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Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

Publié le lundi 18 avril 2022 à 22h00min

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Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

La corruption ruine et sape la confiance entre les citoyens, leurs dirigeants, les institutions publiques et constitue un frein au développement, pour ne pas dire qu’elle est, indirectement, la base de plusieurs situations malheureuses au quotidien. D’où l’enjeu de la campagne, voire de l’offensive, lancée par l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) à travers le processus des audits commandés par le président du Faso.

Les audits annoncés concerneront environ une centaine de structures publiques, notamment des ministères et institutions, des sociétés d’Etat, des Fonds nationaux de financement, des établissements publics de l’Etat, des collectivités territoriales, a expliqué le premier responsable de l’ASCE-LC, le contrôleur général d’Etat, Philippe Néri Kouthon Nion, lors d’une conférence qu’il a animée à cet effet, lundi 11 avril 2022 à Ouagadougou, première sortie du genre en cette qualité de président de l’institution.

Les domaines de ces audits sont la gouvernance, le contrôle des marchés publics, le contrôle du carburant et lubrifiant (les frais de mission à l’intérieur et à l’extérieur du pays, les frais de voyage, les rétributions…), les comptes de dépôt, les régies d’avances, les dons divers au bénéfice de certaines personnes...

« L’audit, par principe, ne s’adresse pas aux personnes mais au processus, au système de contrôle interne, au dispositif de gestion des risques, à la gouvernance, etc. Le but pour nous, c’est d’identifier s’il y a des points forts, des points faibles, des dysfonctionnements, les causes y relatives et à partir de ces constats, identifier les bonnes pratiques à suggérer ou des recommandations d’amélioration. On pourra aussi s’intéresser à la performance.

Dans le cas des structures publiques, on ne peut passer sous silence la régularité et la conformité. Pour ce faire, les normes internationales d’audit interne édictées par l’Institut des auditeurs internes (IIA) que nous utilisons, nous contraint pour toute mission d’audit, à déterminer les objectifs, à tenir compte de la probabilité qu’il existe des erreurs significatives, des cas de fraudes ou de non conformités et d’autres risques importants », détaille le contrôleur général d’Etat.

Ces audits devront aboutir soit à des constations de simples dysfonctionnements ou certaines irrégularités mineures (impliquant ainsi la saisine de la structure auditée en vue de l’élaboration d’un plan d’actions de mise en œuvre des recommandations formulées), soit à un décèlement d’irrégularités majeures ou graves, non constitutives d’infractions pénales, mais présomptifs de fautes de gestion (appelant à la saisine de la structure auditée en vue de l’élaboration d’un plan d’actions de mise en œuvre des recommandations formulées ; saisine de la cour des comptes en vue de la mise en jeu de la responsabilité pour faute de gestion) soit encore ils révèleront des irrégularités majeures ou graves constitutives d’infractions pénales (saisine du département « enquête et investigation » de l’ASCE-LC pour diligenter des enquêtes judiciaires sous la supervision du procureur du Faso).

Par un communiqué paru les jours d’avant, l’institution a lancé un appel au public aux fins de porter à sa connaissance, toute information sur les acquisitions de patrimoines mobiliers et immobiliers au Burkina Faso et à l’étranger, susceptibles de constituer des faits présomptifs de corruption, de délit d’apparence, d’enrichissement illicite, de détournement de biens publics, etc.

On se retrouve, dans cette démarche, comme en avril 2015, sous la transition de 2014-2015, avec le ministre de la sécurité, Auguste Denise Barry, qui avait, dans le cadre de la « guerre » lancée contre le grand banditisme au Burkina, promis des sommes à toute personne qui donnerait des informations sur des personnes soupçonnées d’être des « bandits » (des sommes allant de de 150.000 à 250.000 F CFA). Des Burkinabè avaient relevé la contradiction entre l’esprit de lutte, la moralisation de la vie publique et l’élément vénal ainsi exposé. Non seulement les risques de dérapages étaient grands dans une société comme actuelle du Burkina, mais une telle démarche dépouillait également de l’élément moral que doit revêtir la lutte commune contre les pratiques néfastes.

