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Corruption au Burkina Faso : Plus de 300 plaintes enregistrées par le Réseau national de lutte anti-corruption en 2021

Publié le vendredi 6 mai 2022 à 22h55min

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Corruption au Burkina Faso : Plus de 300 plaintes enregistrées par le Réseau national de lutte anti-corruption en 2021

Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a annoncé avoir enregistré et traité plus de 300 plaintes de corruption au Burkina Faso en 2021 malgré l’impact négatif de la crise sécuritaire sur ses activités. C’était lors de sa 22e assemblée générale ordinaire de ce jeudi 5 mai 2022 à Ouagadougou.

Selon le secrétaire exécutif Sagado Nacanabo, le REN-LAC a mené au cours de l’année dernière 210 activités de sensibilisation qui ont touché environ 16 000 personnes dans 50 communes, 24 provinces et 11 régions du pays. Toute chose qui leur a permis d’effectuer plus de 60 saisines administratives dans le but d’apporter des solutions aux problèmes constatés.

Pour le secrétaire exécutif, la crise sécuritaire et humanitaire actuelle est en partie la résultante de la mauvaise gouvernance entretenue par les différents régimes du CDP et du MPP. « Tout comme nous devons dénoncer et proscrire les coups d’État en tant que mode d’accession au pouvoir, nous devons également bannir la corruption électorale parce qu’elle ne donnera jamais de légitimité aux dirigeants », a souligné Sagado Nacanabo.

Les participants à la 22e assemblée générale ordinaire du REN-LAC, autour du thème : « Renforçons nos actions de veille citoyenne pour l’effectivité de la lutte contre la corruption et l’impunité des crimes économiques au sommet de l’État

Un processus électoral corrompu

Le REN-LAC dit avoir en effet, dénoncé un processus électoral entaché de corruption au Burkina Faso. Une situation dont il s’inquiétait du fait des répercussions négatives de l’argent utilisé (par les acteurs politiques) pour la conquête du pouvoir sur le processus démocratique du pays.

À l’entendre, le nouveau chef de l’État Paul-Henri Sandaogo Damiba a compris que sans une lutte résolue contre la corruption et la mal gouvernance, la restauration de l’intégrité du territoire national serait vouée à l’échec. C’est ainsi que M. Nacanabo lance un appel aux citoyens qui ont intérêt à un changement qualitatif, afin qu’ils exercent leur droit de veille citoyenne pour contraindre les autorités au respect des priorités et des engagements édictés dans la charte de transition.

Sagado Nacanabo reconduit à son poste de secrétaire exécutif, à l’issue de l’élection de l’équipe dirigeante du REN-LAC à sa 22e assemblée générale ordinaire

Dans la perspective de renforcer son action judiciaire contre l’impunité des crimes économiques, le REN-LAC a mis en œuvre, depuis janvier 2022, avec l’appui de l’ambassade royale du Danemark, un nouveau projet intitulé « Tous débout contre les crimes économiques au Burkina Faso » pour une durée de deux ans.

Un système d’information pour une veille citoyenne efficace

Le réseau anticorruption dit poursuivre également la mise en place de systèmes d’information s’inscrivant dans le cadre de sa mission pour une veille citoyenne dans les collectivités territoriales du Burkina Faso. Et ce, grâce à l’appui de l’institution de droit public allemmande Kreditanstalt für Wiederaufbau (KFW se définissant en français : Établissement de crédit pour la reconstruction) à travers le fonds d’investissement pour les collectivités décentralisées (FICOD).

Un plaidoyer pour la protection des activistes et lanceurs d’alerte

En perspectives, le REN-LAC entend faire une série de plaidoyer en vue de meilleurs résultats pour les années à venir. Pour ce faire, l’institution veut d’abord contribuer à travers un plaidoyer à l’opérationnalisation de l’Agence nationale de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (ANAGRASC). L’autre plaidoyer porte sur l’application des articles concernant les assistants spécialisés, contenus dans la loi n°005-2017/AN : portant création, organisation et fonctionnement des pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières et de la criminalité organisée.

Les huit nouveaux membres du Secrétariat exécutif du REN-LAC

Ensuite, le réseau anticorruption ambitionne aussi mener des actions de plaidoyer pour la prise des décrets d’application restants de la loi organique n°082-2015/CNT : portant attributions, composition, organisation et fonctionnement de l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption. Cela, aux fins de donner plus d’efficacité à l’institution dans sa mission régalienne.

