couvertures médiatiques de leurs activités de campagne. L’élection d’un président se gagne dans la plupart des cas par l’image surtout celle véhiculée par les médias audiovisuels.

Le parti de l’UNIR/MS s’est doté depuis sa création en 2000 des compétences d’un professionnel de la communication. Et le parti a su souvent mieux exploiter les avantages que lui offraient les médias. Cependant, force est de reconnaître que les deux partis politiques ont parfois manqué d’imagination communicationnelle.

En dehors du candidat numéro 13, le docteur Pargui Emile Paré qui, lors de ses multiples sorties dans le Burkina profond s’est arrêté une fois au bord de la route Kaya-Ziniaré pour saluer en se faisant filmer, les cyclistes participant au Tour du Faso, tous les autres candidats y compris l’actuel locataire de la présidence du Faso ont passé d’assemblées générales en assemblées générales, ou de meetings en meetings. Or, ils pouvaient rompre avec cette monotonie. Imaginez Laurent Bado et toute sa suite dans un champ de coton à Zoula dans le Sanguié ou dans une rizière de Dî au Sourou aux côtés des paysans.

Imaginez encore Me Sankara faisant don de médicaments dans un centre hospitalier ou visitant des écoles dans le département de Déou (Séno) et accompagné de journalistes. C’est de cette façon aussi que les hommes politiques peuvent marquer les esprits dans un pays où la population demande que les gouvernants ou les prétendants à la gouvernance lui soient plus proches et qu’ils vivent son quotidien.

En attendant les prochains scrutins, Me Sankara et Laurent Bado, à défaut d’avoir gagné le fauteuil de Blaise Compaoré peuvent se féliciter d’avoir triomphé de la bataille au sein de l’opposition. Car au-delà du trône, ils devaient coûte que coûte vaincre leurs adversaires de l’opposition qui étaient leurs alliés d’hier. Le scrutin de novembre était en somme celui des opposants contre des opposants.

Enok KINDO
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 2 janvier 2006 à 21:49 En réponse à : > Présidentielle 2005 : regard sur l’UNIR/MS et le PAREN

    "Scrutin des opposants contre les opposants..." n’est-ce pas une caricature politique, mon Cher Enock ?
    Dans une campagne électorale, il faut souvent faire des choix stratégiques. Certains opposants ont refusé d’aller à l’élection présidentielle pour ne pas se ridiculiser. ça s’appelle avoir du flair pour le chasseur et vision politique à long terme pour les "politiquement correct...".
    Alors, cette campagne présidentielle a permis de voir qui pèse combien. Les élections municipales seront un autre test mais pas une autre campagne d’opposants contre des opposants.
    En 2010 ou en 2015, peux-t-on imaginer Monsieur Blaise COMPAORE, (qui ne se représentera peut-être plus pour des raisons constitutionnelles) soutenir un autre candidat qui ne sera pas, forcément du CDP. Alors ?????vision visionnaire ???? ADF/RDA !, préparez-vous !!!.
    Que comprenne ceux qui veulent comprendre, car, en politique, il faut savoir faire des concessions. Et, ce n’est qu’à cette condition incontournable que Stanislas sera président du Faso ?
    Pa sek Tallé.

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