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Liberté d’expression et d’information : "Article 19" interpelle Blaise Compaoré

Publié le mercredi 21 décembre 2005 à 09h44min

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L’Organisation de défense des droits humains, "Article 19" "déplore la
faiblesse du volontarisme étatique et insiste sur la nécessité d’une disposition
sur l’accès à l’information". Telle est la substance de cette lettre adressée au
président du Faso, Blaise Compaoré.

Monsieur le Président,

ARTICLE 19 tient tout d’abord à vous féliciter de votre réélection au poste de
président du Burkina Faso, suite au scrutin du 13 novembre. Aidé de cette
nouvelle légitimité électorale, nous espérons ainsi que vous accentuerez les
efforts de ces dernières années en vue d’une plus grande promotion de la
liberté d’expression.

Le Burkina Faso a ratifié, entre autres, la Charte africaine sur les droits de
l’homme et des peuples en 1984, et sa Constitution reconnaît dans son
Article 8, « la liberté d’opinion, de presse et le droit à l’information ».
Cependant, malgré la loi d’information de 1993, ces dispositions n’ont pas
été jusqu’alors suffisantes. Nous vous enjoignons ainsi, au cours de ce
nouveau mandat, à prendre de plus fermes dispositions afin de valoriser et
de garantir dans les faits, non seulement une liberté d’informer, mais aussi un
accès équitable à l’information.

ARTICLE 19 est préoccupé par le fait qu’aucune disposition légale ne soit
aujourd’hui en vigueur pour garantir spécifiquement un droit égal d’accès à
l’information. Reconnu par des conventions internationales comme
indispensable à la démocratie, le droit d’accès à l’information stipule que
chacun doit avoir accès à diverses sources d’information, notamment celles
d’origines gouvernementales. Nous vous invitons ainsi à mettre en oeuvre
une réelle politique nationale visant à garantir ce droit, à l’image de la loi
Sud-africaine sur la promotion de l’accès à l’Information ou de l’article 41 de
la Constitution ougandaise et sa loi récente de 2005 (l’Access to Information
Act).

L’élection présidentielle du 13 novembre illustre par exemple les disparités
régionales face à l’accès à l’information. En effet, les médias publics n’ont
pas pris en compte les langues locales. Il convient donc de s’interroger sur la
compréhension des messages électoraux et leur diffusion auprès des
populations. De plus, certaines sous-régions ont été privées de matériel
électoral par leur trop grand éloignement et l’état du réseau routier, rappelant
ainsi l’inégalité des populations et des territoires face à la liberté d’expression
et d’information.

ARTICLE 19 déplore ainsi la faiblesse du volontarisme étatique et insiste sur
la nécessité d’une disposition sur l’accès à l’information. En effet, une telle
garantie est indispensable au bon fonctionnement de votre gouvernement et
à l’achèvement de la démocratie.
Notre organisation se tient de plus à votre disposition pour guider une telle
mise en place.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute
considération.

Londres, le 12 décembre 2005

Agnès Callamard,
Exécutive Director

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