LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Burkina - Cour des comptes : Latin Poda installé dans ses fonctions de Premier président

Publié le jeudi 14 avril 2022 à 19h30min

PARTAGER :                          
Burkina - Cour des comptes : Latin Poda installé dans ses fonctions de Premier président

Plébiscité par les membres du conseil supérieur de la magistrature en décembre 2021, Latin Poda a été installé dans ses fonctions de Premier président de la Cour des comptes, ce jeudi 14 avril 2022. Successeur de Justin Jean-Baptiste Bouda et quatrième à occuper cette fonction, il a juré d’exercer en toute impartialité dans le respect de la Constitution. C’était en présence du président du Faso, Paul Henri Damiba.

« Je jure de bien et fidèlement remplir ma fonction, de l’exercer en toute impartialité dans le respect de la Constitution, de garder le secret des délibérations et des votes, de ne prendre aucune position publique et de ne donner aucune consultation à titre privé sur des questions relevant des compétences de la Cour et de me conduire en tout comme un digne et loyal magistrat ». Après avoir prononcé cette formule de serment, Latin Poda a été officiellement installé dans ses fonctions de nouveau Premier président de la Cour des comptes, juridiction supérieure du contrôle des finances publiques au Burkina.

« Une époque intéressante est toujours une époque énigmatique qui ne promet guère de repos, de prospérité, de continuité, de sécurité », a lancé Latin Poda, citant Paul Valéry qui s’exprimait devant un groupe de jeunes lycéens en juillet 1930. Pour lui, plusieurs fronts sont ouverts au Burkina si bien qu’il n’y a pas une minute à perdre : Covid-19, terrorisme, porosité économique, attentes sociales accrues et gestion des déplacés internes.

Un vue de la salle des banquets qui a abritée la cérémonie de prestation de serment et d’installation

« Chaque secteur de la vie publique doit contribuer à la lutte de manière acharnée »

« Il n’y a guère de prospérité parce qu’il suffit de regarder les indicateurs économiques de notre pays pour mesurer l’ampleur de l’impact négatif de l’insécurité sur la situation socio-économique du pays. Il n’y a guère de continuité parce que nous savons que les jours à venir seront différents même si d’aucuns redoutent que les leçons de la crise que vit notre pays ne soient tirées à la hauteur des attentes. Il n’y a guère de sécurité, car le constat est amer. Tout indique que les Burkinabè doivent conjuguer leur quotidien avec le phénomène terroriste et que chaque secteur de la vie publique doit contribuer à la lutte de manière acharnée. La contribution de la Cour des comptes est sans conteste particulière à ce niveau pour l’utilisation rationnelle des ressources de l’Etat », a indiqué Latin Poda dans son discours.

Défis en ressources humaines et financières

« La responsabilité à assumer est profonde et j’en ai pleinement conscience », a indiqué le Premier président de la Cour des comptes qui dit compter sur l’accompagnement de l’exécutif, du pouvoir législatif mais aussi de ses collaborateurs. D’ailleurs, il entend placer son mandat sous le signe de la communication pour faire connaître davantage la Cour et le travail qu’elle abat.

Les ambitions sont nobles, mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Latin Poda a indiqué que le travail des membres de la Cour nécessite une présence régulière sur le terrain et une mobilisation permanente des ressources humaines, matérielles et financières que l’Etat jusque-là n’arrive pas à assumer entièrement. « En effet, le dernier rapport public 2020 de la Cour fait ressortir un effectif de 106 agents dont 33 membres magistrats professionnels, conseillers et inspecteurs du trésor, des impôts et administrateurs des services financiers. Un besoin financier de 670 millions de francs CFA et une dotation définitive de 323 435 000 francs CFA qui n’a pas échappé aux régulations budgétaires », a indiqué le Premier président de la Cour des comptes avant d’exprimer sa gratitude aux partenaires tels que l’Union européenne.

Le président du Faso a posé avec les membres de la Cour des comptes

Alain Poda en a profité pour faire un plaidoyer pour des réformes urgentes afin de permettre à la Cour de mieux accomplir ses missions. « Pour les sanctions pour faute de gestion depuis 20 ans, le nombre d’arrêts rendus par les formations disciplinaires en matière de fautes de gestion n’excèdent pas 5. Le travail de la Cour est beaucoup plus portée vers ses missions non juridictionnelles d’audit, d’informations et de conseils. Pour sauvegarder effectivement le patrimoine public, cette tendance doit concilier les exigences de responsabilités et de redevabilité des justiciables de la Cour. L’efficacité recherchée ne peut être une réalité en dehors d’un cadre légal approprié adapté aux exigences structurelles et institutionnelles du moment », a-t-il laissé entendre en faisant allusion à la loi organique.

Latin Poda n’a pas manqué de saluer l’abnégation du personnel de la Cour dans le travail. Il a enfin rendu un vibrant hommage à ses prédécesseurs pour les sillons tracés, notamment Justin Jean-Baptiste Bouda qui assurait jusque là l’intérim de la Cour, qu’il va quitter en fin juin 2022.

Fredo Bassolé
LeFaso.net

Encadré : Biographie express de Latin Poda

Latin Poda connaît bien la Cour des comptes qu’il a intégrée en février 2020 en tant que conseiller à la chambre chargée du contrôle des opérations de l’Etat.

Il a été juge au siège au tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso en 1996 avant de rejoindre la ville de Kaya en tant que juge d’instruction au tribunal de grande instance. De là, il rejoint le tribunal de grande instance de Ouagadougou.

Latin Poda a été été également conseiller technique à la Chancellerie du ministère de la Justice, Garde des Sceaux, et conseiller à la Cour d’appel de Ouagadougou. De septembre 2009 à 2019, il occupe le poste d’Assistant Juriste devenu par la suite Juriste Référendaire à la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) de l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).

LeFaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 15 avril 2022 à 08:28, par le citoyen En réponse à : Burkina - Cour des comptes : Latin Poda installé dans ses fonctions de Premier président

    Au delà de tout notre dépendance vestimentaire au niveau de la Justice est caractéristique de notre indépendance partielle. Chaque tauge d’un magistrat de la cour des comptes couterait environs 5 millions. Pauvres pays africains !

  • Le 15 avril 2022 à 13:35, par Justace En réponse à : Burkina - Cour des comptes : Latin Poda installé dans ses fonctions de Premier président

    "" Chaque tauge d’un magistrat de la cour des comptes couterait environs 5 millions. ""
    Quoi ?? @ le citoyen il y a de quoi s’indigner. Wouaou ! Pour certains il fait bon vire au pays des hommes "désintégrés". Pauvre Burkina, pauvre Afrique ! A quand le réveil ?
    Comme s’il n’y avait pas de tailleurs ou de couturiers (pour les plus snobes) au Burkina ici pour tailler et coudre ces accoutrements bizarroïdes là.
    Dans un pays pauvre où les gens meurent de faim, on achète ça 5 millions cfa l’accoutrement et si je ne m’abuse, certainement auprès de fournisseurs étrangers notamment occidentaux pour faire "grand standing".
    Si c’est parce que trop imbibés du colonialisme, nous croyons toujours ne pas pouvoir nous en passer, pourquoi ne pas former des chômeurs ayant besoin de travailler à leur confection en Faso dan fani ici au Faso ? Cela va créer des emplois pour quelques jeunes et ça ne coutera jamais 5 millions cfa la tenue. Le magistrat ou la personnalité qui ne veut pas d’une toge en Faso dan fani cousu par des burkinabè n’a qu’à débarrasser le plancher et fiche le camp. Point final !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique