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Pierre TAPSOBA, coordonateur de l’ AMP : “Les municipales permettront de savoir qui est qui”

Publié le vendredi 2 décembre 2005 à 08h06min

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Pierre Tapsoba

On ne peut certainement pas évoquer la brillante victoire du président Blaise COMPAORE à l’élection présidentielle du 13 novembre sans faire référence à l’Alliance pour la mouvance présidentielle (AMP). L’AMP, c’est aujourd’hui 27 partis politiques, outre les élus du CDP, elle compte en son sein 9 députés, 2 maires et près d’une centaine de conseillers municipaux en exercice.

Pour en savoir davantage sur cette alliance et parler de perspectives après l’élection du président Blaise COMPAORE, nous avons rencontré le député Pierre TAPSOBA, le coordonnateur national de l’AMP.

M. Le coordonnateur, comment s’est opérée la mise en place de l’AMP ?

Pierre TAPSOBA (P.T) : Je voudrais avant tout remercier votre journal pour l’intérêt qu’il porte à l’AMP, qui est une structure un peu méconnue et qui mérite beaucoup plus d’audience. Pour répondre à votre question, je dirais d’abord que la notion de mouvance ne date pas d’aujourd’hui.

Depuis l’élection présidentielle de 1998, il y a eu une mouvance qui s’est créée mais je dirais qu’elle était informelle. Il y a eu à l’époque des partis qui ont manifesté au CDP leur volonté de soutenir son candidat. Mais il n’y avait pas de structure pour les regrouper. Chacun « naviguait » de son côté. Au dernier congrès du CDP, lorsque j’ai été confirmé au poste de secrétaire aux relations extérieures du parti avec mon adjoint le député BONNANE, nous avons senti la nécessité d’organiser la mouvance.

Et cela parce que chaque mois qui passait nous recevions des demandes de partis qui voulaient adhérer à la mouvance présidentielle. C’est ainsi que nous avons convoqué une réunion sur la nécessité de créer un cadre de concertation. A force de discussions et de concertations ce cadre a été créé et une convention a été signée le 20 avril 2005. C’est ainsi que l’AMP a vu le jour.

Pourquoi c’est vous, responsable du CDP qui êtes le coordonnateur national de l’AMP ?

P.T : Lorsqu’on parle de mouvance, on parle aussi d’une force politique agrégée autour d’un candidat. Et la première des forces politiques agrégées autour du candidat Blaise COMPAORE, c’est le CDP. C’est dire aussi que le CDP est membre de l’AMP et la convention signée stipule entre autres que la coordination de l’AMP est assurée par le président du CDP. Mais comme le président avec ses multiples fonctions ne pouvait, manifestement pas assumer une telle charge, le bureau exécutif du CDP a trouvé que la structure la mieux indiquée est le secrétariat aux Relations extérieures et par voie de conséquence. Je devais assumer cette tâche en tant que secrétaire aux Relations extérieures du CDP.

Pouvez-vous nous rappeler brièvement les clauses de la convention que les partis membres de l’AMP ont signé ?

P.T : La convention d’abord définit la notion de mouvance présidentielle. Partant de cette définition la convention a arrêté un certain nombre de devoirs et d’obligations à remplir pour pouvoir prétendre être membre de l’AMP. En outre, très clairement, la convention indique l’objet qui est de soutenir le président Blaise COMPAORE dans tous les programmes politiques qu’il mettra en œuvre.

La convention prévoit aussi une structure de gestion quotidienne de l’alliance, c’est la coordination nationale qui comprend cinq (5) membres : un coordonnateur national qui est du CDP, un adjoint qui est d’un autre parti, deux membres chargés de l’organisation qui sont de deux partis différents et enfin un rapporteur.

L’AMP, c’est aujourd’hui 27 partis politiques. Comment le coordonnateur national que vous êtes, vous arrivez à gérer tout ce beau monde ?

P.T : La gestion de ce beau monde comme vous le dites est assez facile. Facile dans la mesure où l’objectif qui anime tous ces partis est le même : c’était d’abord susciter et soutenir la candidature de Blaise COMPAORE et après soutenir son programme d’actions. C’est pour vous dire que quand des partis même nombreux sont animés par le même objectif et le même souci, la coordination devient assez facile. C’est vrai qu’il y a souvent de petites divergences dans la conduite à tenir mais dans l’ensemble tout se déroule parfaitement.

Comment s’est organisé le processus électoral au sein de l’AMP ?

P.T : Nous avons d’abord mis en place un programme commun et des programmes particuliers à chaque parti. Le programme commun était une manifestation qui regrouperait tous les partis de la mouvance. Il y avait une animation permanente tous les jours au siège. Ensuite nous avons organisé un meeting le 1er novembre à la Maison du peuple.

Après, nous avons senti la nécessité que chacun aille sur son terroir politique pour mobiliser ses militants dans la mesure où à Ouagadougou c’est bien mais dans les campagnes le travail politique est encore mieux. C’est ainsi qu’à partir du 2 novembre, chacun est parti sur son terroir politique pour battre la campagne et mobiliser les militants et l’électorat.

