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Quinquennat présidentiel : L’engagement solennel de Blaise Compaoré

Publié le mercredi 21 décembre 2005 à 10h38min

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Elu le 13 novembre 2005 avec 80,35% des voix pour la 3e fois consécutive
sous la IVe République, Blaise Compaoré a été investi dans ses fonctions de
président du Faso le 20 décembre 2005. C’était dans la somptueuse salle de
Banquets de Ouaga’2000, devant onze chefs d’Etat d’Afrique, des chefs de
gouvernement, de nombreux invités et un parterre de personnalités venues
d’ici et d’ailleurs. Une cérémonie sobre, courte et pleine de sens.

"Le Conseil constitutionnel !" Il était 11 h 30 mn en ce 20 décembre 2005
lorsque cette phrase retentit dans la salle de Banquets de Ouaga’2000. Les
convives sont dans la station debout. Le président du Conseil constitutionnel,
Idrissa Traoré, entouré à gauche de 4 de ses collègues et à droite de 5 autres
ordonne à l’un d’entre eux : "Michel Filiga, veuillez bien introduire Blaise
Compaoré".

L’envoyé s’exécute, et Blaise Compaoré de prendre place dans
un fauteuil qu’il testera sous des éclats de rire de l’assistance. Il était 11 h 37
mn. C’est alors que le président du Conseil constitutionnel ordonne cette fois
à sa secrétaire générale de lire les décisions de l’audience solennelle de
prestation de serment. Un peu essoufflée par cette lecture qui dura 16 mn, la
secrétaire générale du Conseil constitutionnel termine par l’article 39 de la
Constitution pour déclarer Blaise Compaoré élu au premier tour, face à douze
autres candidats de l’opposition, avec 80,35% de voix après une "élection
régulière". Et Idrissa Traoré de donner acte de cette lecture avant de lancer
avec humour : "situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle : on vous
autorise à applaudir". Eclats de rires et tonnerre d’applaudissements dans la
salle. L’atmosphère est détendue.

Et vient l’heure d’appeler Blaise Compaoré "à la barre" pour sa prestation de
serment. Il est 11 h 53 mn. La salle garde son calme et tend l’oreille. La main
droite levée, Blaise Compaoré, dans un costume sombre, et l’air serein, jure :
"Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de
respecter, de faire respecter et défendre la Constitution et les lois, de tout
mettre en oeuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina
Faso". Cet acte si important n’a pourtant duré que 30 secondes. Blaise
devient dès lors président du Faso et est officiellement installé.

A peine a-t-il
regagné sa place qu’il est rappelé "à la barre", cette fois en tant que président
du Faso. Il était 11 h 54 mn. Il est invité par le président du Conseil
constitutionnel à déposer la liste de ses biens. C’était sous scellé. Le
président du Faso quitte la barre, avance vers le président du Conseil
constitutionnel et tend une enveloppe. C’était la fameuse liste. Idrissa Traoré,
après l’avoir reçue, s’exclame : "c’est petit hein !" Une nouvelle fois, le
président du Faso et toute la salle éclatent de rire. Ces biens, on n’en aura
pas les détails. En tout cas, pas par le grand public. C’était le dernier geste de
l’audience solennelle de prestation de serment.

Avant de quitter sa place, le
Conseil constitutionnel, à travers son président, adresse ses félicitations et
des voeux d’épanouissement au nouveau président. Il est 11 h 57 mn et c’est
la fin de l’audience. Le Conseil constitutionnel se retire.
Trois minutes après, le président du Faso est de nouveau invité devant
l’assistance. Cette fois, pour recevoir le collier de Grand maître des Ordres
burkinabè. L’honneur revient au Grand chancelier des Ordres burkinabè, le
colonel Mamadou Djerma, de le lui remettre en ces termes :"Monsieur le
président du Faso, nous vous reconnaissons comme Grand maître des
Ordres burkinabè".

