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Braquage de la BCEAO en 2002 : « Sur 20 millions de francs CFA, la police nationale n’a reçu que cinq millions », confie Palguim Sambaré

Publié le mardi 12 avril 2022 à 23h00min

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Braquage de la BCEAO en 2002 : « Sur 20 millions de francs CFA, la police nationale n’a reçu que cinq millions », confie Palguim Sambaré

« Sur 20 millions de francs CFA offerts par la BCEAO, la police nationale n’a reçu que cinq millions qui ont été répartis entre les directeurs centraux, les éléments de l’aéroport…(une trentaine de personnes environ) ». C’est ce qu’a confié à Lefaso.net, le commissaire à la retraite Palguim Sambaré, qui a lui-même demandé à livrer sa version sur certains aspects de l’affaire. Directeur général de la police nationale à l’époque de l’arrestation de Sia Popo Prosper, il est actuellement commissaire à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il nous livre dans cette interview des informations complémentaires après celles de Béatrice Sanon et du commissaire principal Enoch Shorgo.

Lefaso.net : Après le récit de Béatrice Sanon et du commissaire Enoch Shorgo sur l’arrestation de Sia Popo Prosper à Ouagadougou, quel complément pouvez-vous y apporter ?

Palguim Sambaré : C’est juste quelques informations que je vais ajouter. Parce que le récit de mes prédécesseurs a été quasiment exhaustif sur cette affaire de l’arrestation de Sia Popo Prosper à Ouagadougou.

Lorsque Sia Popo a été arrêté, la BECEAO a demandé quels étaient les besoins de la police nationale ? Et j’ai fait savoir à Djibrill Yipènè Bassolé, ministre de la sécurité à l’époque, qu’il était indispensable d’acquérir un véhicule d’intervention pour le compte du commissariat central, car celui qu’on avait n’était plus en bon état.

Quand le siège de la BECEAO de Bobo-Dioulasso ou de Ouagadougou a un problème sécuritaire, c’est le commissariat central qui intervient en première ligne. Parce qu’il y a un système de liaison directe entre le commissariat central de la capitale et celui de la ville de Sya. Il nous arrivait de faire des tests pour jauger notre niveau d’alerte et c’est ainsi que nous nous sommes rendu compte que notre véhicule d’intervention nécessitait d’être renouvelé.

« Cela m’a fait mal au cœur. Au point de vouloir renoncer aux cinq millions », garde un mauvais souvenir de cette époque, l’ancien directeur général de la police nationale, Palguim Sambaré

Donc quelques jours après, le ministre Bassolé m’informe que la BECEAO a offert 20 millions de francs CFA à la police nationale. Mais, tenez-vous bien, sur ces 20 millions, la police n’a reçu que cinq millions qui ont été répartis entre les directeurs centraux, les éléments de l’aéroport…(une trentaine de personnes environ).


Lire aussi : Braquage de la BCEAO en 2002 : Béatrice Sanon, la policière à l’origine de l’arrestation de Sia Popo Prosper n’a pas été décorée


Cela m’a fait mal au cœur. Au point de vouloir renoncer aux cinq millions. Mais des collaborateurs comme le commissaire Roger Zango (directeur de la sûreté de l’État à l’époque) me l’ont déconseillé. J’ai personnellement en tant que directeur général, perçu la somme de 500 mille francs CFA.

Je sais que de nombreux policiers pensaient que je m’étais taillé “la part du lion” mais ce n’est pas le cas. Ce qui est regrettable, c’est que l’on prenne 20 millions à la place d’un véhicule d’intervention pour n’attribuer que cinq millions à la police. C’est quand même triste ! C’est la tâche noire que je garde du souvenir sur l’affaire Sia Popo Prosper.

Pourquoi Béatrice Sanon n’a pas été décorée pour avoir contribué à l’arrestation de Sia Popo Prosper ?

Sur la question de la décoration de Béatrice Sanon, je pense qu’il devait y avoir à l’époque un problème de management entre feu le commissaire Ambroise Kafando et elle. Sachez cependant que la direction générale de la police nationale n’est habilitée qu’à décerner la médaille d’honneur aux agents, ce que possédais déjà Mme Sanon. Mais j’avoue en tout cas qu’elle donnait satisfaction sur le plan professionnel.

« Pour remettre Sia Popo aux autorités ivoiriennes à la base aérienne, nous y étions le ministre Bassolé et moi », a précisé Palguim Sambaré, commissaire à la CENI

Quelle était l’attitude de Sia Popo à la base aérienne lorsque la délégation ivoirienne est venue le chercher ?

Après l’interpellation de Sia Popo Prosper, c’est le bureau Interpol d’Abidjan et de Ouagadougou qui ont traité l’affaire. Puis les autorités ivoiriennes ont envoyé un avion spécial pour l’embarquer. La délégation était conduite par le chef d’Interpol d’Abidjan, N’Guessan, je retiens bien son nom parce que nous avons beaucoup travaillé ensemble. Pour remettre Sia Popo aux autorités ivoiriennes à la base aérienne, nous y étions le ministre Bassolé et moi.


A lire aussi : Braquage de la BCEAO en 2002 : « Sia Popo Prosper était prêt à nous satisfaire, quel que soit le montant », révèle Enoch Sorgho


J’ai trouvé Sia Popo Prosper serein. C’est bizarre il n’avait pas du tout paniqué. C’est quelqu’un qui a un fort caractère je trouve. La délégation ivoirienne, elle, était ravie que nous ayons pu l’arrêter. Après cela je n’ai plus eu de nouvelles de lui mais cela m’étonnerait qu’il soit encore en prison, s’il est toujours en vie.

Cependant je me rappelle, que Sia Popo aurait dû être arrêté au poste de police frontière de Dakolo. Car le regretté officier Dramane Ahissé qui était le chef de poste, s’en voulait jusqu’à sa mort de l’avoir laissé filer. Même s’il avait des soupçons, il n’avait pas de preuve tangible pour l’interpeler. Ce n’était pas de sa faute parce qu’ils ne disposaient pas à ce niveau d’outils nécessaires pour déceler son faux visa Schengen.

Je félicite le professionnalisme des éléments de l’aéroport à l’époque. Surtout Enoch Shorgo qui était assistant. Il est aujourd’hui commissaire de police. C’était l’un de nos meilleurs éléments dans la détection de faux documents et autres.

Propos recueillis par Hamed NANEMA
Lefaso.net
Crédits photos : Auguste PARÉ

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