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Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

Publié le lundi 12 décembre 2005 à 09h24min

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Les dernières émeutes des jeunes des banlieues en France n’ont pas laissé quelques pays voisins indifférents. L’Allemagne, contrairement à la France ne possède pas de banlieues dans ses grandes villes et se targue de pouvoir éviter de telles turbulences. Ce qui n’évacue pas pour autant la question de l’intégration de ses immigrés.

En plus de la communauté turque, considérée comme « les Burkinabé de la Cote d’ivoire » en Allemagne et dont la première génération est arrivée vers les années 50 pour apporter leur force de travail à la reconstruction du pays et l’intégration reste mitigée, il vit aussi en Allemagne une grosse communauté africaine.

Parmi les Burkinabè, l’un des plus anciens à résider dans la ville de Berlin est M. Clément Drabo qui vit en Allemagne depuis 1992. Instituteur de profession dans son pays natal, M. Drabo raconte qu’à son arrivée, il n’existait pas de visa d’entrée entre l’Allemagne et le Burkina Faso. Aujourd’hui technicien supérieur de biotechnologie à l’Université libre de Berlin, il souligne que vivre et travailler pour un immigré africain en Allemagne reste toujours possible mais est conditionné par la volonté et le courage du candidat.

Pour Clément Dakio, l’une des conditions primordiales est de se faire former dans une université du pays d’accueil (qui dispose d’un large programme de formations dans tous les domaines) quelles que soient les études qu’on aurait déjà achevées au pays natal. Une recommandation qu’ignorent de nombreux immigrants africains. A force de faire des petits boulots pour glaner des sous, ces derniers ne prennent très souvent conscience de leur situation que lorsqu’ils n’ont plus la capacité et le moral de retourner sur un banc d’université. « La concurrence est rude et pour faire sa place il faut être cinq fois meilleur qu’un Allemand en raison du taux élevé de chômage ici » nous confite M. Drabo.

Une intégration vraie et réussie en Allemagne est-elle possible ? A cette question, M. Drabo n’hésite pas à affirmer qu’elle n’est possible ni en Allemagne ni ailleurs sans un effort d’adaptation à la vie quotidienne, culturelle, sociale voire politique du pays d’accueil. Car l’intégration reste un idéal que tout immigrant cherche perpétuellement à atteindre.
Une des erreurs des immigrants est de s’isoler, de refuser de se frotter à la population allemande, alors que cela pourrait être un canal pour mieux améliorer son niveau de langue et surtout faire tomber les préjugés et montrer que la vraie Afrique n’est pas celle vue à ARD ou la ZDF, l’une des principales chaînes publiques allemandes.

Pour Clément Drabo, si on ne peut pas ignorer les cas de discrimination, il ne faut pas non l’incriminer à tout bout de champ. « Si dans mon travail je sens des attitudes négatives de mes collègues à mon égard je ne peux pas systématiquement les considérer comme des cas de racisme mais peut être comme des signes de mauvais comportement ou de mauvaise éducation ».

Si M. Drabo, aujourd’hui de nationalité allemande et père de deux enfants, a du mal à se prononcer sur cette situation de discrimination il faut noter que c’est grâce à sa femme qui est originaire du pays et qui lui a permis de survoler certaines difficultés et de s’imprégner rapidement des comportements allemands.

Il se serait difficile de prouver le contraire car il est quasi impossible pour un Africain de se familiariser avec les Allemands et de vite saisir leur humour à cause de leur attitude de méfiance envers les immigrés. De même, il leur est difficile d’accepter que l’on puisse être noir et Allemand. C’est qu’a pu vérifier mon cousin Mamadou revenant des vacances de Tikaré. Possédant depuis fort peu la nationalité allemande, il était fier d’exhiber son passeport rouge à la police de l’aéroport. Le policier de service, presque surpris, lui a demandé de se remettre dans le rang des « Non européenns » car il est Afro allemand, un terme employé pour désigner tous les Africains qui ont acquis la nationalité allemande ou sont fils d’immigrés africains et sont nés dans le pays d’accueil.