Le président du Faso rejoint sa place pour recevoir un
hommage traditionnel assuré par une troupe de Koupèla avec à sa tête un
chef traditionnel. Les "benda" et les "lunsé" (instruments de musiques)
distillent un son particulier et on se croirait à une intronisation de chef
traditionnel.
C’est après ce cérémonial que le chef de l’Etat prononce son discours
d’investiture.

Bref, mais précis, Blaise Compaoré déclare qu’il mesure la
portée de la cérémonie qui venait de se dérouler, surtout dans "le contexte
particulier de notre pays défavorisé à maints égards par la nature, mais
déterminé à inventer son avenir grâce au courage et au génie de son
peuple". Le Burkina en progrès continu ! Telle est la conviction de Blaise
Compaoré investi.

Sur le ton qu’on lui connaît, le président de tous les
Burkinabè a rappelé que la campagne électorale a été la meilleure
illustration de la stabilité politique dans notre pays. C’est tout logiquement
qu’il a adressé sa reconnaissance à tous ceux qui se sont impliqués pour
assurer le triomphe de son programme politique.
Blaise Compaoré a eu une pensée particulière pour la presse : "L’ensemble
de la presse écrite et audiovisuelle a fortement contribué à la sérénité et au
bon déroulement du scrutin".

Et de conclure : "Je tiens à relever et à saluer ce
travail méritoire".
Blaise Compaoré, élu et investi, reste convaincu qu’il y a des "victoires qui
incitent à une profonde introspection sur l’ampleur des responsabilités
auxquelles elles engagent". Le programme du nouveau président du Faso,
"le progrès continu pour une société d’espérance", est, a-t-il dit, un contrat qui
prépare notre avenir commun. Pour lui, sa mise en oeuvre libérera les
énergies, les talents et les initiatives. Elle rendra chaque citoyen
"responsable de son destin et solidaire de son prochain". Cette ambition, le
président du Faso l’a décrite en 3 axes : la valorisation du capital humain,
l’élargissement des opportunités de création de richesses et d’emplois et
enfin la construction de nouvelles infrastructures de soutien à la production
pour accélérer les progrès de l’économie nationale. De nouveaux chantiers
qui font dire à l’enfant terrible de Ziniaré que "le cheminement vers la société
d’espérance pour le Burkina Faso sera parsemé d’obstacles, mais les
objectifs à atteindre sont à notre portée".

Des grands chantiers seront donc ouverts au cours de ce quinquennat. Ils
raffermiront prioritairement, dira Blaise Compaoré, les opportunités d’emploi
des jeunes et des femmes. C’est pourquoi le premier magistrat du Burkina en
appelle à une mobilisation exceptionnelle de toutes les énergies pour
qu’"ensemble, dans la solidarité et la cohésion (...), nos actions quotidiennes
traduisent notre ambition légitime de vivre mieux".
Il est certain que beaucoup de défis restent encore à relever. Et
l’ancien-nouveau président de noter qu’il n’y a que l’abnégation au travail et
l’ingéniosité de nos populations et la bonne gouvernance pour forcer les
portes du progrès.

Ce fut une adresse brève mais pleine de sens que le président du Faso a
faite en ce jour mémorable du 20 décembre 2005.
Finies les élections, finie l’investiture. Le travail (re)commence.

Par Alexandre Le Grand ROUAMBA


Ils ont dit

Juliette Bonkoungou (ambassadeur du Burkina au Canada)

"J’ai une très grande émotion, la solennité de la cérémonie aidant. Mais je
pense à tous les défis qui attendent le chef de l’Etat. Je lui souhaite une
bonne santé, et que le seigneur puisse l’accompagner pour le bonheur du
peuple burkinabè.
Avant d’être diplomate, je suis d’abord militante de mon parti. Et pour moi, la
qualité de militante demeure, quel que soit le poste que je suis appelée à
occuper. Cela n’entache en rien ma fonction.
Ce sera un mandat avec beaucoup de défis. Quand je regarde le calendrier
des élections, il y a tout de suite les municipales et bientôt les législatives. Il y
aura certainement un accent particulier sur la politique, mais je fais confiance
au chef de l’Etat pour relever avec brio tous les défis qui vont se présenter