On ne peut pas poursuivre le recouvrement de valeurs en les monnayant en même temps. Il faut simplement organiser des campagnes d’explications du bien-fondé des dénonciations et renforcer les moyens des structures étatiques (policiers, gendarmes, institutions de lutte anti-corruption), des organisations de la société civile de lutte contre la corruption et développer et vulgariser les canaux de dénonciations.

Dire que « des récompenses sont prévues sur les produits recouvrés grâce aux dénonciations faites », s’apparente à une défaillance de l’administration ou à un dilatoire, car dans un quartier huppé comme Ouaga 2000 par exemple, qui n’est pas destiné au Burkinabè moyen, l’on se demande comment un individu peut venir s’échafauder un bunker sans que l’administration n’ait des informations sur lui et ses activités.

Si l’on admet que (ce qui est réellement le cas) le Burkina est gangréné par la corruption, qui se manifeste dans tous les secteurs de la vie publique, c’est qu’il faut apprendre à faire de son combat, un acte de tous les jours et non une exception. L’aspect vénal pourrait donc biaiser l’esprit, car, dénoncer ce qui n’est pas normal doit tendre vers un réflexe citoyen. Par la dénonciation, ce sont des actes qu’on combat, ce n’est pas être contre quelqu’un.

Un « appel anonyme » a par exemple permis d’éviter une explosion à Ouagadougou, selon la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) qui a présenté, le 31 mars 2022, des rouleaux de cordeaux détonants, du nitrate… Une stimulation de l’exposition montre que « sur un rayon de 200 mètres, il n’allait plus rien avoir. Ni personnel, ni bâtiment dans le rayon dans une zone d’habitation. L’impact pouvait se ressentir jusqu’à 1, 5 km », a décrit le génie militaire qui a désamorcé le danger. Comme on le dirait dans certains milieux, c’est de cela aussi qu’il s’agit comme leçons à tirer dans la lutte.

Une autre inquiétude liée à la fois à la vaste campagne d’audits et aux récompenses pour dénonciation réside dans la suite réservée aux dossiers. Il ne suffit pas de faire le constat pour ensuite ranger les rapports ou en utiliser pour des fins personnelles, politiques ou encore réserver aux fautifs, des traitements de complaisance. Des fautifs doivent pouvoir restituer ce qu’ils ont pillé au peuple. S’il n’y a pas de sérieux dans le traitement de telles questions qui sont à la base de l’effritement de la confiance entre dirigeants et dirigés, les citoyens et leurs institutions, ce sera toujours le perpétuel recommencement, donc du gaspillage de ressources et d’énergies.

O.L.O
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 19 avril 2022 à 01:00, par Patriote En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

    La corruption est le démarreur vêt le carburant de insécurité.

  • Le 19 avril 2022 à 08:58, par Sacksida En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

    Beaucoup de Courage au Controleur General d’Etat et a tous ses Collaborateurs pour ce Vaste Operation d’Audits et de mains propres qui devrait remettre le Burkina Faso sur la Voie de la Transparence Vertueuse et de la Bonne gestion des Deniers publics et egalement Prives. Mais le seul probleme reside dans l’Institution Judiciaire qui porte depuis longtemps une lenteur ; sinon meme une Laxisme structurel qui entasse et bloque des Dossiers Penals. Il y’a lieu de bien s’inspirer des procedures des Tribunaux Populaires de la Revolution d’Aout. Sans qui l’ont pourrait depenser de l’energie, de l’argent public et des hommes integres sans aucun impact sur la question de la Gouvernance Vertueuse et ce serait des peines perdues. Or au terme de cette operation l’on devrait avoir un Bilan positif en terme de retrait des biens mal-acquits, des ressources recuperes et un assainissement Vertueux de la Gouvernance et un Burkina Faso debarasse des mauvaise pratiques et de gestion publique ou privee. Salut

  • Le 19 avril 2022 à 10:38, par Le Duc du Yatenga Nouveau En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

    Voilà ! C’est cette mission et ses membres que tout Burkinabe doit bénir à travers des prières intenses. C’est une telle mission que tous les fétiches doivent être réunis pour accompagner. Sourwèma doit se mettre à la tache pour ça. C’est cette mission que tout Burkinabe doit accompagner avec honnêteté. C’est cette mission qui va permettre au pays de connaitre pourquoi les différentes débâcles dans la lutte pour le développement et la paix. Corruption, pillage des ressources, affairisme, fraudes, terrorisme sont tous des moteurs qui font marcher le système capitaliste. Ce sont des maillons qui se tiennent et qui se manifestent en synergie.Si cette mission n’aboutit pas .... Courage à NION, à son équipe et à tout Burkinabé qui viendrait en soutient. Le Duc aime la voie de la paix.

