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Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

Publié le dimanche 28 août 2022 à 20h00min

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Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

Dans la tribune ci-après parvenue à notre rédaction, Paulo Hassane Coulibaly, citoyen africain, panafricaniste, interpelle les dirigeants africains à relever le défi de la bonne gouvernance et à s’assumer en ne faisant pas croire à leurs peuple et populations que les accords avec certains partenaires occidentaux sont à la base de la misère de leur pays.

La bonne gouvernance dans les pays africains reste un véritable serpent de mer, un vœu pieux. Des Etats naturellement nantis en ressources, mais des peuples parmi les plus pauvres de la planète, dans une extrême pauvreté. Il faut simplement assumer les responsabilités et éviter de perdre le temps dans des allégations populistes d’accords qui seraient à l’origine des misères que connaissent les pays africains. L’on est même tenté de souligner que certains de ces accords, autour desquels certains Africains tentent de faire feu de tout bois, essuient les effets pervers de la mal gouvernance, au même titre que les peuples !

Lorsque dans des pays en pleine crise terroriste, des chefs militaires, des ministres en charge de la défense et de la sécurité deviennent subitement les plus riches à crever les yeux, il faut simplement poser le doigt sur le mal. Quand dans des pays en crise, avec de nombreuses populations en détresse alimentaire, des ministres et autres responsables en charge de l’action humanitaire se frottent les mains et se constituent des fortunes, au-delà de ce dont ils pouvaient rêver, c’est laisser la proie pour poursuivre l’ombre que de mettre focus sur de quelconques accords. C’est en Afrique également qu’on trouve un agent public qui rivalise en richesses avec tout l’Etat, et sans même être inquiété.

La mauvaise gouvernance est à la base des crises que traversent de nombreux pays du continent. Quand des jeunes africains affrontent la mort avec les embarcations de fortune dans le seul but de se retrouver en Occident, ce n’est pas une question d’accords militaires, par exemple. C’est plutôt le manque de la bonne gouvernance, se traduisant entre autres par la corruption à ciel ouvert des dirigeants et des privilégiés des pouvoirs.

Plus de 60 ans après les indépendances, la quasi-totalité des Etats africains manquent même d’infrastructures sociales de base dignes de ce nom.
Lorsque des dirigeants se paient des véhicules de luxe, à hauteur de centaines de millions, des voyages mondains, s’échafaudent des châteaux à donner des tournis dans un environnement de misère généralisée de leurs propres concitoyens et font des thésaurisations avec les ressources publiques, on doit simplement avoir la décence et le courage de dénoncer et combattre le mal.

Derrière des dénonciations des accords, se cachent en générale la manipulation de certains dirigeants pour masquer leur mauvaise gouvernance, détourner l’attention des peuples et des populations des vraies réalités. Les Africains sont victimes à la fois de la malhonnêteté de leurs dirigeants et de la manipulation des ceux-ci contre certains partenaires qui, pourtant, sont les premiers au chevet des pauvres populations, lorsque surviennent des crises et autres catastrophes.

Les accords ne sont donc pas la cause de la mauvaise gouvernance et des malheurs des Etats africains, comme tentent de faire croire ces dirigeants en perte de vitesse, au dessein inavoué et une certaine élite mal informée ou de mauvaise foi.
L’on est même tenté de dire que, au regard de l’indécence qui entoure le comportement de certains gouvernants africains, la présence des partenaires, à travers les accords, limite les dégâts, de par certaines conditions qui sous-tendent ces conventions et l’œil des partenaires dans l’environnement national de mise en œuvre.

Entre fuite des bras valides, émeutes et coups d’Etat…, conséquences de cette mal gouvernance, les Etats africains ont encore du chemin pour se positionner sur la bonne dynamique de développement.

Avant de mener donc le combat contre ces accords, faisons le minimum ! Arrêtons de piller les ressources vitales de nos propres compatriotes ! Faisons en sorte que les hôpitaux publics africains ne soient pas uniquement pour les populations pauvres tandis que les dirigeants, eux, prennent les vols pour aller se soigner dans les pays dont ils diabolisent les politiques en Afrique.

Les politiques de bonne gouvernance sont prises à profusion, tant au plan national que par les institutions de coopération africaine et mondiale. Mais cela n’a pas suffi à mettre fin aux mauvaises pratiques aux sommets des Etats africains. Sous les auspices de l’Union africaine (UA), les dirigeants africains ont par exemple créé le Mécanisme africain d’Evaluation par les pairs (MAEP) en 2003, afin de suivre les performances des états membres en matière de gouvernance.

Instrument d’auto-évaluation, le MAEP a pour vocation de stimuler l’adoption de politiques, normes et pratiques favorisant la stabilité politique, la croissance économique, le développement durable, ainsi qu’à accélérer l’intégration régionale. Environ une vingtaine d’années après la création de l’initiative, les résultats se font toujours attendre.

