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Semaine mondiale de la vaccination : Il faut protéger en urgence les personnes vulnérables

Publié le mercredi 27 avril 2022 à 20h00min

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Semaine mondiale de la vaccination : Il faut protéger en urgence les personnes vulnérables

Il faut agir en urgence pour protéger les femmes, les enfants et les adolescents vulnérables ainsi que les agents de santé qui les assistent dans le Sahel

Les femmes, les enfants et les adolescents, ainsi que les professionnels de la santé et des organisations humanitaires qui leur offrent des soins et de l’aide, sont confrontés à des défis croissants et à des risques mettant leur vie danger en ces temps d’escalade des conflits et de crises humanitaires dans le monde entier, selon une tribune publiée dans le ‘British Medical Journal’ (BMJ) cette semaine en marge de la Semaine mondiale de la vaccination (24-30 avril 2022).

Alors que les récentes hostilités dévastatrices en Ukraine ont capté toute l’attention du monde, il y a de nombreux autres conflits de longue date et en pleine expansion qui méritent également l’attention et une mobilisation politique à l’échelle mondiale. En 2020, par exemple, un nombre record de 56 conflits actifs a été recensé dans le monde.

Dans la région du Sahel, les pays comme le Nigéria, le Burkina Faso, le Mali et le Niger font l’objet d’attaques violentes de la part d’insurgés extrémistes et de groupes armés non identifiés, ce qui occasionne des conséquences humanitaires inquiétantes. Les conflits armés et les attaques perpétrées contre les civils ont provoqué le déplacement de près de trois millions de personnes, dont près d’un million depuis janvier 2019.

Dans leur tribune, Très Hon. Helen Clark, présidente du conseil d’administration du PMNCH et ancienne première ministre de la Nouvelle-Zélande, et Kersti Kaljulaid, défenseur mondial du Secrétaire général de l’ONU pour le programme ‘’Chaque femme, chaque enfant’’, ancienne présidente de l’Estonie, appellent à une réponse multisectorielle pour garantir la continuité des services pour les femmes, les enfants et les adolescents dans les zones en proie à des conflits et dans des situations humanitaires.

Elles exhortent également les dirigeants du monde entier à prendre l’engagement de s’investir davantage dans les mesures de sécurité et de protection des professionnels de la santé et des organisations humanitaires qui risquent leur vie en cherchant à offrir des services, un soutien et des soins aux femmes, aux enfants et aux adolescents vulnérables dans des conditions extrêmement difficiles.

Dans les situations de conflit et dans les contextes humanitaires difficiles, même les droits les plus élémentaires en matière de santé - de l’accès à des soins obstétricaux sécurisés à la vaccination régulière des enfants - peuvent être refusés aux femmes, aux enfants et aux adolescents vulnérables qui en ont besoin.

Le thème de la Semaine mondiale de la vaccination 2022, ‘’Une longue vie pour tous - pour une longue vie bien vécue’’, nous rappelle à juste titre que, quand bien même la mise à disposition de vaccins qui préservent la vie contre les maladies infantiles dangereuses demeure une ambition à l’échelle mondiale, elle n’est pas encore accessible à tous, surtout pour ceux qui vivent dans des zones en proie à des conflits. Lorsqu’un conflit armé se produit dans un rayon de 10 km du lieu de résidence d’un enfant, les chances pour que celui-ci soit vacciné sont réduites de 47,2 %.

Sur les 8,4 millions de personnes vivant dans les États du nord-est du Nigeria : Borno, Adamawa et Yobe (États BAY) qui, selon les prévisions, auront besoin d’une aide humanitaire en 2022, plus de 30 % des ménages font part de leurs difficultés à accéder aux services de santé de base.

Le nord-est du Nigeria présente également des taux de vaccination plus bas que dans les autres régions du pays : 42 % des enfants du Nord-Est n’ont jamais été vaccinés, alors que ce taux n’est que de 8 % dans le Sud-Est (Enquête nationale sur la couverture vaccinale, 2016/2017). En conséquence, de nombreux enfants succombent à des maladies pouvant être prévenues par un vaccin et à d’autres maladies infectieuses comme le paludisme, la diarrhée aqueuse aiguë, le choléra et la rougeole.

Le Burkina Faso a été déclaré comme pays ayant éradiqué la poliomyélite sauvage en 2015, mais en 2020, ce pays faisait partie des 15 pays du continent africain à connaître des flambées de cas de paralysie liés à d’autres formes de la poliomyélite.

« Dans les situations chaotiques et désespérantes provoquées par les conflits, dans les contextes humanitaires affligeants, les agents de santé et d’assistance sont des acteurs clés du dispositif de protection et d’assistance aux populations victimes et affectées. Leur intervention permet d’entretenir chez les populations touchées l’espoir de la jouissance du droit à la santé et au bien-être », a déclaré Marleen Temmerman, directrice du Centre d’Excellence pour la Santé de la Femme et de l’Enfant de l’Aga Khan University East Africa et membre du conseil d’administration du PMNCH.

