« Le problème de santé publique lié à Salmonella s’étend à la résistance aux antibiotiques attribuée à des facteurs génétiques et environnementaux ». Voici ainsi planté le contexte de la thèse de madame Ky, dans son introduction. Tout au long de sa soutenance, l’impétrante a communiqué sur un type de bactérie dénommé “Salmonella”. Celle-ci constitue, selon madame Ky, l’une des causes d’infections gastro-intestinales à travers la consommation d’aliments de rue non hygiéniques en Afrique de l’Ouest et au Burkina Faso en particulier.

L’objectif poursuivi ici est de déterminer l’implication des “Salmonella non Typhi et non Paratyphi” dans les toxi-infections alimentaires au Burkina Faso. Un travail qui a recueilli l’approbation de l’ensemble du jury présidé par le Pr Aly Savadogo, pour son originalité mais aussi parce qu’il est un sujet d’actualité digne d’intérêt.

Le sandwich, sujet à la contamination par Salmonella

Il est notamment ressorti de cette thèse que les sandwichs étaient l’un des aliments qui exposaient le plus les populations au risque d’infections parce qu’étant très prisés par les citadins. « Il est reconnu que les sources les plus fréquentes d’infections humaines sont les produits alimentaires d’origine animale insuffisamment cuits ou contaminés. Ainsi, le sandwich serait sujet à la contamination par Salmonella, étant un aliment constitué de garnitures riches en protéines animales et de produits végétaux », a expliqué madame Marguerite Edith Malatala Nikiema, épouse Ky.

« La Salmonellose est considérée comme un problème de santé publique et une source fréquente de complications médicales », soutient Marguerite Edith Malatala Nikiema épouse Ky.

De l’enquête réalisée lors de ses travaux, elle révèle que la production et la commercialisation des sandwichs sont pratiquées par un personnel non formé aux bonnes pratiques d’hygiène. De plus, elle en déduit que l’environnement de vente tout comme le traitement des matières premières ne sont point propices à une préparation hygiénique des sandwichs.

À l’entendre, la salmonellose est considérée comme un problème de santé publique et une source fréquente de complications médicales. Il est par conséquent urgent pour elle, de former les vendeurs de sandwichs à l’hygiène individuelle et collective dans le secteur de l’alimentation de rue afin d’éviter les toxi-infections alimentaires.
À l’issue des épreuves auxquelles a été soumise madame Ky, le jury lui a décerné le grade de docteur de l’Université Joseph Ki-Zerbo avec la mention très honorable pour la qualité du document qui leur a été présenté. « Je félicite la candidate qui a une bonne maîtrise de son sujet et qui nous a présenté des résultats d’une grande importance pour notre société », a affirmé le président du jury, Aly Savadogo, professeur titulaire de biochimie-microbiologie de l’Université Joseph Ki-Zerbo.

De la gauche vers la droite, le jury composé du Pr Hagrétou Sawadogo (rapporteur), de Nicolas Barro (co-directeur de thèse), du Pr Solange Ngazoa (rapporteur), du Pr Aly Savadogo (président du jury), du Pr Lassana Sangaré (directeur de thèse) et du Dr Assèta Kagambega (rapporteur)

La qualité du travail de l’impétrante reconnue par tous au niveau du jury est à l’image des compétences qui l’ont encadré tout au long de la préparation de sa thèse. Il s’agit de Lassana Sangaré, professeur titulaire de bactériologie/virologie de l’Université Joseph Ki-Zerbo mais aussi de Nicolas Barro, professeur titulaire de biochimie-microbiologie/virologie de l’Université Joseph Ki-Zerbo.

« Le travail a porté sur une thématique qui est d’actualité, celle des aliments de rue. Le constat est qu’aujourd’hui, la plupart des repas que nous consommons dans la rue sont contaminés et madame Ky s’est penchée sur la question pour identifier le contaminant majeur, notamment bactérien. Cela, afin d’apporter une contribution à la résolution de cette problématique », a souligné Pr Nicolas Barro, co-directeur de la thèse.

