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Victime de l’insécurité au Burkina : Menacée jusque dans son domicile, une enseignante demande de l’aide

Publié le mardi 18 octobre 2022 à 21h50min

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Victime de l’insécurité au Burkina : Menacée jusque dans son domicile, une enseignante demande de l’aide

Enseignante depuis sept ans, dame Sophie (nom d’emprunt) a perdu le goût de sa profession. La cause, les exactions répétées des groupes armés terroristes. Entre menaces, brutalités et tueries, elle aura tout vécu. Une situation qui a conduit dame Sophie à une dépression avancée (présentement suivie par un psychologue) et à une souffrance physique comme l’atteste son dossier médical. Craignant pour sa situation, elle appelle à l’aide afin d’être affectée ailleurs, pour pouvoir poursuivre son métier.

Confronté à l’insécurité depuis 2015, le Burkina Faso peine toujours à trouver un chemin de sortie. Les attaques s’intensifient et changent constamment de nature et de localité. Ayant menés des attaques brutales dans la capitale aux premières heures de leur apparition sur le territoire, les groupes armés ont choisi de se replier et de sévir désormais hors des grandes villes. Là, aucune vie n’est épargnée. Leur cible prioritaire, les symboles de l’État et leurs représentants dont les forces de défense et de sécurité, les autorités administratives, les enseignants, etc. Notre victime relève justement du domaine de l’éducation.

Tout commence alors qu’elle était en service dans une localité dite de zone rouge en rapport avec l’insécurité. Après plusieurs avertissements, des hommes armés finissent par prendre son établissement pour cible. L’attaque provoque une véritable panique poussant les plus chanceux à s’échapper. Le reste du personnel, essentiellement des femmes dont dame Sophie, sera regroupé et maltraité.

Menacées jusque dans leurs domiciles

En effet, ayant retrouvées la liberté grâce à la "tolérance" des hommes armés vis-à-vis de la gente féminine, dame Sophie et ses collègues ont reçu des avertissements et des consignes clairs de leurs bourreaux qui n’hésitent pas à les appeler de temps à autre pour vérifier si elles suivent ces consignes. Ainsi, des appels anonymes sont monnaie courante : l’enseignement doit désormais être de connotation religieuse et en langue arabe.

En plus de dispenser cet enseignement aux apprenants, elles-mêmes devraient désormais s’y mettre sans quoi la répression sera immédiate et pourra s’étendre à toute la famille biologique. Pour dame Sophie, c’est le début du calvaire. Le traumatisme est permanent et ronge le moral. Les séquelles physiques, quant à elles sont présentes et plus perceptibles. Les infortunées se sentent donc en insécurité partout et jusque dans leur sommeil car selon leurs interlocuteurs inconnus, des cellules dormantes pourront être activées à tout moment pour sévir partout où elles seront.

Au moment où nous traçons ces lignes, l’année scolaire a débuté avec ses innombrables équations à résoudre pour dame Sophie. Comment trouver les moyens pour se soigner ? Comment se soigner et où le faire ? Comment accomplir son devoir dans une zone où elle et ses collègues sont indésirables aux yeux des maîtres des lieux ?

Autant de fardeaux lourds à porter pour cette mère de trois filles et épouse d’un agent de l’État. Sa zone d’affection lui est désormais interdite par les hommes armés. Et même si la volonté y est, le choc est tel que son corps et son esprit répondent difficilement. Ayant reçu plusieurs injonctions de la part de son supérieur pour rejoindre son poste, dame Sophie n’a désormais que sa seule volonté comme « arme » pour faire face à la situation.

C’est donc un SOS à l’endroit des autorités mais aussi à l’endroit des bonnes volontés afin de trouver une solution à sa situation sanitaire et administrative. Tout en rappelant ne pas être seule dans cette situation, la victime plaide également pour ses collègues d’autres zones difficiles d’accès afin que des solutions idoines puissent émerger.

Une correspondance particulière de Aboubacar Zoungrana

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