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Disparition d’enfants au Burkina : L’Institut des sciences des sociétés (CNRST) décrypte le phénomène

Publié le mardi 31 mai 2022 à 22h55min

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Disparition d’enfants au Burkina : L’Institut des sciences des sociétés (CNRST) décrypte le phénomène

L’Institut des sciences des sociétés (INSS) du CNRST a organisé ce mardi 31 mai 2022, un panel sur le phénomène de la disparition d’enfants au Burkina Faso, notamment les causes, les solutions et les perspectives. Pendant près de deux heures d’horloge, Dr Sabine Somé, chercheure à l’INSS, Djénaba Ouédraogo juge des enfants et conseillère technique au ministère du Genre et de la famille, Martin Sanou directeur de la protection de l’enfant au ministère du Genre et de la famille et Tamba Kourouma, représentant pays de ECPAT France-Luxembourg ont entretenu les participants sur le thème. La modération était assurée par Dr Patrice Kouraogo.

Bien que pas nouveau, le phénomène de la disparition d’enfants connaît une recrudescence ces derniers mois au Burkina Faso. Selon les statistiques de la police nationale, au cours du seul mois de février, une dizaine de cas de sortie d’enfants a été signalée.

Martin Sanou, directeur de la protection de l’enfant au ministère du Genre et de la femme a indiqué que la disparition d’enfants telle que présentée sur les réseaux sociaux renvoie à plusieurs réalités et pas seulement aux enlèvements d’enfants. Il convient donc de rappeler que ces cas de disparition englobent les fugues, les enlèvements, les détournements, etc. De ce fait, les causes sont variées.

Selon les panélistes, une multitude de causes probables peuvent expliquer le phénomène de la disparition d’enfants. Dr Sabine Somé, membre de l’équipe protection et cohésion sociale du laboratoire patrimoine de l’INSS a classé les causes en plusieurs catégories, notamment les causes culturelles (le fait de confier ses enfants à d’autres personnes, les pratiques occultes…), les causes sociales (violences physiques, psychologiques, absence ou faible disponibilité des parents, les écrans...), les causes socio-économiques ( l’enfant est exploité dans les sites miniers, l’enfant est vu comme une source de chance dans les pratiques occultes, course effrénée à la richesse…). « On considère que l’enfant est porteur de chance. On l’enlève et dans le cadre des pratiques occultes, on l’utilise pour pouvoir s’enrichir », explique Dr Somé.

Les participants étaient attentifs à l’exposé des panélistes

A cela, Djénaba Ouédraogo, juge des enfants, a ajouté : la carence éducative, la mendicité, le délaissement, la privation du milieu familial, l’exploitation des enfants dans le travail, l’absentéisme scolaire, l’inceste, l’abandon, etc.

La crise sécuritaire aggrave également les risques d’enlèvement avec l’enrôlement de ces derniers dans les groupes armés, mais aussi la faiblesse des ressources allouées aux institutions de protection des enfants limite leur action, a relevé quant à lui, Martin Sanou, directeur de la protection de l’enfant.

Les causes, comme l’ont relevé les panélistes, ne sont pas exhaustives et varient en fonction du contexte dans lequel l’enfant vit.

Recommandations pour venir à bout du phénomène

Au regard des causes énumérées, les panélistes ont fait quelques recommandations pour lutter contre le phénomène de la disparition d’enfant. Ils en appellent en premier lieu à la responsabilité des parents. « Il faut réapprendre à être parent », a laissé entendre M. Tamba Kourouma, représentant pays de ECPAT France-Luxembourg. Il explique en effet, comme les autres panélistes, que la démission des parents est bien souvent la cause sous-jacente d’une disparition d’enfant.

Les panélistes suggèrent également entre autres, de développer et de renforcer des programmes d’éducation parentale, de renforcer la rigueur dans le contrôle des déplacements d’enfants.

Dr Sabine Somé a classé les causes dans plusieurs catégories

Ils recommandent aussi d’inculquer aux enfants un certain nombre de réflexes pour leur propre protection et suggèrent d’informer et de sensibiliser le public sur le phénomène et que l’Etat alloue suffisamment de budget aux questions de la protection de l’enfant. Ils recommandent aussi une vigilance et une solidarité en matière de protection des enfants dans et la communauté. Il faut également renforcer les dispositifs législatifs, juridiques et judiciaires pour une meilleure protection des enfants en punissant à la hauteur de leur forfait, les auteurs d’enlèvement d’enfant.

Les chercheurs, eux, sont invités à investiguer davantage sur le phénomène de la disparition d’enfant pour mieux cerner les contours du phénomène et proposer des solutions idoines.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 1er juin 2022 à 15:00, par Réflexion En réponse à : Disparition d’enfants au Burkina : L’Institut des sciences des sociétés (CNRST) décrypte le phénomène

    Bonjour j’avoue être resté un peu sur ma faim. Avec un tel plateau composé de personnes averties sur le sujet, je m’attendais au moins à ce que l’on nous donne des statistiques des dernières années ou au moins pour cette année 2022. Par exemple que 10% sont des fugues, 15% des enlèvements,...et que par exemple 90% des enfants perdus sont retrouvés en bonne etc. Cela aurait eu le mérite de nous apporter plus d’éclairage sur l’ampleur et la gravité du phénomène. C’est dommage !!!!

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