Et quand le candidat Blaise COMPAORE devait tenir un meeting dans une province d’un responsable de l’AMP, celui-ci se faisait le devoir d’être présent et de mobiliser les militants pour le meeting.

En dehors du CDP, que représentent les autres partis en terme de force politique ?

P.T : Pour répondre à cette question nous pouvons utiliser ce que j’appellerais un thermomètre : il y a des partis qui viennent de naître et qui n’ont pas eu l’occasion encore de faire leurs preuves sur le terrain.
Nous ne pouvons pas jauger leur force politique. Mais il y a des partis qui existent et qui ont des députés, des conseillers municipaux et des maires. Dans la situation actuelle nous ne pouvons que considérer que ces partis sont beaucoup plus implantés que les partis qui n’ont pas encore eu l’occasion de participer à des élections.

Prenez par exemple l’UPR qui est un regroupement de plusieurs députés qui appartiennent à des partis différents. L’UPR c’est six (6) députés, c’est un parti qui compte. Il y a aussi d’autres partis qui ont des députés. Salvador YAMEOGO est député, Boniface ZONGO est député, Diamdioda DICKO est député, etc... c’est donc sur la base de ces élus que nous pouvons essayer de considérer qu’un parti est beaucoup plus représentatif que l’autre. Mais, je pense qu’il faut attendre les municipales qui viennent pour effectivement savoir qui est qui comme on le dit.

Pensez-vous sincèrement que l’AMP moins le CDP a beaucoup contribué à l’élection de Blaise COMPAORE ?

P.T : Le CDP a contribué, c’est évident. L’AMP, l’ADF/RDA... ont contribué à cette victoire, plusieurs structures ont également contribué. Au niveau du CDP ce qui compte ce n’est pas la part contributive de chaque intervenant mais le résultat final. Et le résultat final c’est la brillante victoire de Blaise COMPAORE.

Après cette victoire de Blaise COMPAORE, qu’est-ce que l’AMP attend en retour ? Des postes ministériels ? Des nominations ?

P.T : A notre dernière conférence de presse cette question a été abordée. Mais je dois vous dire en tant que membre du bureau exécutif du CDP, je suis mal placé pour répondre à cette question. A la conférence de presse, le coordonnateur adjoint, le député Toussaint KOULIBALY a clairement dit que l’AMP n’a pas monnayé son soutien à Blaise COMPAORE et sa participation à la campagne électorale.

L’AMP s’est alignée derrière le candidat du CDP sans arrière pensée et a travaillé pour sa victoire. C’est pour vous dire que cette question de postes est un peu prématurée. Elle a confiance à son candidat élu qui appellera celui qui lui convient à tel ou tel poste. Même s’il n’y a aucun membre de l’AMP, les gens de l’AMP n’en seront pas pour autant désabusés.

Mais l’AMP se dit prête à accompagner Blaise COMPAORE dans la mise en œuvre de son programme. Comment cela va se traduire sur le terrain ?

P.T : Le travail, ce n’est pas seulement dans le gouvernement ou à un poste ministériel. Il y a le travail de tous les jours. Il y a le comportement citoyen de tout un chacun. Lorsque du jour au lendemain des gens se lèvent et crient qu’il y a ceci ou cela de mauvais Si l’AMP voit que c’est intentionnellement fait pour nuire à l’action de Blaise COMPAORE, elle va s’organiser pour contrer ces initiatives qui sont de nature à déstabiliser le régime. C’est un exemple. L’accompagnement de Blaise COMPAORE par l’AMP se fera sur tous les fronts.

C’est bientôt les élections municipales. Comment l’AMP compte les gérer ? Est-ce qu’il aura des listes communes ?

P.T : Je vous réponds tout « crûment » qu’il n’est pas dans l’intention du CDP de faire des listes communes avec qui que ce soit. Le CDP est suffisamment implanté dans le pays. C’est le seul parti qui a des structures dans le plus petit village du Burkina Faso.

Dans ces conditions, ce serait faire injure à tous ces gens qui depuis des années se dévouent pour l’idéal du CDP. Ce serait donc leur faire injure que de les considérer comme incapables de gérer localement leurs villages ou villes. Par contre au niveau des partis de la mouvance, cela a été plusieurs fois indiqué, il y a intérêt à ce que entre eux, dans certaines circonscriptions, il y ait des alliances. Le CDP soutiendra en tous cas ces partis qui feront des alliances pour pouvoir contrer l’opposition.

Ne craignez-vous pas que ces municipales sonnent le glas de l’AMP ?

P.T : Il y a toujours des risques... mais pas de glas. L’hypothèse qu’un des partis de l’AMP se retire n’est pas à exclure totalement. Mais cela aussi sera la preuve que l’AMP est une structure qui n’est pas un carcan inviolable. On n’a obligé aucun parti à venir à l’AMP. Et la convention stipule aussi que tout membre de l’AMP est libre de se retirer à tout moment. Alors si sur le terrain il y a des problèmes, des petits conflits, un parti estime qu’il doit quitter l’AMP, libre à lui de le faire. Mais l’AMP demeura toujours.o

Interview réalisée par Idrissa BIRBA
L’Opinion

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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