« Les préjudices et pertes causés aux agents de santé et d’assistance dans les zones de conflits appellent à des réponses multisectorielles et équitable. Il est temps d’agir pour protéger ceux qui protègent la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents, même dans des contextes sécuritaires périlleux. Il est temps, pour tous les acteurs engagés sur les terrains humanitaires, de prendre des actions concrètes et innovantes afin que les agents de santé ne subissent plus de dommages et ne perdent plus la vie en accomplissant leur mission. »

Les femmes, les enfants et les adolescents dans les zones affectées par les conflits et les crises humanitaires sont exposés à des menaces supplémentaires pour leur vie et leur bien-être. Dix millions de décès d’enfants de moins de cinq ans enregistrés entre 1995 et 2015 dans le monde entier peuvent être directement et indirectement dus aux conflits. Les femmes en âge de procréer vivant à proximité des zones de conflits de grande intensité courent trois fois plus de risques de perdre la vie que les femmes vivant dans un environnement stable.

Les professionnels de la santé et les agents humanitaires risquent également leur propre sécurité et leur vie en cherchant à maintenir la continuité de la couverture des services, des soins et des aides aux femmes, aux enfants et aux adolescents vulnérables dans les zones de conflits. Ils peuvent être victimes du conflit, soit en tant que victimes accidentelles d’attaques, soit en tant que cibles délibérées des forces rebelles. La violence contre les agents humanitaires a fait 484 victimes individuelles en 2020, dont 117 sont décès, faisant de 2020 la pire année enregistrée pour la deuxième année consécutive.

Au Mali, le SHCC a recensé 11 incidents de violence ou d’obstruction contre les travailleurs de la santé en 2020. Au moins quatre ambulances ont été endommagées au cours de ces incidents. L’une des formes courantes de violence contre les professionnels de la santé consistait pour des groupes armés à tirer sur des ambulances et à les détruire. Ces types d’attaques visaient souvent les ambulances des organisations humanitaires bénévoles et des professionnels de la santé locaux.

Le 31 décembre 2021,le ministère burkinabé de la Santé a indiqué que 444 centres de santé (30,7 % du nombre total) ont été victimes de l’insécurité dans les régions les plus affectées par la crise humanitaire. 149 centres de santé ont complètement fermé leurs portes, privant ainsi environ 1,8 million de personnes d’un accès aux soins de santé. Quatre-vingt-seize pour cent de ces centres de santé ont cessé leurs activités en raison d’attaques directes menées par des groupes armés non identifiés, ce qui a contraint les professionnels de la santé à abandonner leur travail.

« Pour protéger ceux qui nous protègent, il faut impérativement coordonner les différents efforts pour promouvoir l’accès à des services sécurisés, y compris la fourniture de vaccins et d’autres biens et services de base à travers des initiatives publiques et privées à plusieurs niveaux et dans différents secteurs », écrivent Helen Clark et Kirsti Kaljulaid dans le BMJ.

« Si les professionnels de la santé doivent offrir des vaccins et d’autres services de base dans ces contextes, ils doivent bénéficier d’une protection constante, comme le demande instamment le Conseil de sécurité des Nations unies (résolution 2286) et comme l’exigent les lois internationales sur l’aide humanitaire et les droits de l’homme. La communauté internationale doit tenir les États et les groupes armés responsables du respect du droit humanitaire international dans les territoires qu’ils contrôlent. »

L’impact des conflits et des crises humanitaires sur les femmes, les enfants et les adolescents, ainsi que sur les professionnels de la santé qui risquent leur propre vie pour protéger les autres, sera davantage examiné lors d’un prochain sommet virtuel organisé par le PMNCH, la plus grande alliance mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents.

Le jeudi 19 mai 2022, le thème : « Des vies en jeu : honorer ses engagements dans les contextes fragiles et humanitaires » va réunir des représentants de gouvernements, du secteur privé, des organisations non gouvernementales, des institutions académiques, des associations de professionnels de la santé, des organisations de jeunes et des groupes de défense des droits de l’homme pour réfléchir sur les actions à mener au niveau mondial pour relever ces défis.

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À propos du PMNCH

Créé en 2005, PMNCH est la plus grande alliance mondiale pour la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents. Elle compte 1 250 organisations partenaires qui travaillent ensemble à travers 10 groupes constitutifs :

gouvernements partenaires, donateurs et fondations, ONG, groupes d’adolescents et de jeunes, organisations du secteur privé, associations de professionnels de la santé, institutions universitaires et de recherche, mécanismes de financement mondiaux, organisations intergouvernementales et agences des Nations unies. Le PMNCH est hébergé par l’Organisation Mondiale de la Santé, basée à Genève.

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