Ces attitudes démontrent que le fait d’être noir et Allemand reste encore à inscrire dans l’esprit des Allemands. Si cela est déjà un fait dans la « Mannschaft » l’équipe nationale de football, il faut encore attendre longtemps pour ce qui est des médias.

Dans son combat pour l’intégration de la communauté africaine en Allemagne, M.Drabo a réussi à mettre en place, malgré son manque de temps, une association des Burkinabé vivant à Berlin. Cela est louable à juste valeur quand on sait à quel est point il est difficile de mettre une association officiellement reconnue dans le pays de la nouvelle chancelière Angela Merkel.

L’un des buts de cette association est de permettre aux quelques Burkinabé (environ 50 à Berlin) de se retrouver entre eux et de partager certaines expériences. A travers ce partage d’expériences, les membres de l’association guident les nouveaux venus à mieux s’orienter et surtout à surmonter les difficultés de bureaucratie.

Les manifestations qu’elle organise sont les faits marquants de cette association. « Malgré notre éloignement du Burkina, nous devons vivre et prouver la richesse culturelle de notre pays ; ce qui permet à nos amis européens et surtout Allemands de voir qu’une autre Afrique, culturellement riche et qui avance selon son rythme existe » affirme M. Drabo.

L’engagement du président de l’association est si grand qu’il a toujours, avec la compréhension et le soutien de sa femme, su venir en aide à des ressortissants burkinabé en situations difficiles (rapatriement, démêlée avec les services d’immigration). « M. Drabo m’a permis de retrouver ma famille burkinabé en Allemagne et grâce à ses conseils, de pouvoir me situer dans ce monde qui me paraissait invivable et inhumain. Je lui serai toute ma vie reconnaissant » affirme un de ses compatriotes qui veut garder l’anonymat.

Notre frère germano-burkinabé (il faut noter que la double nationalité n’existe pas en Allemagne) est convaincu qu’une intégration en Allemagne reste possible. Il suffirait selon lui de prendre des dispositions pour être en règle avec les autorités allemandes, ne pas fléchir à l’apprentissage de la langue, se doter d’une formation adéquate et se fixer un idéal qui consisterait à ne pas se laisser berner par les clichés, ni surtout céder au désespoir.

Alex Moussa Sawadogo
Lefaso.net
Correspondant à Berlin (Allemagne)

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Vos commentaires

  • Le 16 décembre 2005 à 01:48, par sababou En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

    C’est bien quand on se considère comme pionniers et que l’on se sente investi d’une mission, au point de se poser en donneur de leçons. Il y a mille et une façon pour tout burkinabé, désireux de vivre à l’étranger, de faire le choix qui est le sien et de s’épanouir aussi bien que notre cher germano-burkinabé ; si ce n’est mieux.
    Je suis abasourdi par tous ces gens, qui s’érigent en exemple et se croit "sorti de la cuisse de Jupiter". De grâce vivez votre vie et ne nous prenez pas de haut.

    • Le 16 décembre 2005 à 12:03, par Lefaso.net En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

      Tu dois avoir un problème, toi.
      Je ne vois pas où il est donneur de leçons ; donneur de conseils, peut-être.

      J’espère que tu ne fais pas partie de ceux qui passent leur vie dans des petis boulot au lieu de chercher à s’épanouir réellement au plan professionnel.

      En tout cas, qui se sent morveux se mouche !!!!!!!!

      • Le 16 décembre 2005 à 21:15 En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

        Moi aussi non plus, je n’ai pas compris sa reaction. Peace

        • Le 17 décembre 2005 à 11:04 En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

          Comme l’a dit l’autre qui se sent morveux se mouche. Sababou doit savoir s’il l’ignore qu’on a toujours besoin de conseils quelque soit ce qu’on est. Peace mon frére !

          • Le 17 décembre 2005 à 14:14, par sababou En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

            Je ne cherche pas la polémique. Et je ne vois pas en quoi certains se sentent vexés. Aussi pour rassurer les critiques sensés me viser ; je n’ai pas insinué une quelconque residence en dehors du Burkina ; ni sous-entendu que je me satisfaisais de "petits boulots". Mon message, je l’espérais, exhortait à un peu d’humilité : c’était le non-dit.
            Par ailleurs, à la différence des réactions lues ; j’ai, me semble-t-il ( avec humilité et respect pour les autres), signé mes propos. Ce dont ne peuvent se vanter messieurs les critiques qui "ne sentent pas du tout morveux". C’est un minimum de politesse, à mon sens. Ayons le courage de nos opinions.
            Bien à vous !!!
            Avec toute ma sympathie.

