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L’énergie solaire : Une alternative rentable dans la Boucle du Mouhoun

Publié le vendredi 15 avril 2022 à 20h00min

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L’énergie solaire : Une alternative rentable dans la Boucle du Mouhoun

Au Burkina Faso, l’électricité demeure encore une denrée rare pour une bonne partie de la population. Pour pallier cette situation, le pays a entrepris d’importer de l’électricité auprès des pays voisins comme la Côte d’Ivoire et le Ghana. Malgré cet état de fait, le besoin en électricité reste à combler. C’est ce qui explique que le Burkina Faso s’est tourné, ces dernières années, vers les énergies renouvelables notamment le solaire. Dans la Boucle du Mouhoun, ils sont nombreux, ces citoyens qui ont fait l’option du solaire pour mener leurs activités.

Pour satisfaire ce besoin, CB Energie a pris le problème à bras le corps depuis plus d’une dizaine d’années en leur fournissant du matériel solaire. En effet, elle intervient dans le domaine de l’installation de panneaux solaires, de lampadaires solaires, de systèmes de pompage solaire et de montage de lampes solaires. A son actif également, on note l’éclairage de plusieurs services et voies publiques à Dédougou.

Il est 21h 30 ce jeudi 24 mars 2022 quand nous rentrions d’un voyage de Ouagadougou. Nous sommes à l’entrée de Dédougou. Au péage, des lampadaires éclairent les lieux. À la première vue, on croirait à des lampadaires ordinaires. Nous n’aurons pas le temps de vérifier car il n’y a pas de contrôle de police. Le chauffeur passe. Nous avançons vers la ville.

Installation d’un lampadaire solaire à Tchériba (province du Mouhoun)

Au centre-ville, d’autres lampadaires du même type font office de lumière pour les usagers de cette partie de la ville notamment sur le tronçon Dédougou-Tougan. En période de chaleur, les usagers n’ont pas à s’inquiéter. Le soleil est en abondance pour alimenter les plaques. Et ce n’est pas tout, bien d’autres services, concessions, centres de formation s’adonnent à l’énergie solaire dans la Boucle du Mouhoun.

Cette source d’énergie fait la pluie et le beau temps au Centre hospitalier régional (CHR) et chez le chef de canton de Dédougou. L’énergie solaire joue un rôle important dans les activités socio-économiques des habitants de la région de la Boucle du Mouhoun surtout dans les villages. Certaines populations se sont tournées vers le solaire, soit pour trouver une source permanente d’électricité soit pour en faire une source temporaire lorsqu’il y a délestage. C’est à cette dernière option que la mairie de Dédougou a fait recours.

Selon Augustin Yerbanga, le système solaire est durable et rentable

L’énergie solaire dans le jardinage

Le centre de formation des jeunes jardiniers, situé au secteur 5 de Dédougou, s’est illustré dans l’utilisation du solaire. Ce mercredi 29 mars 2022, nous y sommes. De loin, nous apercevons un château d’eau juché au milieu d’un vaste terrain marécageux. Des plaques solaires recouvrent le toit du château. Au milieu des plants, quelques jeunes arrosent le jardin divisé en petites portions.

Chaque portion, contenant une variété de culture. Chants de coqs par-ci, grognements de porcs par-là, c’est l’ambiance qui nous est réservée dans ce centre, à l’image d’une ferme agricole. Dès que nous franchissons la porte du bureau du moniteur, nous apercevons un frigo solaire soigneusement placé au coin de la pièce. À la question de savoir si ce réfrigérateur fonctionne, l’occupant des lieux, Augustin Yerbanga nous répond en montrant un gobelet contenant de l’eau et un glaçon : « bien sûr qu’il fonctionne très bien. Sinon je ne pouvais pas boire de l’eau glacée tôt ce matin ».

Le système de pompage solaire du centre de formation des jeunes jardiniers de Dédougou fonctionne depuis 2005

Après un bref entretien, nous comprenons que ce centre est complètement alimenté par de l’énergie solaire. Son système de pompage solaire installé depuis plus de dix ans, lui permet de faire le jardinage et de former les jeunes en agriculture, mécanique, élevage, menuiserie et en coupe-couture. Le système est durable et rentable selon les aveux de M. Yerbanga.

« Notre système de pompage existe depuis 2005. Nous n’avons pas eu de panne jusqu’aujourd’hui », nous souffle-t-il.
Selon le moniteur, la production du jardin est destinée à l’alimentation des jeunes. « Quand il y a un surplus, nous faisons appel à des clients. Cet argent servira aux petites dépenses et pour le fonctionnement du centre », ajoute-t-il avec satisfaction.

