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Burkina : Le journaliste Emmanuel Gnintabouré Gouba appelle à entretenir les arbres après les activités de reboisement

Publié le vendredi 29 juillet 2022 à 10h45min

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Burkina : Le journaliste Emmanuel Gnintabouré Gouba appelle à entretenir les arbres après les activités de reboisement

Dans cette tribune, le journaliste Emmanuel Gnintabouré Gouba déplore le manque d’entretien des arbres après les séances de reboisement pendant la saison des pluies. Il interpelle les initiateurs et le ministère en charge de l’environnement à entretenir les arbres plantés. Il explique, chiffres à l’appui, que les résultats souhaités après les plantations d’arbres sont généralement décevants.

Le mois d’août va bientôt sonner, les hommes vont encore faire la cour à la nature. En effet, elle recevra des bouquets de fleurs ou du moins, beaucoup de plans comme pour reverdir l’environnement. En plus, ces plans seront sous les yeux des projecteurs et les planteurs et planteuses sur les écrans de téléphones avec pour légende : « Instant reboisement ». En août, « chaque jour quand on dort et on se réveille, il y a de nouveaux dossiers de reboisements », pour paraphraser un humoriste.

Mais pour combien de temps la nature sera-t-elle chérie ? Peut-être un ou deux mois et c’est le « goumin » (un langage jeune qui veut dire une séparation brusque entre deux amoureux). Après ces beaux moments de plantations, l’impérieuse question serait de savoir combien d’arbres plantés arrivent à « survivre ». Quand on sait que des millions d’arbres sont plantés chaque année et le désert avance toujours, l’on est en droit de se poser la question de savoir si ces arbres plantés ne s’évaporent pas après les séances de reboisement ». Mais non ! Ils ne s’évaporent pas, seulement que par manque d’entretien, ils finissent par mourir de soif, à la merci des animaux domestiques en divagation.

Jouons un peu avec les chiffres. En 2021, au moins dix millions de plans ont été enfouis sous terre. C’est du moins l’objectif que s’est affiché le ministère en charge de l’environnement d’alors. En en 2020, c’était le même objectif : planter au moins dix millions d’arbres dont 200 000 ont été plantés au cours de la journée nationale de l’arbre. Pour éviter trop de calculs, considérons que depuis 2010 à 2019, ce sont trois millions d’arbres qui sont plantés chaque année. Le calcul nous donne une histoire de 27 millions d’arbres plantés plus les 20 millions d’arbres plantés ces deux dernières années. On aurait près de 50 millions d’arbre plantés. Si ne serait-ce que 75% de ces arbres avaient survécus en plus des arbres qui ont poussé naturellement, le Burkina Faso serait peut-être une forêt. Mais hélas ! Le taux de réussite des opérations de reboisement était inférieur à 30% avant 2020, selon le ministre en charge de l’environnement d’alors, Batio Bassière.

C’est ce faible taux qui a conduit ledit ministère à proposer la stratégie nationale de reforestation dont l’objectif est d’atteindre 80% de taux de réussite. C’est cette stratégie qui a concouru à l’adoption de la journée nationale de l’arbre.

En tous les cas, l’avancée du désert est réelle au Burkina. Le pays perd six millions d’arbres, sur une superficie de 10 000 hectares. Des études démontrent que le niveau de dégradation du couvert végétal par an se chiffre à 105 000 hectares. Ce qui veut dire que si nous voulons faire reculer le désert, il faudrait planter au moins 106 000 hectares par an.

Déjà, il faut saluer les efforts consentis par le ministère en charge de l’environnement et ses partenaires ainsi que les personnes physiques et morales qui œuvrent pour un « Burkina Vert ». Mais, comme on le dit chez nous, « c’est bon, mais ce n’est pas arrivé ». Et pour que cela arrive, il faut que les Burkinabè se mettent à l’idée qu’il ne suffit plus de planter, mais il faut plutôt planter et entretenir. Rien ne sert de planter trop et moins de 30% de plans vont survivre.

Emmanuel Gouba
Le mécontentement de l’Environnement est une calamité pour l’homme !

goubaemmanuel21@gmail.com

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