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Burkina/Région du Nord : Le « Boukayamdé », une solution alternative contre l’insécurité alimentaire

Publié le jeudi 29 septembre 2022 à 22h34min

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Burkina/Région du Nord : Le « Boukayamdé », une solution alternative contre l’insécurité alimentaire

Confrontés de plus en plus à l’insécurité alimentaire, les paysans de la région du Nord, notamment, dans la province du Passoré, ont trouvé dans cette innovation une solution alternative, à travers la valorisation de cette variété locale de sorgho, le « Boukayamdé » qui cache la honte en langue locale. Cette variété de sorgho très précoce et très rentable en termes de production, est un bouclier contre la faim. A Yargo dans la commune de Kirsi, les paysans la cultivent depuis trois saisons hivernales. Immersion dans quelques champs a Yargo !

Dans son champ situé dans la région du Nord du Burkina, village de Yargo, commune de Kirsi dans le Passoré, Mariam Raabo, cette agricultrice, arrêtée fièrement à côté de son champ de « Boukayamdé », ne cache pas ses émotions. C’est une mère de famille aux anges qui vante les mérites de cette variété de sorgho qu’elle cultive depuis trois ans. La variété a conquis la plupart des agriculteurs de la localité et Saïdou Gueda l’est encore plus. Il fait partie des producteurs de Boukayamdé de Yargo.

Pour ce polygame et père de sept enfants qui frise la quarantaine, la joie est immense. Palpant les épis de ses cultures, l’agriculteur parle d’une délivrance. « Ça a mis fin à notre faim, parce que pendant la période hivernale, tous les greniers sont vides. Il n’y a plus à manger et pour une grande famille comme nous, c’est très difficile. Mais quand on a connu cette variété, c’était comme une délivrance. Maintenant voyez-vous-mêmes », lance-t-il le bras droit tendu vers ces épis de sorgho comme pour montrer les résultats de son travail. Et de conclure en ces termes : « Quelque chose que l’œil même voit, on n’est pas obligé d’aller consulter le devin ».

Saïdou Gueda, producteur de Boukayamdé a Yargo

Au milieu des champs à perte de vue, le Boukayamdé se dresse fièrement avec des graines à termes. Dans ce village de Yargo de quelques centaines d’âmes, la plupart des producteurs de la variété s’activent à entamer leur récolte.
En cette matinée du 24 septembre 2022, pendant que certains paysans hument les odeurs de la viande sur les fours traditionnellement installés au marché du village, Boulkon (département d’Arbollé), les producteurs de Boukayamdé font la ronde sous un soleil de plomb dans leurs champs. Des épis de sorgho à maturité, le long des champs, se laissent admirer par la beauté de leur production.

« Comme son nom l’indique, ce sorgho a vraiment caché notre honte, souligne la responsable des femmes de Yargo, les yeux pétillants exprimant sa satisfaction. Sa culture est très rapide et rentable, et son tô est très bon. N’aurait été ce sorgho à cette période, nous, on n’a rien à manger. Nous sommes presque 40 personnes dans la même cour et qui mangeons dans une seule marmite. N’eut été cette céréale nous ne pouvons pas nous en sortir », a-t-elle reconnu.

Mariam Raabo, productrice de Boukayamdé a yargo

Le « Boukayamdé » est une variété de sorgho local cultivée à cause de sa précocité et son fort potentiel de rendement. « C’est une variété utilisée pour pallier la famine pendant la saison hivernale du fait qu’il est d’une périodicité assez rapide et très performante en termes de rendement. Généralement, en milieu rural, la saison hivernale est très difficile, parce que les greniers ont été vidés, donc le Boukayamdé permet aux paysans d’avoir à manger, avant la maturité des variétés de longue périodicité », précise l’agent d’agriculture de Kirsi, Jacob Béré.

Pour la petite histoire, c’est une variété locale qui était utilisée par un vieux de la localité au départ et qui a été identifiée pour être expérimentée par les paysans. Ce dans le cadre des actions d’un projet auprès des producteurs pour dénicher les innovations locales et qui permet de documenter les connaissances endogènes et ensuite faire la promotion auprès des paysans. Ce qui a permis à la variété de se répandre en l’espace de deux ans seulement.

Dans un contexte d’insécurité alimentaire dû à des saisons hivernales déficitaires causées par la faible pluviométrie et la rareté des terres cultivables, avoir une telle variété de céréale est un atout considérable pour les paysans. Surtout que les terres, selon l’agent d’agriculture, s’appauvrissent de jour en jour et si l’on a ces genres de variété qui permettent aux paysans d’avoir un bon rendement et faire face à leurs besoins alimentaires, c’est à encourager.