Quid du commerce de l’eau en zone rurale ?

Dans le village de Poundou à une quarantaine de kilomètres de Dédougou, Mme Fonkani fait de bonnes affaires dans la vente d’eau grâce à son installation solaire. Nous nous sommes rendus sur les lieux. C’est le jour de marché du village, madame fait la vaisselle. « Elle s’active pour se rendre au marché afin d’y vendre de l’eau glacée », nous informe Charles Fonkani, son mari, un quinquagénaire. C’est en 2006, qu’il a acquis ses premières plaques solaires. Avec des réfrigérateurs adaptés, sa femme s’est lancée dans la vente d’eau et de jus.

A l’aide d’un système de pompage, il abreuve également son bétail et arrose aussi son jardin d’un hectare. Des citronniers et bananiers s’entremêlent aux oignons, choux et concombres. « Tout ce que nous produisons, nous ne pouvons pas tout consommer. Nous vendons beaucoup. Nous avons des clients qui viennent de Dédougou », se réjouit M Fonkani. Il est dans une perspective d’agrandir la superficie de son jardin. Pour ce faire, il a réalisé un deuxième forage. Il ne lui reste que l’installation d’un château.

CB Energie, champion du solaire

La grande partie de ces installations solaires sont l’œuvre d’une entreprise basée à Dédougou, CB Energie. Pionnier dans le domaine solaire, elle a ouvert ses portes en 2004 et continue de faire le bonheur de bon nombre d’habitants, surtout les plus défavorisés. Nous faisons un tour dans ces locaux. Le premier responsable de cette société se veut pragmatique. Toute l’entreprise est alimentée par l’énergie solaire. Un château d’eau avec un système de pompage solaire y est dressé.

De la vente de lampes solaires à l’installation de système de pompage en passant par la formation de jeunes dans le domaine, CB Energie joue sa part active dans l’électrification de la région. L’entreprise est composée de deux entités à savoir CB Energie et Lagazel.
CB Energie est la spécialiste des installations solaires. Elle intervient dans tout ce qui est système photovoltaïque et pompage solaire. Selon son directeur général, Abdoulaye Sana, l’entreprise est à l’origine de plusieurs réalisations dans la région.

Le château d’eau avec un système de pompage solaire de CB Energie

Il cite entre autres, des systèmes de pompage solaire à Souri, à Poundou, au secteur 5 de Dédougou. L’éclairage n’est pas en reste. Au poste de péage sur la route de Koudougou, au CHR de Dédougou et chez le chef de canton, les lampadaires dressés sont ses œuvres. A Daman, localité située à une cinquantaine de km au nord-est de Dédougou, une centrale solaire a été réalisée par CB Energie, selon son DG.

Des lampes solaires à usage multiple

Quant à Lagazel, elle s’occupe de l’assemblage des lampes solaires dont les matières premières sont importées. À l’intérieur d’une salle, les ouvriers penchés, chacun sur une table, montent une pièce du puzzle. Le chef de service, Ibrahim Ouédraogo, dans les détails, nous explique le processus du montage des lampes c’est-à-dire de la matière première à la mise en carton en passant par le montage de chaque pièce.

Le chef de service de Lagazel, Ibrahim Ouédraogo attribuant des numéros à chaque lampe

Les lampes solaires de Lagazel ont une durée de vie de 10 ans, foi de M. Ouédraogo.
Le directeur général de CB Energie explique que la naissance de cette deuxième entité se justifie par le fait de la détaxation des produits solaires au Burkina Faso. Toute chose qui a occasionné l’inondation du marché national par des lampes dites de « chinoiseries ». « Nous avions eu du mal à écouler nos produits.

C’est pourquoi nous sommes repartis, sur la base de nos recherches, créer une deuxième entreprise qui est Lagazel. De 2016 à nos jours plus de 50 000 lampes de types solaires ont été fabriqués », se réjoui, Abdoulaye Sana. Ces outils sont essentiellement utilisés par les élèves surtout dans les zones rurales. Cependant, regrette-t-il, à cause de l’insécurité qui a engendré l’inaccessibilité de certaines zones, Lagazel connaît des difficultés pour écouler sa production.

Selon le directeur général de CB Energie, Abdoulaye Sana, son entreprise connait des difficultés pour écouler sa production

L’entreprise, relève son DG, collabore avec le ministère en charge de l’énergie et l’Agence nationale des énergies renouvelables (ANERE). [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Yipénè NEBIE
Lefaso.net

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