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Disparition de Norbert Zongo, 7 ans après : crever définitivement l’abcès

Publié le mercredi 14 décembre 2005 à 08h43min

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Norbert Zongo

"Le juge d’instruction a fait un gros travail". C’est, à en croire le procureur
général, le très éminent magistrat Abdoulaye Barry, l’état d’instruction actuel
du dossier Norbert Zongo.

Voilà sept ans que le directeur de
l’hebdomadaire L’Indépendant et trois de ses compagnons ont été
sauvagement assassinés, un jour du 13 décembre 1998, à Sapouy. Sept ans
que "vérité et justice" sont, sans relâche, réclamées pour les victimes, et
"jugement et châtiment" exigés à l’encontre du ou des coupables.

Malgré l’identification de "suspects sérieux" et l’inculpation de Marcel
Kafando, du régiment de la sécurité présidentielle, il n’est pas encore
possible de fixer, de façon formelle, un visage sur les assassins de notre
confrère et de ses compagnons. Sept ans donc, que l’affaire est pendante.

Bien que cette affaire n’ait pas encore été tirée au clair, Abdoulaye Barry
peut se réjouir d’un fait : un gros travail a été réalisé, même s’il se garde
encore d’en exhiber les détails. Si le procureur général appelle à ne pas
désespérer quant à l’issue judiciaire du dossier, il n’empêche que la soif de
vérité et de justice reste intacte et vivace pour les parents des victimes
notamment.

Ce jour- anniversaire, le Collectif des organisations
démocratiques de masses et des partis politiques, se fait encore fort de
réclamer le devoir de mémoire pour le journaliste assassiné, par le
truchement d’une brochette d’activités organisées à travers le pays. Ce triste
anniversaire aura aussi été marqué par la fermeture de tous les
établissements scolaires de Ouagadougou. Une preuve manifeste que ce
dossier hante toujours le sommeil des autorités burkinabè.

Ne faut-il pas
alors, et une fois pour toutes, crever l’abcès en trouvant, d’une façon ou
d’une autre, une solution définitive à cette affaire devenue comme une
grosse teigne sur la tête de la Nation ? Ce n’est pas, en tout cas, le silence
sur ce dossier Norbert Zongo, qui arrêtera la soif inextinguible de vérité et de
justice manifestée par des citoyens burkinabè. Au-delà de la justice
burkinabè, ce sont toutes les institutions de la République qui semblent
interpellées. On ne saurait traîner éternellement, comme un boulet, le dossier
Norbert Zongo.

Et en cela, le plus important, pour les autorités burkinabè,
devrait résider dans leur volonté d’oeuvrer à une réconciliation véritable des
coeurs et à une réelle consolidation de la paix sociale, que de toujours
s’employer à fermer les yeux sur la réalité de ce malaise social engendré par
le drame de Sapouy.

En s’employant à traduire le dossier Norbert Zongo devant les juridictions
internationales, le Collectif doute probablement de l’impartialité de la justice
des "Hommes intègres". Instances internationales ou nationales, il est certain
que le malaise ne sera jamais conjuré tant que le dossier restera pendant.

Les autorités doivent en prendre conscience et reconnaître qu’à des moments
cruciaux de l’histoire d’une Nation, le sacrifice vaut la peine d’être fait. Par
ailleurs, les grands gouvernants savent toujours trouver le mouton du
sacrifice. Alain Juppé, l’ancien président de l’UMP, n’ a-t-il pas été sacrifié
pour sauver la tête du président français Jacques Chirac ? Une justice mal
rendue est parfois préférable à une justice jamais rendue.

Même si le "procès
du Beach" n’a pas permis l’établissement de la vérité, la Cour criminelle de
Brazzaville ayant acquitté purement et simplement les quinze accusés à
l’issue d’un procès qualifié de "mascarade", le procès a, quoi qu’on dise, fait
baisser la grande tension perceptible au Congo.

Pour le reste, le temps
pourrait faire son oeuvre. N’est-ce pas, dans l’intérêt de tous, préférable que
la justice soit rendue aujourd’hui sur le plan national, que demain sur le plan
international ou national ?

"Le Pays"

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