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Investiture de Blaise Compaoré : Une consécration internationale

Publié le vendredi 23 décembre 2005 à 08h54min

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Blaise Compaoré après son investiture le 20 décembre

Au-delà des critiques sans bornes et de la glorification sans retenue que
chacun peut distiller, selon la mare politique dans laquelle il baigne, force est
de constater que Blaise Compaoré peut légitimement se réjouir après sa
prestation de serment.

S’il y a une chose qui doit faire l’unanimité chez les
fidèles de tous les jours, les ralliés de la dernière minute, les opportunistes
qui ont pris le train en marche non pas par conviction, mais certains qu’il
arrivera en gare et qu’ils pourront espérer leur part du butin et chez les
opposants par principe ou par fidélité à leur vision de la conduite des
hommes, c’est le capital politique, diplomatique et de crédibilité que vient
d’engranger le chef de l’Etat.

Quelqu’un a pu qualifier avec juste raison, la
cérémonie de prestation de serment, de mini-sommet de chefs d’Etat et de
gouvernement. Réunir autant de têtes couronnées pour une investiture a de
quoi faire pâlir de jalousie certains pairs de Blaise Compaoré, eux qui se sont
sentis peu ou pas fréquentables pour avoir tenté le même scénario.

Par cette
présence massive de chefs d’Etat, Blaise se fraye le boulevard de la légitimité
internationale et en même temps qu’il s’ouvre des citadelles jusque-là
imprenables construites avec le béton des soupçons et des procès, fondés ou
infondés contre lui. Qui l’eût cru ?

Il y a à peine quelques mois, personne
n’aurait pensé à un possible axe Ouaga-Nouakchott. C’est vrai que le régime
de Ould Vall a opéré un virage après l’éviction de celui qui chargeait Blaise
Compaoré de tous les péchés d’Afrique. Mais ce n’est peut-être pas
seulement par simple envie de changer pour changer que le nouveau
président mauritanien a foulé le sol burkinabè. Peut-être qu’en fouillant dans
les archives du défunt régime, s’est-il rendu compte que le spectre de la
déstabilisation que Blaise était censé faire peser sur son pays découlait d’un
discours tyrannophile que tenait Ould Mahouia pour faire oublier aux
Mauritaniens, leurs angoisses intérieures.

Après les entretiens, empreints de
chaleur, en marge de la cérémonie, entre les deux chefs, on a eu le sentiment
que les pires clichés ainsi que la prose de l’apocalypse déversée sur le
régime de Blaise Compaoré vont désormais être rangés au musée des
oubliettes.

Qui l’eût cru également ? Le président guinéen, qui feignait
d’ignorer jusqu’au nom du chef de l’Etat burkinabè, a dépêché son Premier
ministre à Ouagadougou. Un opposant guinéen n’avait-il pas suggéré
d’échanger le président Compaoré contre son homologue guinéen ? Une
manière diplomatique et subtile de dire qu’entre les deux chefs d’Etat, c’est le
jour et la nuit.

Même certaines chancelleries occidentales et non des
moindres, qui ont l’habitude de hiérarchiser le quotient de malgouvernance
des dirigeants africains, ont dû par leur présence, revoir à la baisse, celui
qu’elles affectaient au pouvoir de Blaise Compaoré. Quels arguments
peuvent-elles encore égrener pour diaboliser Blaise Compaoré ?

Ce dernier
peut en tout cas, arborer les oripeaux d’un président élu dans des conditions
relativement acceptables, malgré les sirènes dénonciatrices d’une opposition
qui ne peut que s’en prendre à elle-même.

Certes, la présence d’anciens
chefs d’Etat qui ont volontairement cédé leur fauteuil, et qui ont longuement
été ovationnés par l’assistance, peut être considérée comme un message fort
en faveur du jeu de l’alternance. En effet, il est rare que d’anciens chefs d’Etat
africains, tripatouilleurs de constitutions, soient applaudis. Certains sont
aujourd’hui contraints de raser les murs pour n’avoir pas su symboliser
l’alternance tant réclamée.

Blaise Compaoré s’est donc taillé la stature d’un
homme d’Etat incontournable dans l’échiquier politique sous-régional,
africain et même au-delà. En témoigne, la volonté du Guide de la Révolution
libyenne de l’impliquer comme médiateur dans la crise soudanaise.

Cependant, Blaise Compaoré aurait tort de considérer une telle consécration
internationale comme une fin en soi. Elle devrait servir de moyen pour
résoudre les nombreux défis auxquels font face les concitoyens. Il n’est un
secret pour personne, et Blaise Compaoré est censé le savoir, que le
véritable défi à la démocratie en Afrique, c’est d’abord la raison d’Etat derrière
laquelle les pouvoirs se réfugient souvent pour verrouiller cette démocratie et
pour semer les graines de l’impunité, du laisser-aller, de la "clanocratie", de la
"népotocratie" et de l’absence de fermeté, toutes protectrices d’indélicatesses
et de corruption.

Et si la cérémonie d’investiture a mobilisé autant de monde
venant du Burkina que de l’extérieur, c’est pour aussi être témoin des
engagements que Blaise a pris devant lui. En tous les cas, les Burkinabè
savent que Blaise Compaoré a tous les attributs du pouvoir pour réussir et les
sortir de cette torpeur politique, économique, sociale et culturelle et qu’en cas
d’échec, l’imputabilité en reviendra à lui et à lui tout seul.

Sur un tout autre
chapitre, si cette cérémonie d’investiture a été impeccable sur le plan
organisationnel, il n’en demeure pas moins que le symbole fort qu’elle a
voulu magnifier, le mariage entre la tradition et la modernité, a été trop
caricatural. Cette scène aurait dû refléter le tableau de toutes les sensibilités
et diversités culturelles du Burkina. Pour l’avenir, il faudrait y veiller pour que
la notion de République ait tout son sens. Sans quoi, on risque de créer des
frustrations et des replis identitaires.

Pour que tous les Burkinabè, toutes
nationalités confondues, se reconnaissent dans cette République une et
indivisible, il faudrait créer un ensemble national qui devait être la synthèse
de toutes nos diversités culturelles.

Le fou

Le Pays

P.-S.

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Blaise Compaoré

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