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Fonction publique : Des candidats doutent de la transparence du concours de recrutement des enseignants-chercheurs et des chercheurs

Publié le mardi 10 mai 2022 à 12h30min

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Fonction publique : Des candidats doutent de la transparence du concours de recrutement des enseignants-chercheurs et des chercheurs

Dans cette lettre ouverte adressée au ministre de la fonction publique, Bassolma Bazié, des chercheurs, enseignants et candidats expriment leur ras-le-bol lié à la manière dont les agents de la Fonction publique au titre de l’année 2021-2022 ont été recrutés.

En effet, ils estiment que ce dernier recrutement des assistants hospitalo-universitaires et attachés de recherche ne s’est pas déroulé de façon objective.

Par conséquent, ils interpellent le patron de la Fonction publique à mettre en place une commission pour une contre-expertise en vue de revoir dans l’immédiat la façon dont le dernier recrutement a été organisé.

Aussi, ils l’invitent également à rendre publiques les critères de sélection et les notes de tous les candidats. La suite dans la lettre ci-jointe.

Lefaso.net


Lettre Ouverte adressée aux Ministres de la fonction publique et de l’enseignement supérieur.

Messieurs les Ministres,

C’est avec une grande déception que nous vous écrivons cette lettre pour vous faire part de ce que nous avons vécu comme une injustice au concours de recrutement d’assistants, d’hospitalo-universitaires et d’attachés de recherche pour le compte des institutions publiques d’enseignements supérieurs et de recherches au Burkina Faso, session 2021.

Vous vous souviendrez que le 23 février 2022, le public burkinabé a été informé de l’ouverture de concours directs sur mesures nouvelles spéciales pour le recrutement de cent cinquante-cinq (155) Assistants, trente (30) Assistants Hospitalo-Universitaire et dix-huit (18) Attachés de Recherche pour le compte des Institutions Publiques d’Enseignement Supérieur et de Recherche, session de 2021.

Pouvaient prendre part à ces dits concours, les candidats des deux (02) sexes, de nationalité burkinabè, âgés de dix-huit (18) ans au moins et cinquante (50) ans au plus au 31 décembre 2021, non atteint de surdité ou de bégaiement, titulaire d’un Doctorat/PhD à la date d’ouverture des concours et remplissant les conditions d’aptitudes physique et mentale exigées pour l’exercice de l’emploi postulé. Le concours comportait deux phases à savoir une première phase d’instruction des dossiers de candidature qui s’est tenue du 04 au 14 avril 2022 (70%) et une seconde d’entretien oral qui s’est tenu du 19 au 23 avril 2022 (30%).

Comme prévu dans l’annonce, le 15 avril 2022 une liste des candidats présélectionnés pour la seconde phase à savoir l’entretien oral a été publiée. Grande fut notre déception à la lecture et il y a de fortes raisons de penser que ce recrutement est tout sauf un recrutement réalisé de façon objective, sur la base des compétences et du mérite. Le népotisme dans le recrutement des assistants, hospitalo-universitaires et attachés de recherche au Burkina Faso a toujours été décrié ces dernières années.

Ce dernier recrutement pour la session 2021 est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Des candidats avec un CV impressionnant, ayant publiés dans des revues prestigieuses, obtenus des bourses et/ou prix d’excellences, des bourses d’étude internationales, des financements de projets suite à des appels à compétition internationale, se sont vus recalés suite à l’examen des dossiers physiques sans savoir pourquoi. Comment peut-on expliquer que des candidats présélectionnés les années précédentes sur la base de dossier physique et ajournés après l’entretien n’ont pas été présélectionnés cette année bien qu’ils aient eu de nouvelles expériences et beaucoup d’autres publications d’articles ?

Dans les annonces, il n’y a aucune description des postes demandés, juste la discipline et la spécialité sont mentionnées. Des candidats ayant postulés pour des postes de leurs disciplines et spécialités ont été désagréablement surpris de voir qu’à l’issue de la sélection sur dossier, il est déclaré « néant » pour leurs spécialités comme s’il n’y avait pas eu de candidatures pour ces spécialités.

Peut-être qu’après plus de huit années d’étude universitaire, des docteurs ne connaissent pas leur discipline et spécialité, ironie du sort. Sur quels critères éliminer des candidats sur la base du dossier physique dont la conformité des documents demandés a été vérifiée et confirmée lors de la réception des dossiers ?

