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La compagnie Salia ni Seydou : Dix ans dans la chorégraphie

Publié le samedi 10 décembre 2005 à 07h28min

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Salia ni Seydou

La compagnie Salia ni Seydou est une troupe de danse contemporaine qui a vu le jour en novembre 1995 mais officiellement reconnue en 1999. Salia Sanou et Seydou Borro, les promoteurs de cette compagnie sont de ces ouvriers de la première heure à défricher dans le champ de la chorégraphie dite danse du corps.

Au soir de dix ans d’existence, arrêt sur une aventure pleine d’expérience et d’espoir. La compagnie Salia ni Seydou, c’est l’histoire d’une rencontre entre deux amoureux du spectacle et de la danse contemporaine : Salia Sanou et Seydou Borro. La compagnie Salia ni Seydou, c’est la genèse sinon l’essence même de la chorégraphie au Burkina Faso.

Aujourd’hui, la compagnie Salia ni Seydou a dix ans d’existence. Quel parcours ? « J’ai vu naître la compagnie. Ce sont deux jeunes qui travaillaient beaucoup, Salia à la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou et Seydou avec moi à la compagnie Feeren. Suite à une rencontre avec Mathilde Monier qui faisait une prospection en Afrique, ils ont été retenus pour une saison de création à Montpellier.

De par leur expérience et leur talent, Mathilde les a gardés pour d’autres représentations et ils ont fait partie de sa troupe » , témoigne Amadou Bourou, directeur de la compagnie Feeren. De là, l’idée leur est venue de créer eux-mêmes une compagnie théâtrale pour développer la danse africaine : « le fait qu’on ait la danse traditionnelle africaine est une vraie chance. C’est à partir de cette danse que nous écrivons nos créations.

Nous avons 60 ethnies et dans chaque ethnie, il y a au moins 40 pas de danse. C’est une richesse énorme pour la musique. Comment peut-on laisser tout cela et vouloir aller chercher ailleurs pour créer ? » explique Seydou Borro. Et d’ajouter : « le public doit se sentir proche de notre langage car nous travaillons pour lui. Nous sommes investis d’une image, des envies et nous voulons une histoire de sincérité dans notre langage ».

La danse contemporaine n’a pas toujours fait des amoureux avec les expériences menées par des danseurs comme Irène Tassembédo ou Alassane Congo. On la voyait à la télévision ou suivant quelques spectacles organisées au Centre culturel français. Selon toujours Amadou Bourou, avec l’existence de la compagnie Salia ni Seydou, la danse contemporaine a connu une autre dimension.

Dialogue de corps, talon d’Achille de la chorégraphie

La Compagnie a, en effet, initié depuis 2001 un festival biennal dénommé « Dialogue de corps ». « Dialogue de corps » se veut une initiative pour rapprocher le public de la chorégraphie.

Il s’agit surtout de spectacles et d’ateliers de formation à l’endroit des amoureux de la danse contemporaine. Ce festival a rapidement conquis le cœur des responsables de plusieurs compagnies théâtrales d’Afrique, d’Europe et d’Amérique et dont les troupes ne manquent plus au rendez-vous.

Le souci majeur de la Compagnie est celui de la formation. « Nous avons des chorégraphes comme Salia et Seydou qui, après leur formation en Europe, se sont rendus compte que ceux qui s’intéressaient à la danse contemporaine n’avaient pas de possibilité d’être formés. Salia et Seydou ont alors initié « Dialogue de corps » pour transmettre leurs connaissances. Plus, ils le faisaient, plus le nombre d’intéressés augmentait », explique Mlle Esther Ouoba, administrateur culturel de la Compagnie Salia ni Seydou. Amadou Bourou de renchérir : « tous les spectacles qu’ils ont créés ici, les compagnies qu’ils ont soutenus, tout ceci a contribué à faire en sorte que les spectacles de danse contemporaine deviennent de plus en plus nombreux et amène le public à voir les choses de façon différente pour adhérer aux spectacles. Il leur a fallu du temps et de l’espérance ».

La compagnie Salia ni Seydou a pu réaliser cinq créations. « Le siècle des fous », « Fingninto » (l’aveugle) qui a reçu le prix Madagascar en 1997, « Tagala » (le voyageur), « Weleni » (l’appel), enfin « C’est-à-dire ». Au titre des distinctions, les deux artistes ont été élevés au rang de chevaliers des arts et des lettres en France en 2000. En 2002, ils ont été nommés artistes de l’année de la Francophonie ; enfin en 2005, artistes associés à la scène nationale Saint-Brieuc pour 3 ans, une première dans l’histoire des artistes africains. Un album musical titré « Kanu » est prévu pour sortir en janvier 2006.

Le Centre de développement chorégraphique : un projet capital

L’édition 2005 de « Dialogue de corps » sera une phase transitoire, a précisé Mlle Esther Ouoba.

L’édition à venir de « Dialogue de corps » devrait en principe coïncider avec l’ouverture du Centre de développement chorégraphique de Ouagadougou. C’est un projet entretenu depuis huit (08) ans par la Compagnie et qui verra sa concrétisation en 2006.

L’ouverture de ce Centre sera l’un des points-clés du 10e anniversaire de la Compagnie. Il verra l’invitation d’artistes en résidence venus d’Afrique (Sénégal, Cameroun, Gabon, Côte d’Ivoire), de la France et des Etats-Unis. La phase transitoire de « Dialogue de corps » est de ne pas créer un vide en 2005 et de permettre le maximum de formations avant l’ouverture du Centre qui sera géré en partenariat avec la mairie de Ouagadougou, le ministère des Arts et de la Culture et celui des Finances et du Budget.

Avec ce Centre, le plus grand souhait de Seydou Borro est que le Burkina Faso soit la plaque tournante de l’évolution de la danse contemporaine : « le Centre de développement chorégraphique va permettre à la danse contemporaine d’exister en Afrique ». Il précise également que l’un de ses soucis, c’est de permettre à la danse contemporaine d’aller dans les écoles : « c’est un projet sur lequel on réfléchit.

Il s’agit de faire en sorte que dans les écoles, les élèves puissent apprendre la danse, la comprendre, puissent savoir ce que c’est que notre culture. Il faudrait faire en sorte qu’elle soit une matière facultative au Baccalauréat comme la musique, le dessin etc. La danse a sa place à l’école pour qu’on ne puisse pas oublier ce patrimoine culturel. Nous avons mûri la question avec le MEBA pour que les élèves aient la culture de la danse ».

Dix ans d’existence dans la danse contemporaine, la Compagnie Salia ni Seydou a su gérer des difficultés dans cet art aux codes pas toujours à la portée du commun des mortels. Evolution quelque peu difficile parce que domaine à découvrir et à faire découvrir par le public. La danse contemporaine, grâce à la persévérance des deux leaders, Salia et Seydou, a pu tout de même se constituer un public d’amoureux, connaisseur de la chose qui sait encourager et accompagner.

Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)
Fernando GUETABAMBA

Sidwaya

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