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Lutte contre le terrorisme au Burkina : L’accueil des déplacés oublie le volet travail

Publié le samedi 13 août 2022 à 23h30min

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Lutte contre le terrorisme au Burkina : L’accueil des déplacés oublie le volet travail

Nous sommes en pleine saison des pluies. C’est le joli mois d’août, généralement le plus arrosé au Burkina. En ce mois, les experts prédisent déjà la physionomie des récoltes futures et les commerçants véreux, profitant de la soudure, examinent les champs pour proposer des prêts usuriers contre le mil encore sur pied. Cette année, beaucoup de champs sont à l’abandon aux quatre coins du pays, parce que les producteurs ont été chassés de leurs villages par les groupes terroristes.

Face à un problème, il y a ceux qui crient et pleurent et il y a ceux qui pensent pour agir. Ceux-là ne cherchent pas des boucs émissaires du genre c’est la faute à celui-ci ou à tel pays, ils recherchent les vraies causes du problème et les solutions adaptées.

Eux, ils prennent cette guerre comme une opportunité. Nos militaires qui ont fait des écoles de guerre devraient se dire chiche, j’ai appris dans les livres et des professeurs, me voilà devant la réalité, à moi d’agir et de gagner. C’est cela que l’on attend d’eux, de l’innovation, de la pensée stratégique et tactique face à une situation concrète.
Depuis le début de cette crise, les villages et les garnisons sont attaqués et quand l’ennemi gagne c’est un lot de réfugiés qui affluent sur une ville supposée plus forte, plus sûre, une place mieux défendue.

Ces réfugiés qui ont tout perdu viennent grossir le lot des chômeurs et des sans-emploi des villes comme Dori, Kaya, Fada, Dédougou, Ouahigouya… Ces hommes, ces femmes et ces enfants doivent vivre désormais de la charité, n’ayant plus de terre à cultiver, du bétail à élever. Personne ne sait quand viendra la fin de ces déplacements forcés. Le plus grave c’est que le gouvernement compte sur l’aide extérieure pour nourrir ces personnes déplacées.

Cette situation comporte beaucoup d’incertitudes et d’aléas et elle ne peut pas s’éterniser. Il faut que nous puissions lutter contre l’insécurité et pouvoir produire pour vivre. Si les activités économiques sont interrompues dans plusieurs zones et pour davantage de populations, nous n’y parviendrons pas. La communauté internationale ne prendra jamais en charge vingt millions de personnes dans un seul pays. C’est pour dire que cette question économique et de subsistance est aussi une des clés de la victoire.

Pour cette saison agricole, on peut estimer que la Boucle du Mouhoun qui est un des greniers du Burkina ne pourra pas offrir les récoltes qu’elle apportait pour l’autosuffisance alimentaire du pays parce que toutes les provinces : les Banwa, la Kossi, le Mouhoun, le Nayala, le Sourou, et

le Tuy ont subi des attaques avec pour la plupart des déplacements de populations. A la Boucle du Mouhoun s’ajoute le nord, le centre nord, le Sahel et l’Est qui sont des grandes zones de no man’s land aujourd’hui. Et avec ces hordes terroristes qui se baladent dans la brousse, comment travailler sereinement dans son champ quand on est seul sans défense ? L’impact sur la production sera important et le déficit céréalier sera conséquent pour le pays.

Offrir aux paysans un cadre de vie et de production sécurisé

C’est pourquoi il faut réfléchir sur comment faire marcher l’agriculture dans ce contexte de harcèlement des groupes terroristes. Comment faire produire plusieurs paysans ensemble sur un espace surveillé et sécurisé ? Il y a une double contrainte de production et de sécurité qu’il faut assurer aux paysans. C’est dans cette optique aussi qu’il faut entrevoir le retour dans les zones qui seront libérées sinon ce sera le perpétuel recommencement.

On se demande si le gouvernement peut garantir qu’il a le contrôle de la vallée du Sourou aujourd’hui. Pourtant c’est un pôle de croissance économique et c’est une zone qui devrait bénéficier de toute la sécurité pour son potentiel et son apport à l’économie et à l’autosuffisance alimentaire du pays. Il serait temps de réfléchir à la protection sécuritaire des zones économiques : pôles de croissance de Bagré, de Samandéni, du Sourou, des zones industrielles et commerciales.

Les groupes terroristes visent à créer une désorganisation totale du pays au plan administratif, social, économique. Ils veulent faire du pays, un espace où rien ne marche, pas de routes, pas d’écoles, pas de dispensaires, … Dans ce chaos créé par eux ils seront les seuls maîtres du pays. Nous ne devons pas nous laisser enfermer dans le piège qu’ils dressent devant nous.

Pour cela, il faudrait peut-être dans les régions à faible défi sécuritaire, pouvoir garantir une fin de saison laborieuse aux paysans en leur assurant la sécurité au champ et au village par la création des postes de guets et de surveillance par drone si possible.

On ne le répètera jamais assez, cette guerre est la nôtre, parce que c’est notre pays, c’est à nous de la gagner (le président Paul Henri Damiba le dit aussi). Faisons preuve de courage, nous avons les forces et les intelligences. Des armes et des outils peuvent nous venir de l’étranger, mais que ce soient les Burkinabè par leur force, leur intelligence, leur courage, leur générosité, leur ingéniosité, leur amour de la patrie, leur intégrité … qui gagnent cette guerre.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 13 août 2022 à 18:31, par HUG En réponse à : Lutte contre le terrorisme au Burkina : L’accueil des déplacés oublie le volet travail

    Mr Sana, Ladji yoro disait a quelque jour de sa mort qu il.n y a.pas de sincérité dans la.lutte contre le terrorisme.Moi je crois à ces dires.Surement il y a dea gens qui profitent du terrorisme..Sinon comprendre que ces endeuilleurs de famille attaquent à quelque km des campas militaires, de gendarmerie et il n y a pas de reaction.L exemple recent est le cas de Seguenega dans le yatenga a mis chemin entre kongoussi et ouahigouya.J ai toujours que cette guerre ne sera jamais gagné tant que la methode defensive sera adoptée.

  • Le 14 août 2022 à 12:20, par jeunedame seret En réponse à : Lutte contre le terrorisme au Burkina : L’accueil des déplacés oublie le volet travail

    « On ne le répètera jamais assez, cette guerre est la nôtre, parce que c’est notre pays, c’est à nous de la gagner (le président Paul Henri Damiba le dit aussi). Faisons preuve de courage, nous avons les forces et les intelligences. » Cela ne se dit pas mais ça se constate. M. GUY, détachées et impuissantes sont les personnes comme vous qui en font une préoccupation. Cette guerre est beaucoup plus un BUSINESS qu’une angoisse. Et voilà les moyens et la lutte faits à la diable. Seul le BUSINESS justifie ce sabotage.

  • Le 15 août 2022 à 10:12, par Los En réponse à : Lutte contre le terrorisme au Burkina : L’accueil des déplacés oublie le volet travail

    Bon dieu ! Il est grand temps que les populations touchées arrêtent de fuir pour s’organiser pour combattre ces salopards. Et pour cela même les zones non concernées doivent se joindre à ce combat car il s’agit de la survie du Burkina. Ces salauds peuvent attaquer a cent mais ils auront face à eux mille burkinabè. C’ est comme cela que le Vietnam a vaincu ses ennemis en situation inferieur sur le plan matériel. Notre nombre doit être notre force. La patrie ou la mort, nous vaincrons !

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