« La bonne gouvernance est la solution aux problèmes du continent africain. Les défis en matière de paix et de sécurité traduisent surtout des problèmes de gouvernance, tels la gestion des élections. Même les problèmes liés au terrorisme, à la gestion de la diversité, au développement ont trait à la gouvernance. En Afrique, la bonne gouvernance facilite tout, sinon il y a des blocages. C’est la clé ! La gouvernance judicieuse permettra à l’Afrique d’être reine du siècle », a su résumer le directeur général du secrétariat du MAEP, Pr Eddy Maloka, dans une interview accordée en 2018 au journal Afrique Renouveau.

Réprimer les coups d’État ne suffira donc pas, quels que soient les textes nationaux et internationaux. Il faut impérativement s’attaquer aux lacunes en matière de gouvernance. La mauvaise gouvernance a un impact et coûte à tous les secteurs de la vie nationale. Il est vraiment grand temps que chaque pays africain fasse le bilan de sa gestion, de son ascension à l’indépendance à ce jour, avant de s’en prendre à des supposés accords qui entravent son développement.

Paulo Hassane Coulibaly
Citoyen africain, panafricaniste

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Vos commentaires

  • Le 28 août 2022 à 22:47, par TANGA En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    Je répond tout de suite à la question qu’est votre titre ou introduction.
    Non ! Ce sont les mêmes qui font tout.
    Ceux avec qui on signe les accords qui tient nos pays sont ceux la qui tiennent nos gouvernants par les COUILLES. C’est eux qui leur mettent des milliards dans des comptes en occident, c’est eux qui leur montre le chemin à suivre ou dégager.
    Les détournements sont utilisés pour brimer nos peuples afin de rester au pouvoir et quand ça ne va pas, le maître (le colon).
    Sachez que le maître n’a pas intérêt que la majorité de nos peuples sachent lire et écrire si non, les peuples feront pression. Comme ils sont dans la nécessité, ils tendent la main à qui donne mieux et non à qui a un bon programme. Ainsi, on reste derrière et les prochains gourvernants sont choisis dans nos rangs ou dans leurs grandes écoles.
    Quelqu’un qui émerge de ’’nul part’’ comme eux le disent ne peut pas entrer en compétition avec leurs choisis faute de moyens financiers et de communication.
    Maintenant ce sont des opérateurs économiques parvenus qui veulent entrer dans la danse car ayant eu beaucoup de marchés des différentes coopérations.
    Donc sachons reson garder. Mal gouverneurs et vendeurs des pays sont les mêmes.

  • Le 29 août 2022 à 00:50, par Baoyam En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    Votre naiveté se trouve dans l’incapacité à voir la relation entre les deux. La mauvaise gouvernance n’est pas indépendante de la relation de tutelle entre les Etats africains et leur soit-disant ex colons. Pour qu’il y ait bonne gouvernance il faut que nos dirigeants se mettent dans la tête qu’ils doivent rendre compte à leurs peuples uniquement. Quand ils pensent que leur survie dépend plus du bon vouloir de l’extérieur que de l’intérieur, ils ont tendance à ne pas bien gouverner parce que ceux qu’ils gouvernent ne commandent pas leur destin.

    Par ailleurs comment la plupart de nos dirigeants accèdent au pouvoir ? Quel système les choisit ? Est-ce parce qu’il manque de personnes honnêtes en Afrique ? Répondez à ces questions et vous verez l’origine du problème.

    D’un côté les pays dits puissants dictent aux Etats africains et nos dirigeants ce qu’ils doivent faire et de l’autre côté ils prétendent qu’on est indépendant et que nos dirigeants sont responsables de ce qui se passe mal chez nous. On ne peut pas avoir une chose et son contraire. Quand à ceux qui réclament la fin de la tutelle extérieure sur l’Afrique, ils sont bel et bien conscients que la lutte va de pair avec l’exigence d’une gouvernance dans l’intérêt des peuples.

    Par ailleurs, on commet l’erreur (en Afrique et nulle part ailleurs) de croire que la gouvernance est unne discipline académique qu’on apprend avec des règles à appliquer. Rien n’est moins vrai, on ne peut gouverner dans l’intérêt des nos peuples que si on est attaché exclusivement et jalousement à l’indépedance et la réalisation de soi de ces peuples. Sans ça tout le reste n’est que dubitation.