  • Le 19 avril 2022 à 11:14, par Lucius En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

    Pardon mon ami. Aux États-Unis il y a des récompenses pour ceux qui apportent des informations et ça marche bien. Il suffit de commencer et on apprend dans la pratique à démêlerle vrai du faux. Le learning by doing.

    • Le 19 avril 2022 à 12:50, par Bakoul En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

      « Lucius », arrêtez de faire les copier-coller. Entre la société américaine et burkinabé, l’écart est très grand. Moi personnellement, même si j’avais à dénoncer, le fait de parler de récompense me déconcerte. Nous devons tenir compte de ce que nous voulons, au Burkina nous voulions construire une société citoyenne, ça commence par ces détails.
      Bakoul

      • Le 19 avril 2022 à 14:21, par KingBaabu En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

        Je saisirai l’ASCE/LC très bientot pas pour dénoncer quelqu’un, mais pour exiger que la lumière soit faite sur trois(3) sitations scandaleuses qui restent comme une plaie dans le pied des Burkinabé :
        1)l’exécution de la voie de sortie ouest de Ouaga, prolongement de l’échangeur de l’ouest
        2) les travaux de construction de l’Université Thomas Sankara à Gonsé
        3) les travaux de construction de la voie de prolongement de l’’’Avenue 56’’ jusqu’à l’echangeur de l’Est et qui passe devant l’Hopital Yalgado.
        Que tous le s Burkinabe épris de justice fassent corps avec l’ASCE/LC car la corruption est la mère de tous nos malheurs, y compris le péril djihadiste. Il faut une forte protection autour de ces personnes.

  • Le 19 avril 2022 à 14:12, par Lepenseur En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

    L’AUDIT EST UN OUTIL EFFICACE DE GOUVERNANCE S’IL SE FAIT DANS LES RÈGLES DE L’ART SANS A PRIORI.
    EN LA MATIÈRE, NOUS LES TECHNIENS, NOUS PARLONS D’AUDIT BASE SUR LES RISQUES. QU’EST CE QUE CELA SIGNIFIE ? CELA EST SIMPLE : ON COMMENCE PAR LES STRUCTURES OU LA PROBABILITÉ DE CORRUPTION EST TRÈS ÉLEVÉE ET L’IMPACT TRÈS GRAVE.
    SI L’ASCE/LC DEVAIT APPLIQUER CELA. LES AUDITS DEVAIENT COMMENCER PAR LES DÉPARTEMENT MINISTÉRIELS EN LIENS AVEC LA DEFENCE ET LA SECURITE CAR NON SEULEMENT BEAUCOUP D’ARGENT Y A ÉTÉ MIS MAIS AUSSI LA SURVIE DE NOTRE NATION EN DÉPEND. C’EST UNE FOIS LES DÉPARTEMENTS TRÈS RISQUES SONT AUDITES QU’ON PASSE PROGRESSIVEMENT AUX AUTRES EN FONCTION DE LEURS NIVEAUX DE RISQUES.

  • Le 19 avril 2022 à 15:33, par Yiouuuj En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

    Celui qui a plus de deux cours et qu il ne touche pas plus de 200 000 f cfa est un voleur ?

  • Le 19 avril 2022 à 22:17, par Sacksida En réponse à : Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du contrôleur général Philippe Nion et son équipe

    De meme il y’a lieu de faire des Audits Specifiques sur les Fraudes Fiscales de l’Or et bien d’autres secteurs economiques car dans ce domaine beaucoup de Mauvaises pratiques et Gouvernance font perdre a l’Etat Burkinabe. Surtout au niveau du Cabinet International un travail serieux et appreciable peut etre realise dans l’interet General du Peuple Burkinabe
    Salut

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