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Drame de l’Université Norbert Zongo : Un an après, hommages aux victimes et interpellations des autorités

Publié le jeudi 1er septembre 2022 à 14h29min

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Drame de l’Université Norbert Zongo : Un an après, hommages aux victimes et interpellations  des autorités

31 août 2021-31 août 2022, cela fait un an jour pour jour que l’effondrement d’une dalle au sein de l’Université Norbert-Zongo (UNZ), a coûté la vie à trois étudiants et un ouvrier. Le collectif des délégués généraux élus de l’UNZ a voulu, à travers une conférence de presse tenue ce 31 août au sein de l’université, rendre hommage à ses camarades. Aussi, par cet acte, rompre le silence face à la lenteur de la justice et interpeller les autorités afin que lumière soit faite sur ce drame.

"Depuis la perte de nos chers enfants, on a coutume de dire que les grandes douleurs sont muettes, c’est dans nos familles que nous ruminons cette douleur, mais à cette occasion, nous avons la chance que vous partagiez avec nous ce fardeau, je vous en remercie" confie Amado Nana, un parent de victime lors de cette conférence de presse. Et comme lui, les parents des autres victimes étaient tous mobilisés, du côté des étudiants pour marquer d’une pierre blanche cette journée et surtout réclamer justice pour leurs enfants.

En rappel, c’est le mardi 31 août 2021 sur le chantier en construction de la cité universitaire de l’université Norbert-Zongo de Koudougou aux environs de 10h, que la dalle du foyer en construction s’est effondrée pendant que des ouvriers procédaient à un décoffrage. Alertés, les sapeurs-pompiers ont pu retirer un blessé des décombres, qui a été immédiatement conduit au Centre hospitalier régional de Koudougou. Malheureusement quatre corps sans vie seront retirés par la suite. Il s’agit des étudiants en génie civil, Serges Alexandre Kaboré, Mounira Adjaratou Nana, Baba Ibrahim Compaoré et d’un ouvrier de nationalité étrangère.

L’entreprise de construction n’avait pas d’assurance

Initiée par le collectif des délégués généraux élus de l’UNZ, cette rencontre avec les hommes de médias vise quatre objectifs selon les organisateurs. C’est d’abord de rendre hommage à leurs camarades et rompre le silence face à la lenteur de la justice et interpeller les autorités afin de faire la lumière sur ce drame. Par ailleurs, le collectif exige des autorités la prise en compte des préoccupations citoyennes pour une gouvernance vertueuse ; enfin prendre l’opinion publique à témoin, que si rien n’est fait avant le mois d’octobre, les étudiants vont descendre dans la rue pour réclamer justice.

Les étudiants et les parents des victimes mobilisés pour rendre hommage aux disparus

Pour mémoire, les premières enquêtes avaient permis d’inculper 08 personnes pour homicide et blessure involontaires, mais aujourd’hui, ces personnes seraient toutes en liberté provisoire. Quant au maître d’œuvre, il avait été sanctionné par l’ARCOP (Autorité de régulation de la commande publique), mais dernièrement l’entreprise aurait été blanchie par la justice. Aussi, ils ajoutent avoir reçu l’information de la part des parents des victimes que le groupe d’entreprises bénéficiaire du projet de construction n’avait pas d’assurance. Alors que l’on sait que l’assurance faisait partie des critères phares de l’attribution du marché de construction. Un ensemble de faits qui révolte davantage les étudiants. "Pour nous étudiants, aucun de ces arguments ne nous convainc, car c’est lamentable de voir qu’un dossier assez brûlant fasse une année complète sans avancée notable en terme de jugement", martèle Aziz Zongo, le porte-parole du collectif.

Situer les responsabilités

Du côté des parents, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Le temps passe, mais toujours rien de concret sur cette affaire et la douleur est toujours présente. " C’est un sentiment de frustration et d’abandon pour l’ensemble des familles. L’école étant un droit pour nos enfants, normalement leur sécurité devrait être la première, ce qui n’a pas été le cas. Notre principal interlocuteur qui est l’UNZ ne nous a jamais contactés., a confié le père de Feu Mounirata Nana, tout en précisant qu’ils étaient obligés de réclamer eux-mêmes de l’université, un accompagnement psychosocial de leurs épouses. Un psychologue qui, selon lui, fut dépêché par l’université mais dont les services furent interrompus pour insatisfaction.

Le présidium de la conférence de presse, Aziz Zongo, le porte-parole du collectif, 2e à gauche, entouré de parents des victimes, portant le message.

"Depuis le sinistre nous, n’avons eu aucun contact avec aucun responsable de l’entreprise, ni de l’université", a ajouté Madi Compaoré, parent de la victime Baba Ibrahim Compaoré. Il précise cependant qu’ils ont été obligés de se constituer en association afin de mieux se faire entendre et espérer avoir gain de cause. "Nous avions ainsi demandé les services d’un avocat qui par la suite nous a introduit auprès du juge d’instruction, mais jusqu’à présent toujours sans suite." Ils restent malgré tout confiants et déterminés pour l’aboutissement du dossier. Ils invitent ainsi les autorités à fournir plus d’efforts pour que justice soit faite afin que l’on puisse situer les responsabilités et surtout se pardonner.

A l’issue de la conférence, la journée d’hommage s’est poursuivie par une visite des tombes et le dépôt de gerbes de fleurs par les parents sur les tombes des victimes. A noter qu’en début de matinée, une messe et un doua ont été dits pour les victimes.

Prince Omar
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 septembre 2022 à 09:31, par Alph@2025 En réponse à : Drame de l’Université Norbert Zongo : Un an après, hommages aux victimes et interpellations des autorités

    Ainsi va le Faso. Honnêtement, on ne peut pas indexer un régime, car la situation s’est délitée progressivement au fil des années. On a vu progressivement par petites touches, la situation se dégrader. Mais on s’est tu car cela profitait soit à soit même, soit à des parents ou à des amis. Il n’y a eu personne pour recadrer la situation. Ainsi, petit à petit, les mauvaises pratiques se sont installées, et pire, ont été "légalisées". Le drame de Koudougou n’est que l’aboutissement de ce processus. Il y a eu des signes avant coureurs. Mais malheureusement , les pratiques sont comme un bateau lancé "en avant toute " en pleine mer : pour s’arrêter ou changer de direction, il faut du temps.
    A Koudougou, la rupture a été brutale. Y a t-il eu des signes avant coureur que personne n’a remarqué ? Apparemment non. Lors de l’effondrement de l’immeuble à Samandin en face du terrain de sport du Moro Naaba, le chef de l’équipe de carreleurs avait prévu initialement de loger son équipe sur le chantier. Mais ayant constaté de graves désordres sur le bâtiment, il a changer d’avis, ce qui a permis d’éviter des pertes en vie humaine puisque le bâtiment s’est effondré la nuit. Qu’il n’ y ait pas eu de signe avant coureur à Koudougou témoigne de la brutalité de la ruine. Cela veut dire également que toutes les mauvaises pratiques se sont cumulées à l’exécution de ce bâtiment. Je suis étonné que la Justice ait blanchi le Maitre d’Œuvre. La sanction de l’ARCOP était peut-etre excessive, mais le Maitre d’Œuvre ne peut pas etre blanchi dans cette affaire.

  • Le 2 septembre 2022 à 10:09, par kwiliga En réponse à : Drame de l’Université Norbert Zongo : Un an après, hommages aux victimes et interpellations des autorités

    Hum, la justice semble drôlement plus rapide et redoutablement plus ferme quand il s’agit d’une mine, plutôt que d’une construction...?

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