Gorom-Gorom est l’un des chefs-lieux des quatre provinces que compte la région du Sahel. Cette ville est située à plus de 328 km de Ouagadougou la capitale du Burkina Faso. La ville fait face aujourd’hui à d’insupportables problèmes d’eau, d’aliments, de délestage, et de manque de réseaux téléphoniques. Pour dénoncer ces maux qui minent le bon déroulement du développement local et le mieux-être des populations, les habitants sont sortis de leur silence le 16 avril dernier suite à l’appel de la Fédération des associations pour le développement de Gorom-Gorom. Du terrain qui jouxte la SONAGESS et la direction provinciale de la police, les manifestants sont allés remettre leurs doléances au haut-commissaire. Ce dernier étant absent, c’est son protocole qui a reçu les manifestants.

Pour Hamadou Maïga le secrétaire général de la Fédération des associations pour le développement de Gorom-Gorom, la ville de Gorom accueille à nos jours environ 48 mille âmes déplacées internes. Selon lui cette situation a occasionné une surpopulation de la ville et a entraîné du même coup une forte pression sur les consommations d’eau, d’électricité, sans oublier la flambée des prix des denrées alimentaires. Avec l’avènement de l’insécurité a-t-il dit, la commune fait face à d’énormes difficultés.

En outre, il a expliqué que depuis plusieurs années, les services administratifs de quatre communes, sur cinq que compte la province de l’Oudalan Tina-koff, Markoye, Déou, Oursi ont fermé leurs portes pour cause d’insécurité. Sauf la commune de Gorom-Gorom qui végète et tente de satisfaire toutes les tâches jadis dévolues aux quatre autres communes. À l’en croire avant l’arrivée des déplacés internes en 2019 la commune de Gorom compterait 58 506 habitants et aujourd’hui à ce chiffre, il faut ajouter les déplacés internes. La commune de Gorom connaît une pénurie d’eau sans précédent malgré l’installation de quelques bornes fontaines par la nationale de l’eau qui ne distribue maintenant que des factures avec des pénalités et des redevances, affirme la fédération des associations.

Le bidon de 20 litres coûte à la pompe 200 FCFA. Les délestages plongent Gorom chaque jour dans le noir, à ces peines, il faut ajouter des coupures des lignes téléphoniques pouvant dépasser 24h. Toujours selon la fédération le non ravitaillement de la ville en carburant peut atteindre parfois plus d’un mois. La fédération note que les populations meurtries de la commune ont toujours gardé l’espoir que les promesses des autorités locales et gouvernementales répondront efficacement à leurs préoccupations les plus urgentes, mais que nenni.

Parmi les manifestants, les femmes sont sorties nombreuses, avec des bidons et des seaux, elles se battent comme elles peuvent pour la recherche de l’eau.

Un chapelet de pénuries égrenées

Les récents évènements de l’avis du secrétaire général ont démontré que les populations sont livrées à elles-mêmes et les solutions envisagées par le gouvernement tardent à arriver.

Pour sauver l’économie déjà en souffrance ,et soulager la souffrance des populations un comité de veille a rencontré le personnel existant aux seins des sociétés (ONEA et SONABEL) et a pu recueillir des informations. Le constat du comité de veille est qu’au niveau de l’ONEA il n’y a aucun agent. Ce qui rend difficile le paiement des factures d’eau et la mise en place d’un cadre de concertations au niveau local pour trouver des solutions à la problématique de l’eau a indiqué le secrétaire général de la fédération.

Au niveau de l’électricité le constat, c’est la rupture de l’interconnexion et le manque de groupe de relais .Toute chose qui entrave l’approvisionnement de la ville de Gorom en électricité 24H/24. Et cette absence de groupe rend la commune dépendante de l’interconnexion qui d’ailleurs est défaillante.

Au niveau des télécommunications : le comité note le retrait du réseau Telecel, l’instabilité des réseaux Orange et Moov, l’absence d’expertise locale pour la maintenance de ces réseaux, le départ des techniciens de la commune, provoquant ainsi des pannes à répétition. Au niveau des hydrocarbures, le comité a pu constater le manque de carburant dans les stations-service de la ville et le risque de détournement des citernes qui ravitaillent la commune de Gorom-Gorom avec en exemple la citerne d’essence détournée en mars dernier par les forces du mal et dénonce l’absence des fournisseurs et d’escorte de ces fournisseurs au cas où ceux-ci empruntent la route de Gorom.

La Fédération fait des suggestions

Pour ce faire, la fédération des associations demande la suspension des pénalités sur les factures d’eau et d’électricité. La formation d’agents locaux pour assurer la continuité des services. Le renforcement des équipements, la réalisation de forages supplémentaires, la poursuite du projet de triangle d’eau et le retour des agents de l’ONEA ainsi que le rétablissement de l’interconnexion Sonabel et la dotation par cette dernière d’un groupe de relais.

La fédération suggère aussi aux autorités la négociation de la fourniture temporaire de l’électricité avec IAmgold Essakane et le retour des agents administratifs de la Sonabel à Gorom. Au niveau des hydrocarbures, la fédération propose de trouver des fournisseurs et des moyens de ravitaillement permanents de la commune de Gorom en carburant. Le protocole du haut-commissaire qui a reçu les doléances des mains de la fédération a promis aux manifestants que leurs doléances seront transmises à qui de droit.

Daoula Bagnon
Correspondant Dori