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"Une augmentation de salaires n’est pas possible actuellement"

Publié le mardi 20 janvier 2004 à 11h23min

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L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) vient de célébrer ses dix ans d’existence. Dans cette interview, M. Jean-Baptiste Compaoré, ministre des Finances et du Budget, revient sur les avancées enregistrées par l’Union, les retombées pour le Burkina Faso et la question de l’augmentation des salaires.

Sidwaya (S.) : Que peut-on retenir de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dix ans après sa création ?

Jean-Baptiste Compaoré (JBC) : Dix ans après la création de l’UEMOA, nous pouvons dire que l’Union s’est développée. Elle a créé un environnement favorable au développement de nos Etats membres. Le processus d’intégration est en marche. Les structures et les conditions ont été mises en place pour permettre l’émergence d’un réel marché régional. Le sommet de Niamey nous a permis de faire un bilan à mi-parcours. Tout le monde est unanime à reconnaître que la volonté d’intégration existe bel et bien au niveau des Etats.

Chacun a la volonté de participer à ce grand ensemble économique que l’UEMOA a l’ambition de construire. Et aujourd’hui, on note des avancées certaines. C’est le cas des politiques communes en matière d’agriculture, de mines. Il y a également les routes transnationales que l’Union veut construire. Les Etats sont d’accord qu’il faut se mettre ensemble pour réaliser des projets ambitieux qu’un Etat ne peut entreprendre seul. Il y a l’existence aussi d’une caisse communautaire alimentée par les prélèvements du Tarif extérieur commun (TEC).

Les fonds de cette caisse permettent de financer des actions initiées par l’Union. Ce qu’on peut donc d’emblée retenir de l’UEMOA dix ans après, c’est l’esprit communautaire qui existe dans tous les pays membres. Maintenant, comme je le soulignais tantôt, l’intégration est un processus. Elle nécessite un travail de longue haleine. Il y a certes des insuffisances mais il faut savoir partir des acquis pour combler ces insuffisances. Le VIIIe Sommet de l’UEMOA à Niamey s’est attelé à faire le point. Il a noté les aspects positifs et donner de nouvelles orientations.

S. : La création de l’UEMOA reste liée à la dévaluation du franc CFA. Quel bilan faites-vous de ce changement de parité et ses retombées pour le Burkina Faso ?

JBC. : La création de l’UEMOA n’est pas spécifiquement liée à la dévaluation du franc CFA. Même si la monnaie qui est commune à l’Union joue un rôle fondamental dans les échanges au sein de l’espace. C’est vrai que le changement de parité avait suscité en son temps, des craintes. Mais les efforts conjugués des Etats sont arrivés à les dissiper. Tous s’accordent aujourd’hui à reconnaître que la dévaluation a quelque part, stimulé les échanges commerciaux entre les Etats-membres de l’UEMOA. Les premières avancées c’est que l’Union offre aujourd’hui un marché plus vaste à notre économie.

Notre agriculture s’inscrit dans une politique agricole commune. Il y a également le Tarif extérieur commun (TEC) dont notre pays bénéficie aussi des fonds. Un autre aspect positif de l’UEMOA, c’est la libre circulation des personnes et des biens. Tout opérateur économique d’un pays membre peut s’installer et investir au Burkina Faso et vice-versa. Autres retombées pour notre pays, c’est d’appartenir à un grand espace économique qui dispose d’une monnaie commune. C’est une opportunité pour notre économie de pouvoir écouler ses marchandises ou ses produits. En somme, notre appartenance à l’UEMOA nous offre des débouchés certains. Cela permet à l’économie nationale d’être compétitive et à nos entreprises de s’épanouir.

S. : A l’heure actuelle, quels sont les taux de croissance de l’espace UEMOA et celui du Burkina ? Peut-on s’attendre à une augmentation de salaires grâce à ce taux ?

JBC. : Le taux de croissance de l’espace UEMOA tourne autour de 3%. Ce chiffre est resté stationnaire à cause de la crise ivoirienne qui fait que la Côte d’Ivoire n’arrive pas à amorcer son taux réel de croissance. Néanmoins, des pays comme le Mali, le Sénégal, le Bénin et même le Burkina Faso ont enregistré des performances intéressantes.

Au Burkina Faso, nous espérons un taux de croissance autour de 6,5% pour l’année 2003. Mais ce taux, je le répète, n’est pas suffisant pour envisager d’emblée une augmentation de salaires. Ce n’est pas parce que cette question ne préoccupe pas le gouvernement. Seulement, il faut voir la réalité en face. Grâce aux efforts conjugués de toutes les forces vives de la Nation, on pourra un jour dépasser ce taux et atteindre une croissance de l’ordre de 7, 8 ou 9%. Comme cela, on pourra voir dans quelle mesure, augmenter les revenus au Burkina Faso. Il faut travailler sans relâche, c’est la seule issue.

S. : Qu’en est-il du contrôle des entreprises publiques et privées quand on sait que nombre d’entre elles font faillite ou ne paient pas les taxes fiscales ?

JBC. : Des moyens de contrôle des entreprises existent bel et bien au Burkina Faso. En ce qui concerne les entreprises publiques, il y a l’Assemblée générale des sociétés d’Etat (SE) et celle des Etablissements publics à caractère administratif (EPA). Ces deux instances passent régulièrement en revue les performances et les difficultés de ces entreprises. Les recommandations issues de ces assemblées sont prises en compte par le gouvernement en vue de garantir une bonne gestion des entreprises et établissements publics.

Quant aux entreprises privées, c’est vrai que le gouvernement n’interfère pas dans leur gestion. Mais nous restons tout de même très regardants pour ce qui est de la fiscalité et de la prévention de la fraude. Tout le monde doit savoir que ce sont les taxes et les impôts qui alimentent en grande partie les caisses de l’Etat et permettent à ses services de fonctionner. Nous disposons des moyens nécessaires pour le recouvrement. A ce jour, plus de 80% des entreprises privées ont été répertoriées et soumises à des contrôles. Par ailleurs, je crois qu’une entreprise qui n’enregistre que des pertes doit envisager une autre option afin d’être plus performante et plus dynamique.

Entretien réalisé par
Jolivet Emmaüs Sidibé PAG BELEGUEM
Sidwaya

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