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Café politique de l’ARGA : La première édition se penche sur la place des ethnies dans la crise sécuritaire au Burkina

Publié le dimanche 31 juillet 2022 à 22h20min

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Café politique de l’ARGA : La première édition se penche sur la place des ethnies dans la crise sécuritaire au Burkina

L’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (ARGA), section Burkina Faso, a initié, le vendredi 29 juillet 2022 à Ouagadougou, un café politique. Ce cadre inclusif multi-acteurs d’échanges, de réflexion collective et de propositions sur la gouvernance démocratique a réuni des hommes politiques, des leaders de la société civile, etc.

Les échanges à l’occasion de cette première édition du café politique de l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (ARGA), section Burkina, ont porté sur le thème « Crise sécuritaire, humanitaire et institutionnelle au Burkina Faso : quelles contributions des partis politiques et des OSC ? ».

Selon les initiateurs, il s’agit de créer un espace inclusif multi-acteurs d’échanges, de réflexion collective et de propositions sur la gouvernance démocratique. De l’avis de Boureima Ouédraogo, l’un des panélistes, cela permettra aux différents acteurs de se parler et de s’écouter, car le constat est qu’au Burkina, ce n’est pas la chose la mieux partagée. « Donc on a créé ce cadre de différents acteurs de différentes obédiences politiques pour qu’ils puissent donner leur point de vue sur ces questions de l’heure », a-t-il déclaré.

Deux autres éditions du café politique auront lieu en septembre et fin octobre, a informé Boureima Ouédraogo.

De la présence massive de l’ethnie peule dans les groupes terroristes

Pour Boubacar Sanou du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le problème du Burkina, c’est le manque de leadership. « On rejette tout sur les autres. Aucun Burkinabè n’est responsable de quelque chose. Quand tu prends l’homme politique, sa préoccupation principale, c’est de conquérir le pourvoir et de le conserver », a-t-il dénoncé.

La conséquence de cela, a-t-il poursuivi, est que les acteurs politiques sont prêts à s’allier à n’importe quel diable pour atteindre leurs objectifs. Prenant l’exemple du Niger, M. Sanou a soutenu que lorsque la question touarègue s’est posée, le peuple nigérien l’a affronté frontalement. « Cela devrait être le cas au Burkina avec la question peule. S’il y a un problème peul, il faut qu’on en parle pour trouver la solution. La solution, ce n’est pas de mettre ce problème sous le tapis », préconise le partisan du CDP.

Boubacar Sanou du CDP a dénoncé le manque de leadership au Burkina Faso.

Qu’est-ce qui explique la présence massive des Peuls au sein des groupes armés ? A cette question, l’homme politique propose de rencontrer la communauté en question pour en parler et trouver des solutions. Il en est de même pour les leaders musulmans. Car pratiquement tous les groupes armés se réclament de la religion musulmane.

Selon Aziz Diallo du Parti pour la démocratie et le socialisme (PDS), membre-fondateur de l’Alliance ensemble pour le Faso, il n’y a pas de problème peul au Burkina, mais plutôt un problème communautaire. Car, a-t-il estimé, dans les zones à fort défi sécuritaire, l’Etat, dans sa forme compassionnelle, n’a jamais existé. « Ayons le courage de le dire ; c’est pour cela que nous subissons cette situation. Ceux qui ont pris les armes contre la République n’ont jamais vu la République venir vers eux. Je ne conçois pas cette façon de réagir mais c’est l’opportunité qu’ils ont choisie », analyse l’ancien député-maire de Dori.

« Il n’y a pas de problème peul de façon spécifique, mais un problème communautaire », a défendu Aziz Diallo.

Tous responsables mais pas tous coupables

Thomas Ouédraogo du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) s’est refusé de faire un jugement de valeurs sur une catégorie de la société civile. S’exprimant sur le rôle des OSC, il a laissé entendre que c’est de bonne guerre que certaines OSC soient utilisées par les hommes politiques. « Parce que cela participe à leur stratégie de redéploiement. Mais les OSC convaincues et acquises à des causes vont toujours travailler dans le sens de l’interface, dans le sens de la contre-balance, dans le sens de la promotion des valeurs », a-t-il relativisé. Avant de conclure qu’on est tous responsables mais pas tous coupables.

Après les échanges, Boureima Ouédraogo a informé qu’une synthèse sera faite. En plus de cela, d’autres éditions seront organisées avec une thématique similaire d’ici septembre prochain, en tenant compte de l’évolution du contexte. Une troisième édition sera ensuite initiée en fin octobre. Cette édition fera également la synthèse de l’ensemble des éditions passées.

Ce café politique a réuni des hommes politiques, des leaders d’OSC, etc.

