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Médias au Burkina : Dr Cyriaque Paré propose une labélisation des médias en ligne pour plus de crédibilité

Publié le samedi 7 mai 2022 à 13h08min

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Médias au Burkina : Dr Cyriaque Paré propose une labélisation des médias en ligne pour plus de crédibilité

L’amélioration de l’environnement médiatique et celle des textes de loi en matière de presse au Burkina Faso ont fait l’objet d’échanges entre les professionnels du domaine, le mercredi 4 mai 2022 au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) à Ouagadougou. Deux conférenciers, à savoir le juge Karfa Gnanou et le directeur de publication du journal en ligne Lefaso.net, Dr Cyriaque Paré, ont tenu en haleine l’assistance pendant une demi-journée.

Les professionnels des médias plaident pour l’amélioration et l’assainissement du milieu médiatique ainsi que des textes de loi le régissant. En effet, le CNP-NZ avait mené au cours de ses plans stratégiques des plaidoyers pour l’amélioration de l’environnement médiatique général, celle des textes de lois encadrant le travail des médias en particulier.

Ce plaidoyer a abouti, en 2015 à la faveur de la transition, à l’adoption de plusieurs lois dont les lois n° 057-2015/CNT portant régime juridique de la presse écrite au Burkina Faso ; n°058-2015/CNT portant régime juridique de la presse en ligne au Burkina Faso ; n°059 -2015/CNT portant régime juridique de la radiodiffusion sonore et télévisuelle au Burkina Faso et enfin celle, n°52/2015 portant accès à l’information publique et aux documents administratifs au Burkina.

Selon le président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), Guézouma Sanogo, l’adoption de ces lois, a constitué une avancée pour le développement des médias, la liberté de la presse et l’épanouissement des journalistes dans leur travail d’informer.

Il a également souligné que la suppression des peines d’emprisonnement pour des délits de presse était l’une des avancées majeures de ces lois. Toutefois, ces textes de lois comportent encore des insuffisances.
Et contre toute attente, explique-t-il, le 21 juin 2019, l’Assemblée nationale a adopté une loi controversée portant modification de la loi 025-2018/AN du 31 mai 2018 portant modification du Code pénal. Le hic est que cette loi pose des problèmes aux organisations professionnelles de médias et de défense des droits humains, tant dans la procédure d’adoption que dans le fond.

Guézouma Sanogo, président de l’Association des journalistes du Burkina

À en croire les professionnels du métier de l’information, cette loi ne fait pas de distinction entre journaliste, badauds des scènes d’attaques terroristes. Elle remet ‘’dangereusement ‘’en cause l’esprit de la dépénalisation des délits de presse, pouvait-on entendre. Et Dr Cyriaque Paré de préciser en rappelant le rôle social du journaliste. Pour lui, le journaliste est comme selon l’expression consacrée « un chien de garde public », par conséquent, « il y a un certain nombre d’avantages qui lui sont reconnus pour le légitimer dans l’exercice de ses fonctions dans des Etats démocratiques ou la liberté de presse est considérée comme un principe fondamental des droits des peuples et une condition pour le développement des Etats et l’épanouissement des citoyens ».

Après maintes démarches pour la modification de cette loi "anti- démocratique" sans succès des professionnels des médias auprès des autorités compétentes, notamment le ministère en charge de la communication et le Conseil constitutionnel, les organisations des médias ont décidé de saisir le taureau par les cornes en relançant de nouveau des discussions sur cette question ; d’où l’importance de la session de réflexion du 4 mai 2022 pour une meilleure compréhension des textes de loi en matière de presse ainsi que leurs implications en vue d’une meilleure solution de régulation des réseaux sociaux.

Quelles alternatives aux dérives sur les réseaux sociaux ?

Avant de développer le sujet, le conférencier, Dr Cyriaque Paré, a rappelé l’éthique et la déontologie du métier de journaliste en se référant à la Charte de Munich. Ainsi, il faut toujours avoir à l’esprit que le journaliste a « la mission suprême d’informer le public ». Amorçant le thème, il a également fait remarquer que le journalisme sur internet est le même que les autres du point de vue éthique et déontologique, excepté quelques variantes quant aux outils de collecte et de traitement de l’information et à ses modes et formats de diffusion.

Une vue des professionnels des médias présents au forum

Les conditions du bon usage des réseaux sociaux

Pour le communicateur, une bonne éducation aux réseaux sociaux permet d’éviter les dérives, les manquements. Pour ce faire, il a invité les journalistes à toujours vérifier et à préciser la source de l’information pour être à l’abri des sanctions judiciaires. Malheureusement dit-il, "nous sommes dans un contexte où chacun veut la primeur de l’information". Il leur a conseillé également d’éviter le plagiat. « Certes, le numérique facilite le travail mais engendre aussi la paresse. En tant que journaliste, on peut vous condamner pour avoir publié de fausses informations », a-t-il rappelé.

Quelques manquements généralement relevés et les conséquences juridiques

Malgré les dispositions juridiques et déontologiques, les atteintes sont légion dans les publications des médias en ce qui concerne les attaques terroristes au Burkina Faso, a relevé Dr Paré, qui est également le fondateur de l’Institut supérieur de la communication et du multimédia (ISCOM). Les manquements portant atteintes aux intérêts publics à travers l’apologie des actes terroristes et l’amplification de la peur ; les atteintes au secret de la défense nationale et au secret militaire etc. A l’écouter, sont condamnables l’auteur de la publication et ceux qui contribuent à la propager (ceux qui l’ont partagé, aimé…)

Sur les 145 médias répertoriés par le Conseil supérieur de la communication (CSC), il y a 70 au moins qu’on ne retrouve pas sur la base de leurs adresses enregistrées. Pour le spécialiste de la presse en ligne, cela constitue un danger pour l’avenir des médias en ligne car, dit-il, « il y en a qui se sont précipités sur le Web en croyant que c’est un refuge miracle par rapport au papier et autres supports sans avoir un modèle économique ni même un modèle éditorial ».

Pour y faire face, entre autres suggestions, il a proposé la labellisation des sites en ligne pour permettre aux internautes de reconnaître la crédibilité du média à travers un certain nombre de critères en lien avec la déontologie du métier de journaliste afin d’assainir le milieu.

Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net

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