  • Le 29 août 2022 à 01:27, par WALY En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    Ou vous faites exprès ou vous êtes naïf. Cette mauvaise gouvernance est la conséquence des accords que vous tentez de minimiser. Tous les grands dirigeants comme Lumumba, Nkrumah, SANKARA sont morts pour avoir voulu remettre en cause ces fameux accords. C’est au nom et pour préserver ces accords que les OCCIDENTAUX n’acceptent et ne promeuvent que les APATRIDES qui leurs livrent nos pays pieds et poings liés. Comment pouvez-vous comprendre que les gouvernements burkinabé signent des accords où l’ETAT n’a que 5% du fruit des mines ? En contrepartie la DETTE et la Mauvaise Gouvernance nous plongent dans un cycle de dépendance sans fin. Vous êtes comme ces gens qui disent que les principaux fautifs dans l’esclavage sont les africains. Vous êtes des pseudo intellectuels qui luttent furieusement pour protéger vos maîtres blanc en criant au voleur alors que c’est vous le voleur. Les accords sont l’origine, la mauvaise gouvernance la conséquence. Il s’agit des 2 composants d’une réalité, l’impérialisme et le néocolonialisme. Évidemment il s’agit d’un schéma, la réalité étant plus complexe.

  • Le 29 août 2022 à 07:58, par kwiliga En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    Ben oui, Coulibaly, on le sait bien, mais c’est tellement plus aisé d’incriminer la vielle paille dans l’œil du voisin, plutôt que de tenter d’extirper la nouvelle poutre qu’on a dans le sien.

  • Le 29 août 2022 à 08:09, par Beoneré En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    Les accords ni tête ni queue sont en effet les conséquences de la mauvaise gouvernance. Le mal vient de l’intérieur. Ces gouvernants corrompus par les partenaires dit de développement signent sans honte ,ni gène aucune ses contrats en défaveur de leur pays. Voilà le.nœud du problème. Aucun développement n’est possible sans une prise de conscience et une gouvernance vertueuse où du moins une priorisation des intérêts du peuple.

  • Le 29 août 2022 à 08:29, par IGNACE En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    MERCI POUR CETTE MISE A POINT
    ET DIRE QUE TOUT LE MONDE EN EST CONSCIENT MAIS DèS QU’ON SE RETROUVE DANS LA MÊME SITUATION ON ASSURE LA CONTINUITE DE CES MAUVAISES PRATIQUES

  • Le 29 août 2022 à 11:12, par L’Homme Descend Du Sage En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    En grande partie d’accord.
    Mais quand vous dites d’ "éviter de perdre le temps dans des allégations populistes d’accords qui seraient à l’origine des misères que connaissent les pays africains", je progresse en proposant qu’il faut prendre du temps pour avoir une parfaite connaissance de ces accords qui pourraient être une minime portion de cause de cette misère. L’autre plus grande portion reste et demeure en effet la mal gouvernance.
    Parce qu’il existe vraiment des accords (ou des liens) qui vous maintiennent dans une certaine dépendance malgré tous vos efforts de recherche de développement.

  • Le 29 août 2022 à 11:38, par Le petit tranquilos En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    Dans tout ça la majeure partie de nos OSC sont composées de truands. Voilà des situations qui doivent être résolues par elles. Mais hélas.
    Regardez toute l’importance des rails entre Ouagadougou Kaya et frontière Niger. Blaise Rock jean Baptiste et kafando nous doivent des explications. Que nos OSC parviennent à instaurer un débat entre autorités et elles en plus des leaders d’opinion pour un devoir de redevabilité au peuple burkinabè.
    Merci Mr Coulibaly pour votre courage et votre vision.

  • Le 29 août 2022 à 12:21, par MIMI En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    Merci pour cette analyse sans complaisance ! Commençons par balayer devant notre case !

  • Le 29 août 2022 à 14:26, par Daouda Emile Ouédraogo En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    Répondre en commentaire à telles incongruités, c’est suivre ce “mal-informé” sur ce que les autres lui ont dit d’écrire ! Je pense qu’un droit de réponse en bonne et due forme permettra de recadrer ce “monsieur “. Rdv bientôt ! Et, j’espère que M. Cyriaque Paré ne refusera pas de publier mon droit de réponse, comme il l’a fait dans le cas de ma réponse à SEM Luc Halladé de la France, en allegant le fait que je ne l’ai pas envoyé tôt ; car, dans le code de l’information, l’on dispose de 3 mois au maximum pour faire un droit de réponse. Alors, respectons notre bréviaire.
    Merci

  • Le 11 septembre 2022 à 13:13, par CIGA En réponse à : Afrique : « La mauvaise gouvernance n’est-elle pas plus fatale que ces accords qu’on dénonce pompeusement ! » (tribune)

    La bonne raison de la mauvaise gouvernance est la même que l’engagement volontaire de certains africains comme tirailleurs sénégalais dans la CYBERARMEE d’Emmanuel Macron avec pour mission de banaliser les CRIMES de la France en Afrique. Je ne doute pas que M. Coulibaly en sait beaucoup.

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