            • Le 19 décembre 2005 à 11:34, par Yirmoaga à bengué En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

              Sababou, qui que tu sois et ou que tu sois, ta réaction est hors de propos. En quoi le sieur Drabo se fait-il donneur de leçons ou prend-il les gens de haut ? Si tu n’es pas hors du burkina c’est dommage, tes propos viennent de ton analphabétisme. Mais si tu es hors du Burkina et que tu réagis ainsi, alors je ne saurai quoi te dire.
              Il faut situer le contexte de l’article du journal avant d’avoir des réactions bêtes. Si vous ne pouvez pas quitter le pays, n’en voulez pas aux autres qui ont pu le faire. Si vous êtes hors du pays et que vous êtes aigri, c’est votre problème. Epargnez vous dorénavant de tels propos révoltants. Et fermez-là si vous voyez que les autres lecteurs ne sont pas d’accord avec vous. Jaloux, va.

              • Le 20 décembre 2005 à 01:22, par sababou En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

                A Yirmoaga à bengué,

                C’est peut-être vrai que ma réaction puisse paraître "hors de propos". Je ne vais pas non plus chercher la polémique avec vous, même si je ne partage pas votre point de vue de considérer les compatriotes restés au Burkina comme des analphabètes. C’est assez reducteur et quelque peu maladroit, me semble-t-il. Mais nous n’avons peut-être pas, la même dextérité à faire des amalgames aussi simplistes que ça. je vous le concède. Rassurez-vous, loin de moi l’idée d’être jaloux de quique ce soit, ou encore d’envier "votre très haut niveau d’instruction". Mais je pense que dès lors qu’un tiers s’exprime sur la toile, il est normal qu’il y ait des réactions (favorables ou défavorables). La preuve, vos propos à mon égard suite à ma réaction sur l’article de Mr Drabo. C’est ça aussi la democratie ! En aucun cas, il ne faut "baillonner" une personne parce qu’il est votre contradicteur. Sur ce point précis, je remarque que vous auriez pu être un peu gentleman avec un zeste de politesse et utiliser d’autres termes plutôt que "aigri" ou encore "fermez-la".
                Certes, je ne partageais pas certains points avec Mr Drabo, mais en aucun cas, je ne me serai permis d’être injurieux à son égard. Voyez-vous, Mr Yirmoaga, on peut ne pas être d’accord avec quelqu’un ; mais cela n’autorise pas à se montrer irréverencieux (même pas par le canal du net), surtout quand on est entre nous frères burkinabé. Si Mr Drabo, s’est senti blessé par mes propos, je m’en excuse très sincèrement. Ce n’était pas le but recherché. Il aurait fallu rentrer dans les détails de mon argumentation et je pense que je me serais fait moins "charcuté" ou pas du tout. Bref, et pour faire court je suis d’avis avec lui que le fait de suivre des études débouchant sur une formation (gage de réalisation de soi et d’intégration), est une vérité de la palice. Mais à cette nuance près qu’elle est valable pour tous les pays du monde et non pour la seule et unique allemagne.Par conséquent, derrière ce noble et intelligent conseil, pourrait être decellé un message somme toute narcissique. Ce fut ma compréhension. Est-elle fondée ou non ? j’en ai cure. J’avais à coeur de l’exprimer.Point barre ! il n’y a aucune jalousie ni animosité derrière. Ne vous emportez pas Mr Yirmoaga et merci d’avoir signé cette fois-ci vos propos.
                Avant de clore, je vous invite à méditer sur cette pensée de Socrates : << Si vous êtes beaux, restés dignes de votre beauté et si vous êtes laids ; faites respecter votre laideur par votre savoir.>>.
                A très bientôt j’espère, mais en plus poli si ce n’est pas trop vous demander.
                Bonnes fêtes de fin d’année.
                God bless us !!!!