Pourquoi ne pas rendre publique les notes détaillées obtenues par chaque candidat qui lui ont valu le mérite d’être ajourné, présélectionné ou admis à un cours d’un tel niveau qui se veut d’être aussi transparent que possible ? Si les choses se passent dans la transparence et l’équité, on n’a pas besoin d’être dans le secret des dieux pour savoir comment son dossier a été examiné et pourquoi sa candidature a été retenue ou non.

Des candidats, chercheurs et enseignants-chercheurs estiment que ce dernier recrutement ne s’est pas déroulé de façon objective et vous appellent messieurs les ministres à mettre en place une commission pour une contre-expertise pour revoir rapidement la façon dont le dernier recrutement a été organisé et rendre publique les critères de sélections et les notes de tous les candidats.

Une chose que des gens ignorent ou du moins négligent lors du recrutement des chercheurs et enseignants-chercheurs au Burkina Faso est que les candidats pour un post d’une discipline/spécialité donnée sont tous de la même génération pour ne pas dire de la même promotion.

Par conséquent, ils se connaissent près que tous au sens large du terme. De plus, aujourd’hui avec le net, il est très facile de se renseigner sur le profil académique et les compétences d’un docteur. Dans de telles circonstances, il est illusoire de penser qu’il est possible de recruter des candidats moins méritants de façon inaperçue.

Quel avenir réservons-nous à nos universités et centres de recherche avec de tels recrutements des principaux acteurs ? Si l’on veut vraiment lutter contre la corruption, la mal gouvernance et aller vers un développement durable dans ce pays, il faudrait commencer par des recrutements objectifs des agents de la fonction publique sur la base des compétences, la méritocratie et la probité. Des individus ne peuvent pas à tout moment utiliser les institutions publiques qu’à leurs seuls intérêts au détriment des compétences et mérites.

Messieurs les ministres, tout en espérant que vous tiendrez compte de notre cris de cœur, veuillez recevoir l’expression de notre plus haute considération.

Un groupe de chercheurs, d’enseignants et de candidats
Wendtoin88@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 10 mai 2022 à 15:45, par Boubié En réponse à : Fonction publique : Des candidats doutent de la transparence du concours de recrutement des enseignants-chercheurs et des chercheurs

    C’est simple. Comme ils le demandent, il faut la contre-expertise. S’il s’avère qu’il n’ya pas eu de fraude dans l’organisation desdits concours, c’est eux (les plaignants) qui vont payer les frais de cette expertise. Mais si c’est l’Administration qui a failli, il faut forcement situer les responsabilités sans pitié. . Comme les responsables qui ont été aux devants dans l’organisation sont toujours au Burkina, ils viendront s’expliquer avec tous les magnons de la chaine de Recrutement.
    Aussi, on demande à l’ASCE/LC de profiter de ce dossier faire un Audit spécial des Recrutements dites "MESURES NOUVELLES" dans ce ministère durant ces trois dernières années.

  • Le 10 mai 2022 à 16:52, par Enseignant-Chercheur intègre En réponse à : Fonction publique : Des candidats doutent de la transparence du concours de recrutement des enseignants-chercheurs et des chercheurs

    J’ai eu des frissons en lisant cette lettre ouverte des intellos du pays. C’est vraiment grave chez les académiciens.
    Vivement que le ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale, l’intègre Bassolma BAZIE, revoit intégralement le mode de recrutement des chercheurs et enseignants-chercheurs au Burkina Faso. Les recrutements doivent se faire par une commission indépendante de GRH. Les institutions publiques d’enseignement et de recherche ont pour rôle d’exprimer leurs besoins en personnel, mais ne doit pas être impliqué dans les recrutements, si nous voulons mettre fin au népotisme. Vive la transparence et l’équité dans les recrutements. Que Dieu bénisse le Burkina Faso

  • Le 10 mai 2022 à 17:38, par Serge En réponse à : Fonction publique : Des candidats doutent de la transparence du concours de recrutement des enseignants-chercheurs et des chercheurs

    C’est vraiment chiant à la fin de voir que les gens ne s’en foutent plus mal de la compétence et le mérite dans le recrutement des chercheurs et enseignant-chercheurs au Burkina Faso. Où allons nous avec un tel système ? Est ce que ce pays à toujours de l’avenir ? J’en doute fort. Je préfère avoir tort sinon c’est la catastrophe dans un avenir très proche.