« Le constat est qu’aujourd’hui la plupart des repas que nous consommons dans la rue sont contaminés et madame Ky s’est penché sur la question pour identifier le contaminant majeur notamment bactérien », a souligné Pr Nicolas Barro, co-directeur de la présente thèse

Les travaux de recherches de madame Ky, l’ont conduit en terre ivoirienne dans les locaux de l’Institut Pasteur où elle a séjourné quelques temps pour compléter ses résultats. Les membres de l’institut, représentés à cette soutenance par Solange Kakou-Ngazoa, maître de recherche de microbiologie environnementale, ont salué le dynamisme et la ténacité dont a fait montre la candidate au doctorat des sciences biologiques appliquées.

« Je suis très contente de faire partie du jury de la thèse de madame Ky parce qu’elle a été stagiaire dans mon laboratoire en Côte d’Ivoire et c’est un honneur pour moi d’assister au couronnement de ses efforts. Elle a été aussi bien travailleuse qu’assidue, et je pense qu’elle sera une bonne ressource pour l’Université Joseph Ki-Zerbo et la recherche au Burkina Faso », a déclaré le Pr Solange Kakou-Ngazoa.

« Madame Ky a été stagiaire dans mon laboratoire en Côte d’Ivoire et c’est un honneur pour moi d’assister au couronnement de ses efforts », a déclaré le Pr Solange Ngazoa, Maître de recherche de microbiologie environnementale à l’Institut Pasteur de Côte d’ivoire

La découverte du “Salmonella Zabredaaga“

Dr Marguerite Edith Malatala Nikiema épouse Ky s’est dit fière des résultats engrangés parce qu’étant parvenue à l’issue des recherches à identifier un nouveau sérotype au Burkina Faso dénommé “Salmonella Zabredaaga“ grâce à la confirmation par séquençage du génome Entier à l’institut Pasteur de Paris sous la supervision du Pr François-Xavier Weill.

« C’est un sentiment de grande joie ! C’est un ouf de soulagement ! Je ne sais pas comment l’expliquer. C’était beaucoup de stress et de fatigue mais aujourd’hui nous rendons grâce à Dieu », a confié Jean Baptiste Ky, docteur en pharmacie.

Sentiment relatif à l’aboutissement de la thèse

Ces résultats (tant appréciés) réalisées par Marguerite Edith Malatala Nikiema épouse Ky, sont aussi le fruit de soutiens multiformes mais surtout moraux des membres de sa famille. À commencer par son cher époux. « C’est un sentiment de grande joie ! C’est un ouf de soulagement ! Je ne sais pas comment l’expliquer. C’était une grande expérience avec ses joies et ses stress mais aujourd’hui nous rendons grâce à Dieu », a confié Jean Baptiste Ky, docteur en pharmacie.
Croyant fermement aux capacités de son épouse, M. Ky l’encourage à outrepasser sa zone de confort pour relever d’autres défis tout en apportant sa contribution au développement de la science par la recherche.

Le beau-père de Mme Ky, a quant à lui, émis le vœu que sa belle-fille ait de très belles opportunités à l’issue de la thèse.

« Je souhaite que madame Ky occupe le poste d’assistante de recherche à l’Université Joseph-Ki-Zerbo ou ailleurs. Surtout que le Pr Solange Kakou-Ngazoa venue de la Côte d’Ivoire nous a fait rêver, nous espérons qu’il deviendra réalité par la grâce de Dieu », a déclaré Boureima Jacques Ky, fonctionnaire international à la retraite.

« Je souhaite que madame Ky occupe le poste d’assistante de recherche à l’Université Joseph-Ki-Zerbo ou ailleurs », a déclaré Boureima Jacques Ky, fonctionnaire international à la retraite.

Elle ambitionne notamment d’initier dans un futur proche, une sensibilisation des producteurs et vendeurs de sandwichs sur les bonnes pratiques d’hygiène en vue de réduire le taux d’infections gastro-intestinales au Burkina Faso. La préparation de vaccin pour venir à bout des Salmonella non Typhi et non Paratyphi. Mais aussi la mise en place d’un observatoire national pour la surveillance génomique de Salmonella.

C’est dans la spécialité “biochimie-microbiologie” des sciences biologiques appliquées, que madame Ky a présenté ses travaux de thèse de doctorat unique. Elle vient ainsi renforcer l’effectif des femmes docteures du Laboratoire de biologie moléculaire, d’épidémiologie et de surveillance des bactéries et virus transmissibles par les aliments (LaBESTA).

Hamed NANEMA
Lefaso.net