« Mon coup de cœur pour cette première édition, ce sont les regards croisés des politiciens, notamment Aziz Diallo et Boubacar Sanou, sur les manifestations de cette crise que nous vivons. Mon coup de cœur se situe également au niveau de la capacité qu’ils ont eu à surmonter les divergences pour aller à un appel à un retour aux valeurs qui font de nous des Burkinabè », a-t-il apprécié. Selon son entendement, c’est la principale voie de retour à une situation institutionnelle stable. Car le problème du Burkina, c’est avant tout la crise de valeurs, la crise de gouvernance.

Obissa Juste MIEN
LeFaso.net

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Vos commentaires

  • Le 1er août 2022 à 08:33, par Wonkô En réponse à : Café politique de l’ARGA : La première édition se penche sur la place des ethnies dans la crise sécuritaire au Burkina

    "la place des ethnies dans la crise sécuritaire..."
    TEL EST LE TITRE donné A VOTRE ARTICLE. Je pense pour ma part que ce titre n’est pas concordant avec le texte qui a suivi car
    ll n’y est question que des peuls et non pas des ethnies du Burkina dans leur ensemble : POURQUOI ?
    Monsieur SANOU vous êtes Bobo et devriez savoir que Peul et Bobo sont parents à plaisanterie et que par conséquent il ne peut pas y avoir de problème insoluble entre ces deux-là.
    Donc si vous prenez le parti de vous appuyer sur nos valeurs et instances traditionnelles, vous camperez correctement le champ des débats sur des bases claires que chacun respectera ou pas mais on pourra alors le recadrer s’il faut.

  • Le 1er août 2022 à 09:31, par Zampou En réponse à : Café politique de l’ARGA : La première édition se penche sur la place des ethnies dans la crise sécuritaire au Burkina

    Félicitations aux organisateurs de cette tribune. Il n’est jamais trop tard pour bien faire dit-on ! C’est par là d’ailleurs qu’il faudra commencer avant de parler d’élections et autres. L’injustice sociale, la malgouvernance à la fois causes et conséquence de la perte des valeurs, c’est valeurs qui déterminent la qualité des ressources humaines dans une société.....! L’équité communautaire est quant à elle une nécessité absolue pour aller vers la paix. On ne peut se permettre d’admettre que certains regardent les autres d’en haut ou comme si ceux-ci sont des intrus dans leur propre pays. C’est évidemment inacceptable !

  • Le 1er août 2022 à 10:05, par sidwaya En réponse à : Café politique de l’ARGA : La première édition se penche sur la place des ethnies dans la crise sécuritaire au Burkina

    La position de Boubacar Sanou est une réflexion qui invite à une investigation plus approfondie pour mieux comprendre davantage le contexte local et ses problèmes. On dit fréquemment que les peuhls sont les plus nombreux dans les groupes terroristes que l’on soit au nord, au sahel, au centre-est, à l’Ouest ;... partout donc. Est-ce que Aziz Diallo est convaincu que dans toutes ces zones, le conflit est lié seulement à une absence de l’Etat ?. Admettons par absurde que cela est effectivement lié à une absence de l’Etat dans ces zones. Pourquoi alors les autres ethnies qui vivent sur les mêmes territoires que les peuhls ne sont pas nombreux dans les groupes terroristes mêmes lorsque ces autres ethnies sont majoritaire dans ces territoires (ex Centre-Est, Nord, Sud-Ouest, Ouest,...) ?. Ne soyons pas hypocrites ! posons-nous des questions pertinentes. Cela nous permet d’envisager des réponses sociales pertinentes. Quelqu’un disait qu’il est victime de son NOM dans sa localité, il y a plus de 10 ans, avant que les phénomènes de terrorismes ne s’éclatent. Les sentiments de frustration, de marginalisation, l’incapacité d’adaptation au mutations socio-économiques et environnementales peuvent alimenter des réactions, parfois violentes ; de suivie. Il faut les connaitre et les traiter avec tout le sérieux qu’il faut. C’est pour cela que je pense que l’argument de Sanou est à prendre en compte. Merci ! c’est ma petite contribution au Débats. Que Dieu vous bénisse tous et toutes !

  • Le 2 août 2022 à 14:39, par Peuple insurgé En réponse à : Café politique de l’ARGA : La première édition se penche sur la place des ethnies dans la crise sécuritaire au Burkina

    Enfin les réflexions commencent à venir. Peut-être la Voie pour construire enfin une nation avec une gouvernance vertueuse. Où la justice et l’équité seront appliquées a tous quelque soit l’endroit du pays où l’ethnie. En tout cas le pays a déjà payé le prix fort de la mauvaise gouvernance.

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