Alpha Omar KONARE (président de la commission de l’Union africaine)

"Quand il y a une passation normale du pouvoir , nous ne pouvons que nous
en réjouir. Nous souhaitons que partout sur le continent, on puisse organiser
de bonnes élections qui permettent des passations de pouvoir et l’alternance.
Quand il y a un climat de paix et de sérénité, ceci est très important. Les
causes des conflits en Afrique sont connues, il s’agit de la malgouvernance,
des élections mal organisées et contestées et des contestations de frontières.
Chaque fois que ces causes-là sont maîtrisées, nous ne pouvons que nous
en réjouir. Je souhaite au peuple burkinabè beaucoup de succès, encore
d’autres élections qui permettent des passations ordinaires du pouvoir.

Car
au bout des élections, (ce ne sont pas des finalités en elles-mêmes), elles
créent les conditions pour la stabilité et apportent des réponses aux
problèmes. Dans nos pays, nos processus démocratiques doivent permettre
d’obtenir l’adhésion des populations, à créer la concorde et à faire en sorte
que nos populations se sentent responsables et prennent l’initiative . La
démocratie doit permettre de résoudre les problèmes de nourriture et de
travail pour les jeunes, sinon ce serait la voie de l’aventure."

Saye ZERBO (ancien chef d’Etat du Burkina)

"La cérémonie a été parfaite, on est très heureux d’avoir pu vivre cet
événement dont l’organisation a été réussie. En tant qu’ancien chef d’Etat, s’il
arrive qu’il ait besoin de mes conseils, je suis parfaitement disponible. C’est
tout à fait normal. Les anciens ont toujours quelque chose à transmettre."

Amadou Gon Coulibaly, membre de la délégation du RDR ( Côte d’ivoire)

"Nous sommes là au nom du Rassemblement des démocrates de Alassane
Dramane Ouattara. Traditionnellement, nos deux peuples ont toujours eu de
bonnes relations. Au nom de notre parti, nous venons partager ces instants
de bonheur et d’espérance aux côtés du peuple burkinabè. De notre point de
vue, c’est une cérémonie qui caractérise la reconnaissance de l’Etat de droit
et l’enracinement de la démocratie au Burkina Faso. Nous félicitons le peuple
burkinabè pour cela.

C’est une très belle cérémonie, sobre. Nous avons apprécié profondément
l’intervention du président du Faso. Un discours pas long, mais tout y était.
Félicitations au président du Faso et au peuple burkinabè pour cet exemple
de démocratie qui doit servir à l’ensemble du continent.

Cheikh Sylla (ambassadeur du Sénégal au Burkina)

"Comme l’a dit le président du Faso, le Burkina peut être fier. J’ai noté que
dans son programme , il y avait un axe stratégique qui concerne le
rayonnement international du Burkina. A voir la présence de 11 chefs d’Etat
venus de tout le continent, c’est déjà une illustration que le Burkina a un
rayonnement qu’il faut continuer à améliorer. Je crois que les Burkinabè
doivent être fiers de ce qui vient de se passer."

John Jerry Rawlings (ancien chef d’Etat du Ghana)

"J’ai passé mon temps à travailler de façon laborieuse, à faire prendre
conscience aux populations et à me battre pour la justice. C’était ma
conviction, bien avant d’être chef d’ Etat. Je continue de le faire actuellement
mais je suis un peu triste de ce que mon pays est en train de devenir à cause
de la corruption.
C’est un fléau contre lequel il faut continuer à se battre, si on veut avancer. Il
y a tellement de choses à faire."

Mme Brigitte Girardin, ministre française déléguée à la coopération, au
Développement et à la Francophonie

C’est ma première visite au Burkina. L’investiture du président Compaoré
était assez émouvante. J’espère revenir bientôt pour signer un accord de
coopération pour les 5 ans à venir.