  • Le 10 mai 2022 à 18:55, par Le Duc du Yatenga Nouveau En réponse à : Fonction publique : Des candidats doutent de la transparence du concours de recrutement des enseignants-chercheurs et des chercheurs

    Basolma a choisi d’aller rouler des déchets et il ne peut faire que ce qu’il est allé faire. C’est un système qui fonctionne comme ça et si on a choisi de servir un système, on le fait avec la plus grande fidélité. Le Duc rit de Basolma BAZIE qui deviendra bientôt Maître-Rouleur de déchets.

  • Le 11 mai 2022 à 12:10, par Azise En réponse à : Fonction publique : Des candidats doutent de la transparence du concours de recrutement des enseignants-chercheurs et des chercheurs

    Je félicite les auteurs de cette lettre qui ont eu le courage de dénoncer ce manque de transparence (décrié depuis plusieurs années) dans le recrutement des enseignants-chercheurs au BF.

    J’avoue avoir suivi ce recrutement avec grand intérêt et de questionnement.

    Tout d’abord, je voudrais souligner qu’un recrutement ne se base pas nécessairement sur les seuls critères de compétences (critères d’objectivité). Un candidat avec un dossier balèze (de nombreuses publications dans de bonnes revues ou conférences) peut se voir refuser la place au profit d’un autre qui a un dossier moins conséquent. La commission de recrutement privilégiera par exemple un candidat qui restera au poste pendant longtemps qu’un autre qui partira à la 1ère occasion pour un poste plus juteux (critères de surjectivité).

    Si la lettre ne le dit pas explicitement, je pense aussi qu’il y a comme une compétition directe entre les nouveaux docteurs formés dans nos universités nationales et ceux issus des universités occidentales.

    Une vraie question se pose : est-ce qu’on privilégie les candidatures du premier groupe avec tout son corollaire positif (recrutement direct des docteurs issus du système) ou négatif (surjectivité, système de "bons petits", pas de débats scientifiques (seuls experts dans mon domaine), etc.), ou est-ce qu’on met l’accent pour attirer les jeunes chercheurs burkinabè du 2e groupe qui ont souvent une autre vision des choses et souhaitent apporter des changements au système ?

    Il y a par exemple des chercheurs dans le 2e groupe (une fois recrutés) qui n’ont pas pu se faire une place dans le système au pays et qui sont repartis faire valoir leurs compétences ailleurs.

    Je pense que le pays gagnerait à fédérer les deux types de parcours de ces jeunes chercheurs pour développer son enseignement supérieur et sa recherche scientifique.
    Les auteurs de la lettre l’ont bien souligné, on se connait presque tous en tant que chercheurs ou jeunes chercheurs (même promo).
    De tels agissements pourraient également avoir des conséquences sur les relations sociales entretenues en tant que promotionnaires.

    Une assise sur la question ou autre cadre de concertation serait un bon départ pour mûrir la réflexion et identifier quelques pistes de solutions.

    Azise Oumar Diallo,
    Jeune chercheur en Informatique
    Lyon (France)

    • Le 11 mai 2022 à 17:20, par Jeune chercheur au Burkina Faso En réponse à : Fonction publique : Des candidats doutent de la transparence du concours de recrutement des enseignants-chercheurs et des chercheurs

      J’ai vraiment apprécié votre commentaire. Le problème du recrutement des jeunes chercheurs et enseignants se trouve dans l’absence de transparence. Personne, sauf la commission chargée du recrutement, ne connait les critères de sélection. Pour un concours de tel niveau on n’a pas besoin d’être dans le secret des dieux pour connaître les critères de sélection et les auteurs de cette lettre l’ont bien souligné. Dans l’annonce, il serait important de decrire très clairement les critères de sélection et pourquoi pas rendre publique les notes obtenues par chaque candidat (vu qu’ils ne sont pas très nombreux comparés aux effectifs des étudiants dans nos universités) comme demandé. Plus il y aura de la transparence moins il y aura de contestations.
      Merci

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