Au Sahel, ce sont près de 80% des foyers ruraux qui pratiquent l’élevage. Une activité économique pour au moins 50 millions de personnes. Pourtant, cette activité séculaire qui repose en grande partie sur le système pastoral et la mobilité du bétail est menacée. En effet, la mobilité est entravée par le rétrécissement et la dégradation des espaces de pâture, à cause de l’expansion des terres cultivables, mais également par l’interdiction de l’accès des troupeaux à certains pays, notamment au Nigéria et au Bénin. A cela s’ajoute, la question de la santé animale avec la persistance des maladies zoonotiques qui entravent le développement des filières, notamment celle du lait.

C’est dans ce contexte qu’est né le Projet de recherche et innovation pour des systèmes agro-pastoraux productifs, résilients et sains en Afrique de l’Ouest (PRISMA). Ce projet qui combine recherche et action, réunit des chercheurs du Nord et du Sud, mais également mobilise des structures locales publiques et privées pour identifier les innovations en mesure d’opérer une transformation agroécologique adaptée au changement climatique des systèmes pastoraux pour les rendre plus productifs, résilients et sains pour les animaux.

Une vue des participants au lancement du projet

Il est financé par l’Union européenne à hauteur de 6 000 000 d’Euros soit environ 3 935 465 641 FCFA et avec une contribution de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) à hauteur de 495 000 Euros soit environ 324 675 915 FCFA. Il est exécuté dans trois pays que sont le Burkina Faso, le Niger et le Mali par trois agences à savoir l’AECID, la coopération luxembourgeoise (LuxDev) et Enabel qui est l’agence belge de développement pour une durée de quatre ans.

Concrètement sur le terrain, au cours des quatre années de mise en œuvre, le projet va contribuer à améliorer la disponibilité et l’accès aux ressources pastorales par des pratiques de gestion durable capables de s’adapter au changement climatique, testés par la recherche et connues par les acteurs techniques et sociaux. PRISMA travaillera également à améliorer la disponibilité et l’accès à l’aliment bétail de qualité au niveau régional à travers une meilleure production et organisation de la distribution.

Le projet veillera aussi à limiter les risques liés à la consommation de lait local pour la santé à travers un meilleur contrôle des zoonoses dans la filière de l’élevage pastoral et assurer la concertation cohérente avec les principaux acteurs influents et potentiellement impactés par son action.

Victor Bonogo, secrétaire général du ministère de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques

Les innovations et bonnes pratiques ainsi que les principaux résultats et recommandations de la recherche dans le cadre du projet, seront vulgarisés auprès des décideurs politiques pour permettre leur prise en compte dans l’orientation des politiques sectorielles. Déjà, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques, Victor Bonogo, salue la pertinence de ce projet qui « procède par une démarche participative et multisectorielle impliquant des partenariats Nord-Sud et mise sur une forte mobilisation des structures opérationnelles locales publiques et privées, en vue d’une appropriation et valorisation des résultats de la recherches par les acteurs locaux et les décideurs politiques qui pourront assurer une mise à l’échelle au niveau national et régional ».

Benjamin Dubons, chargé de programmes agro-sylvo-pastoral à la délégation de l’Union européenne au Burkina Faso, a indiqué que le projet PRISMA s’inscrit dans une dynamique qui doit concourir à réduire les entraves au développement de l’élevage mobile et des chaînes de valeur ajoutées qui y sont liées. Ce projet est associé à d’autres programmes pastoraux déjà financés par l’Union européenne.

Photo de famille

L’atelier de lancement du projet PRISMA qui se tient ce 7 juin 2022, a été l’occasion d’informer les acteurs techniques et de la recherche, les autorités administratives et coutumières, les ministères en charge de l’élevage, de l’environnement et de l’hydraulique, les organismes sous-régionaux, ainsi que les ONG et associations de développement, du démarrage du projet et solliciter leur accompagnement dans la mise en œuvre des activités.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net