Amadou Toumani Touré (président du Mali)

Je suis Burkinabè, il ne faut pas l’oublier. Je suis venu au nom du peuple
malien pour saluer le peuple burkinabè et profiter de l’occasion pour adresser
notre amitié sincère à ce peuple qui est un peuple frère. Participer à cette
cérémonie est la manifestation de toute l’amitié que nous avons pour le
président Blaise Compaoré et pour le Faso. Je profite de l’occasion pour lui
adresser mes vives et chaleureuses félicitations. Je profite aussi de l’occasion
pour saluer l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle. Maintenant,
les élections sont terminées, ce qui prévaut maintenant, c’est le Faso.

Propos recueillis par A.T et A.L.G


DANS LES COULISSES

Longs conciliabules

A la sortie de la cérémonie d’investiture, Alpha Omar Konaré et le secrétaire
exécutif du CEN-SAD sont entrés dans un long conciliabule si bien qu’ils ont
dû retourner en salle, histoire d’éviter peut-être des oreilles indiscrètes.

Eh Bazié !

Le photographe de la présidence a été hélé par ses collègues pendant la
cérémonie. Lui seul a eu le privilège de passer le cordon de sécurité, mais à
force de chercher les meilleurs angles, il obstruait les objectifs de ces
confrères qui le lui ont signifié de vives voix.

Garde-à-vous présidentiel

Mathieu Kérékou, président du Bénin, et John Jerry Rawlings ont fait le salut
militaire à leur frère d’armes Blaise Compaoré avant de le féliciter.

Les champions

A l’applaudimètre des invités à la cérémonie d’investiture, il y a
incontestablement Ellen Sirleaf, présidente du Liberia, et l’ancien président
ghanéen, John Jerry Rawlings. Ces deux personnalités ont la côte auprès du
public burkinabè.
Pour le second, il y a même des personnalités qui ont tenu à poser avec lui
pour la postérité. C’était la séance photos

Une investiture aux allures de sommet

Blaise Compaoré aura réussi le pari de rassembler nombre de ses pairs à
l’occasion de son investiture. En dehors de John Jerry Rawlings, ancien chef
d’Etat du Ghana, d’Alpha Omar Konaré, président de la Commission de
l’Union africaine, on a noté la présence de 11 chefs d’Etat (Mali, Niger,
Ghana, Togo, Bénin, Liberia, Guinée-Bissau, Centrafrique, Rwanda, Soudan
et Mauritanie).
A ceux-là, il faut ajouter les Premiers ministres de la Côte d’Ivoire, (Konan
Banny) et du Maroc (Driss Jettou) et de la Guinée Conakry, le SG de la
CEN-SAD représentant le colonel Khadafi. Seul un chef d’Etat voisin était
absent, à savoir Laurent Gbagbo. Le Sénégal, la République de Chine, le
Tchad, l’Italie, l’Egypte, Madagascar, la Tunisie, le Koweït, l’Arabie Saoudite et
la France ont envoyé des représentants. Cette investiture a pris des allures
de sommet de chefs d’Etat.

Blaise a-t-il un blanc dans son gouvernement ?

Alors que les membres du gouvernement du Burkina sont invités à aller
féliciter Blaise Compaoré, on a aperçu un blanc dans le lot. Ce qui a
provoqué des rires dans la salle.

Qui est fou ?

Blaise Compaoré est resté sur place pour recevoir les félicitations. Mais
lorsqu’on a annoncé le tour de sa belle-mère d’aller le féliciter, il a préféré la
rejoindre à sa place pour lui donner des accolades. Qui est fou pour
demander à sa belle-mère de le rejoindre, fut-il président ?

Un président, un ministre

Chaque chef d’Etat présent à l’investiture était affecté d’un ministre du
gouvernement Yonli. Ainsi, Mariam Lamizana suivait les pas de la libérienne
Sirleaf, Adama Fofana était devenu mauritanien, Yéro Boly ghanéen,
Boureima Badini togolais, Seydou Bouda nigérien, Hypolithe Lingani
béninois, Gisèle Guigma malienne, Jean-Baptiste Compaoré centrafricain,
Joseph Kahoun Rwandais et Moumouni Fabré Soudanais.

Rassemblés par A.L.G. et A.T.

P.-S.

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Blaise COmpaoré

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