Enfin, considérant l’information comme un élément indispensable en matière de lutte contre la corruption, le REN-LAC entend protéger les activistes et les lanceurs d’alerte contre les abus d’autorité. Ainsi, il prévoit un plaidoyer pour l’adoption d’une loi de protection de ces acteurs qui contribuent selon le réseau, à lever un coin de voile sur les mauvaises pratiques dans l’administration publique à travers leurs publications.

La présente assemblée générale a coïncidé avec la fin du mandat des membres du Secrétariat exécutif du REN-LAC. Elle a de ce fait procédé à l’élection du nouvel exécutif à la tête du réseau composé de huit membres. À l’issue des votes, Sagado Nacanabo a été reconduit à son poste de secrétaire exécutif.

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 mai 2022 à 18:15, par Ka En réponse à : Corruption au Burkina Faso : Plus de 300 plaintes enregistrées par le Réseau national de lutte anti-corruption en 2021

    Tout ça c’est du verbiage. Tant que les "élus" pourront piller les caisses, biens et ressources de l’Etat en toute impunité, cette conception du pouvoir et ses conséquences néfastes perdureront. Ces plaintes seront dans les toilettes de ceux comme Guiro avec des cantines pleines de billets de Banque.

    Dans une république bananière comme le Burkina, la corruption a force de loi. Vue de l’extérieur, elle n’est pas avantageuse, mais quand on est à l’intérieur, elle arrange tout le monde. Il n’y a donc aucune volonté réelle d’y mettre fin, même si, pour plaire aux investisseurs naïfs, on fait semblant.

    Avec la venue du MPP au pouvoir, on a cru bêtement que ça allait changer, mais quand on regarde un peu on voit que c’était pire. C’est pourquoi je persiste et signe : Ce ne sont pas les lois ou les petites condamnations qui mettront fin à la corruption. La corruption est un état d’esprit, dont la matérialisation physique se fait dans les administrations comme dans les commerces. C’est un état de conscience vis à vis de soi et des autres. S’il est vrai que la loi vise à réduire en silence les foudroyer d’économie et décourager les éventuels aventuriers, le vrai travail d’une nation, c’est de lutter contre la corruption dans l’esprit des uns et des autres, et il faut une vraie stratégie de communication entre administrés et gouvernants, par des exemples de punitions sévères.

    • Le 7 mai 2022 à 15:56, par Substance Grise En réponse à : Corruption au Burkina Faso : Plus de 300 plaintes enregistrées par le Réseau national de lutte anti-corruption en 2021

      Bien dit MR Ka
      Tout est fonction de quel modèle de société on veut construire dans notre pays
      L’habitude étant une seconde nature, et si elle est très mauvaise comme le cas de la corruption,seule révolution dans la gouvernance par un leadership éclairé sur au moins 20 ans pourront changer les choses
      Malheureusement le système judiciaire actuel n’est pas fait pour arranger les choses
      Pour commencer il faut que le travail devienne une valeur dans ce pays de manière à ce que les gens comprennent qu’on construit sa vie sur des décennies et non par l’enrichissement illicite par la courte échelle par toutes les méthodes malsaines

  • Le 9 mai 2022 à 10:34, par Ka En réponse à : Corruption au Burkina Faso : Plus de 300 plaintes enregistrées par le Réseau national de lutte anti-corruption en 2021

    Substance Grise : Merci pour ta critique fondée. La réussite de la lutte contre la corruption est uniquement une question de volonté politique. Malheureusement, dans la plupart des cas, on n’assiste qu’à quelques timides gesticulations pour se donner bonne conscience ou améliorer quelque peu son image vis-à-vis de la communauté internationale, ou, pire encore, à une instrumentalisation minutieuse aux fins de neutralisation des investisseurs naïfs. Ce qui se passe dans notre pays, explique et justifie l’attitude de nos dirigeants les premiers concernées de la corruption : En effet, la plupart ayant mis le doigt dans le pot de confiture jusqu’à l’épaule savent très bien que si le vent vient à tourner, on va leur demander de rendre des comptes et que la vérité toute nue viendra rapidement au plein jour.

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