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Restauration du paysage au Sahel : Dix tonnes de semences améliorées offertes au Burkina Faso

Publié le jeudi 16 juin 2022 à 20h00min

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Restauration du paysage au Sahel : Dix tonnes de semences améliorées offertes au Burkina Faso

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a offert dix tonnes de semences améliorées aux producteurs du Burkina Faso. Ces semences d’un coût de près de 13 millions de francs CFA, sont de diverses variétés : maïs, mil, sorgho, riz, arachide, soja, sésame, niébé... Entamée le 6 juin 2022, la mission de remise des semences s’est achevée le mercredi 15 juin à Gon-Boussougou, localité située dans le Centre-sud du pays.

L’agriculture, l’élevage et la foresterie mobilisent environ 85% de la population et génèrent deux tiers des richesses nationales du Burkina Faso. Cependant, en raison de causes anthropiques et climatiques, 34% du territoire national, soit 9 234 500 ha des terres de production, sont dégradées. Ce, avec une progression de la dégradation des sols estimée entre 105 000 et 250 000 ha par an, selon le Programme des nations unies pour le développement (PNUD, novembre 2014).

En vue d’apporter sa pierre à la résolution de cette problématique, mais aussi de réduire la vulnérabilité des femmes et des jeunes producteurs du pays, en boostant leur productivité agricole, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a offert dix tonnes de semences améliorées (en raison de 1,4 tonnes par commune). Cette initiative qui se tient dans le cadre du projet « Créer des terres d’opportunités : Transformer les moyens de subsistance grâce à la restauration des paysages au Sahel », a touché environ 700 ménages de sept communes des régions du Centre-sud et du Centre-est.

Mamounata Ouédraogo, bénéficiaire

« Nous avons pour ambition d’utiliser ces semences pour améliorer nos récoltes. Nous sommes heureuses d’avoir bénéficié de ces engrais car cela nous permettra de soutenir également les autres qui sont dans le besoins de semences plus tard », a laissé entendre Mamounata Ouédraogo, bénéficiaire.
Le contenu de chaque sac doit contenir une quantité de semences capable de
couvrir 0,5 hectare. Au moins 40% des semences ont été remises dans les villages climato intelligents.

Critères de choix des bénéficiaires

Les critères de choix des bénéficiaires sont entre autres d’être un producteur ou une productrice d’un village des communes d’intervention du projet, dont l’âge est compris entre 18 et 35 ans. Mais également d’accepter de suivre les exigences techniques de production données par les services techniques et d’accepter d’apporte une contribution pour l’achat des semences conformément à la règlementation nationale en matière de fourniture de semences au Burkina Faso.

Boukari Dabré, bénéficiaire

« Je suis vraiment dans la joie d’être parmi les bénéficiaires. Car lorsque des gens viennent vous aider à pourvoir à vos besoins alimentaires, cela montre à quel point ils ont de la considération pour votre vie. Nous remercions de ce fait les donateurs », a déclaré Boukari Dabré, bénéficiaire.
Selon le représentant de l’UICN, cette remise de semences va en plus de contribuer à lutter contre la dégradation des sols, fournir des moyens de subsistance aux bénéficiaires.

Vers une approche climato-intelligente

« La remise de ces semences améliorées entre dans le cadre d’une de nos activités qui est d’offrir des moyens de subsistance aux communautés dans les secteurs qui ont un fort impact sur la production, la fertilité des sols, la protection des berges, la restauration de paysage. L’activité va ainsi permettre à la fois, d’éviter, de réduire et d’inverser les tendances de dégradation des terres des bénéficiaires », a signalé Boyla Bassourou, chargé du projet Terres d’opportunités au Sahel à l’UICN.

Boyla Bassourou, chargé du projet Terres d’opportunités au Sahel à l’UICN

À cet effet, l’UICN entend orienter les communautés vers une approche climato-intelligente à travers la production de fourrage. Ce qui va permettre de soutenir leurs moyens de subsistance, surtout en cas de sécheresse et de régénérer les paysages pastoraux. L’UICN veut par là, renforcer l’offre de fourrage pour soutenir l’activité de l’élevage pour l’intégrer à l’agriculture.

« Intégrer l’agriculture et l’élevage va permettre si un minimum de travail est effectué par le paysan, de fournir du compost qu’il pourra reconvertir dans son champ », a expliqué Boyla Bassourou.

Depuis le mois d’avril 2022, l’équipe commise à cette mission s’est mise à la tâche pour parvenir aux résultats escomptés. À en croire M. Bassourou, un producteur semencier certifié par l’administration de la recherche a été sélectionné pour cibler les bénéficiaires afin d’identifier les besoins en semence.

Un dispositif mis en place pour encadrer les bénéficiaires

À l’entendre, un processus de suivi-évaluation sera mis en place dans les temps à venir pour jauger la production agricole des bénéficiaires des deux régions concernées. Ce travail se fera en collaboration avec les directions régionales en charge de l’agriculture de ces localités, a-t-il souligné.

Benjamin Zemba, directeur provincial de l’agriculture Zoundwéogo

Pour le directeur provincial de l’agriculture de Zoundwéogo, Benjamin Zemba, ce soutien vient à point nommé. « Ce don de semences à l’endroit des producteurs et productrices de la commune de Gon-Boussougou est venu à temps. Car l’on vient juste d’entamer la saison d’hivernage et les gens sont en plein semis. Je pense que cela va leur permettre d’amorcer une très bonne campagne agricole grâce à ces semences améliorées de sorgho, de niébé, d’arachide… », a-t-il indiqué.
Pour s’assurer que ces grains seront utilisés à bon escient, M. Zemba mentionne qu’un réseau de techniciens de la commune y veillera. Il invite par ailleurs chacun des producteurs à rester à l’écoute et à ne pas hésiter à s’approcher des techniciens agricoles pour s’imprégner des bonnes pratiques en la matière.

Boukary Soulé, technicien supérieur d’agriculture, chef de l’Unité d’action technique de Zourma-Kita

Une seule difficulté a été enregistrée lors de cette distribution de semences. Celle, de l’insuffisance des fiches d’enregistrement des bénéficiaires qui a été très vite résolue selon Boukary Soulé, technicien supérieur d’agriculture.
Avant de clore son propos, M. Soulé fait une suggestion aux initiateurs du projet. « Je suggère que le projet procède à la distribution d’engrais bio pour la prochaine fois. D’autant plus que sa vision est de lutter contre la dégradation des terres », a-t-il recommandé.

L’objectif visé, est d’apporter une contribution significative et durable à la restauration des paysages au Sahel tout en créant des activités génératrices de revenus pour les communautés locales du Burkina Faso, du Ghana et du Niger.
Financé par le Ministère italien de la Transition écologique (MTE) via le mécanisme mondial de la Convention des nations unies sur la lutte contre la désertification, le présent projet d’une durée de trois ans, prend fin en août 2023.

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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