Jacob Bere, agent d’agriculture dans la commune de Kirsi

Pour le chercheur de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA), le Pr Hamadé Sigué, le Boukayamdé, est une variété précoce qui a un avantage non seulement pour sa précocité et sa productivité. La variété donne un bon rendement qui montre son intérêt pour les producteurs. Son rendement est autour de 800 à 900 kilogrammes à l’hectare, voire plus.

Ces avantages sont énormes, parce qu’il y a un potentiel par rapport au rendement et même à une pluviométrie moyenne, elle varie entre 800 et 900 à l’hectare. Son cycle est court et son adaptation à la localité malgré la mauvaise qualité des sols, Boukayamdé se comporte mieux », selon ses dires. Ces deux qualités font qu’on peut le conseiller aux paysans, dit-il, du fait qu’il peut être une alternative contre l’insécurité alimentaire, surtout dans les zones arides ou semi arides du Sahel et du Nord.

Ce qu’il faut aussi préciser concernant les avantages de cette variété, selon le chercheur de l’INERA, c’est qu’elle résiste aussi à la sècheresse et s’adapte à tout type de sols, ce qui fait d’elle un allié pour les régions arides comme le Nord et le Sahel. « Avec le Boukayamdé, il suffit seulement d’avoir une pluviométrie qui tourne autour de 400 à 500 millimètres cube, pourtant avec certaines variétés et la même pluviométrie ça ne marchera pas », a-t-il ajouté.

Malgré son potentiel, la variété est peu connue des paysans burkinabè, mais des recherches ont été déjà menées en la matière. Car, selon le chercheur de l’INERA, dans le cadre de la valorisation de certaines variétés locales menée au niveau de la station de recherche de Saria, le Boukayamdé fait partie des variétés qui ont été déjà sélectionnées et épurées et peut être utilisé par les paysans.

Nous avons quitté le village pendant que le soleil se couchait, laissant les producteurs de Boukayamdé dans des éclats de rire. Des éclats, que nous espérons, se transmettront un jour dans les autres villages si toutefois la variété est vulgarisée.

Yvette Zongo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 septembre 2022 à 10:26, par Ed51 En réponse à : Burkina/Région du Nord : Le « Boukayamdé », une solution alternative contre l’insécurité alimentaire

    Bravo et surtout ne vous laissez pas prendre cette graine par ceux qui viendraient avec des mauvaises intentions.
    Le sorgho est bien meilleur que le riz.

  • Le 30 septembre 2022 à 12:52, par Ka En réponse à : Burkina/Région du Nord : Le « Boukayamdé », une solution alternative contre l’insécurité alimentaire

    Caca si tu lis ce message, sache que je suis dans mon petit champ semblable a ces champs que Yvette Zongo a eu la gentillesse de nous montrer. Et j’espère que les jeunes cultivateurs du Faso vont s’adapter à la culture du Boukayamdé. L’inconvenant est d’être comme moi dans mon champ depuis 6h du matin a 19h pour empêcher les oiseaux de faire des dégâts en ce moment.

    Quand a ce qui se passe depuis hier soir au Burkina, ça devait arriver, même si Damiba ne démissionne pas avec ce demi soulèvement du peuple, il finira par se faire dégager par ses ennemis militaires. Quand je lis quelques commentaires, je vois que 99% des internautes ne vivent pas au pays. Si non, il fallait après 18h écouté les ragots dans des maquis sur Ouaga ou même a Koupela la région de Damiba, son pouvoir ne tiens qu’a un fil a cause de ses mensonges. Un sage de la ville de Koupela parent des Kiba m’a dit que ce président illégitime déshonore la région et qu’il est temps qu’il parte. Et comme je ne cesse a dire a Damiba ’’’’’’’La confiance ne se décrète pas. Elle se mérite, on la sent, elle se manifeste, on la voit, on l’appréhende par les actions de tous les jours. Elle ne disparait pas du jour au lendemain. C’est tout un processus. Donc si les populations n’ont plus confiance a ton MPSR, ça ne s’est pas fait au jour au lendemain, leurs mensonges ont tout détruit.’’’’’’’
    D’ailleurs je m’abstiens a présent de faire mes commentaires fondées avec un menteur présidente illégitime.

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