                • Le 31 décembre 2005 à 08:41 En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

                  Sababou s’est montré au finish plus intellectuel que ceux qui l’accusaient de ne pas l’etre. Et je pense que c’est son sens critique qui a fait qu’il a compris les propos de notre Allemand au-dela des lignes. Et pour ca, mon vieux, il faut etre plus qu’un analphabete. Ne voyez-vous pas ?

                • Le 9 janvier 2006 à 07:33 En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

                  Bonjour Sababou,
                  D’une part, quand j’ai lu votre réaction aux propos de notre frère "germano-burkinabè", Drabo, j’étais, dans un premier temps, radicalement écoeuré par votre réaction. Par conséquent, j’ai failli, de manière épidermique vous répondre directement, sur un ton manifestement et nécessairement qui aurait été discourtois, et ce, pour vous faire savoir mon opinion par rapport à votre réaction. Cette retenue, je vous l’affirme, fut un effort incroyable, d’autant plus que votre pseudonyme s’y prêtait bien (Sababou = catastrophe)
                  Cependant, d’autre part, quand j’ai vu vos excuses, sincèrement et humblement présentées à M. Drabo, j’ai eu un absolu respect, non pas pour votre première réaction, mais par le texte d’excuse à travers votre réponse à "yirmoaga". J’ai alors mesuré votre grandeur d’exprit et votre sens des responsabilités à l’aune de votre dernière déclaration. Ce qui justifie amplement ma retenue. Bonne Année à vous.
                  Me Kéré, Avocat à Nancy.

                  • Le 14 janvier 2006 à 21:52, par sababou En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

                    A Me Kéré (Nancy).
                    Merci pour vos voeux que je vous reciproque. J’ai été sincèrement touché par vos propos à mon égard(avec ceux d’un autre compatriote) et j’ai tenu à vous le faire savoir avec un peu de retard (3semaines de vacances en st l’explication) certes ; mais enore une fois merci pr votre tolérance et votre compréhension. Juste une petite rectif, mon pseudonyme "Sababou" veut dire, si je ne m’abuse, "opportunité", "chance" en dioula ou bambara et non <> comme vous l’écriviez. Je l’ai choisi en me disant que le net donne la chance et srtt l’opportunité de faire des rencontres. Ceci est d’autant vrai, que votre opinion sur moi a changé au fil des écrits et de mon argumentation. De sorte que nous nous apprécions mutuellement. J’espère de tout coeur que "Yirmoaga" aussi viendra grandir ce cercle d’amis (je l’espère) ; lui qui a été très "virulent" à mon égard.Mais je ne lui en tiens pas rigueur.
                    Autre chose de personnel : voudriez-vous me donner votre mail perso, ou m’écrire sur le mien. Merci pour votre compréhension une fois de plus.
                    A très bientôt, je l’espère !!!
                    Très cordilement.
                    Sababou.( kotigui_dady@hotmail.com ).

                    • Le 23 janvier 2006 à 23:40 En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

                      Sababou,
                      Pardon d’avoir galvaudé la signification de votre pseudonyme. Mais après tout ce n’est qu’un pseudo.... rires. Comme suite à votre demande, je vous transmets mon mail personnel car je n’ai rien à me reprocher contrairement aux nombreux internautes qui se cachent derrière des pseudonymes.
                      Kere.paul@wanadoo.fr
                      Excusez-moi du retard car cela fait longtemps que je n’étais pas allé sur le site de DRABO, notre frère allemand.
                      Bonne journée à vous et à bientôt. Paul Kéré.

  • Le 20 décembre 2005 à 18:12, par KGB En réponse à : > Clément Drabo, germano-burkinabè ou comment s’intégrer en Allemagne

    Du calme, Ne vous en faites pas, ca arrive souvent ce genre d`incomprehension. On reste tous freres qu`on soit dedans (au Faso) ou dehors. On est ensemble. felicitation a Alex pour ce portrait. Enmfin je recois les nouvelles de M. Drabo apres l`avoir rencontre` il y a un an a Berlin. Felicitation. salut Alex.
    KGB, Washington

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