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Gisèle Guigma, Ministre de la Promotion de la femme

Publié le lundi 5 décembre 2005 à 08h07min

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Gisèle Guigma

Au Burkina Faso, les statistiques font ressortir que les femmes représentent plus de 52% de la population. Malgré tout, les femmes sont victimes de ségrégation et la pauvreté est plus durement ressentie chez elles.

Dans le domaine économique, elles constituent plus de 85% de la population active et leur apport dans l’agriculture est de l’ordre de 75%.

Conscient donc que le développement du pays passe nécessairement par l’épanouissement économique et social des femmes, le gouvernement a mis en place une politique nationale de promotion de la femme pour une meilleure implication et engagement de cette frange de la population dans le processus.

Dans l’interview qu’elle nous a accordée, la ministre de la Promotion de la femme nous parle des stratégies et des actions mises en œuvre par son département et d’autres aspects encore pour mener à bien la tâche qui lui a été confiée.

Quelles sont les missions dévolues au ministère de la Promotion de la femme et comment celui-ci est-il structuré ?

Gisèle GUIGMA (GG) : Le ministère de la Promotion de la femme, créé en juin 1997 par décret n° 97-270, est un cadre de concertation et de coordination de l’ensemble des interventions au bénéfice de la femme. Il assure la mise en œuvre et le suivi de la politique gouvernementale en matière de promotion socioéconomique de la femme.
Il a pour missions de jouer non seulement un rôle d’impulsion et d’orientation auprès des autres départements ministériels et structures partenaires offrant un cadre stratégique à leurs actions en veillant à ce qu’elles s’inscrivent dans la politique globale de promotion de la femme, mais aussi de mobilisation sociale, de coordination et d’intégration des multiples projets, programmes et plans d’action en faveur de la femme.

Outre le cabinet du ministre qui comprend les Conseillers techniques, l’Inspection technique des services, le Secrétariat particulier, le Ministère dispose d’un Secrétariat général qui comprend le Secrétaire général, les structures centrales (des directions classiques et des directions spécifiques telles que la direction du Genre pour le développement, la direction des Affaires juridiques, la direction de la Coordination des associations féminines, la direction de l’Encadrement et du suivi des actions en faveur de la femme et de la jeune fille, la direction du Plaidoyer et de l’Habilitation pour la promotion de la femme), les structures déconcentrées que sont les directions régionales au nombre de 13), les structures rattachées telles que le Projet national karité (PNK), le Secrétariat permanent de la Coordination nationale du Plan d’actions de promotion de la femme (SP/CNPAPF), la Commission nationale de lutte contre les discriminations faites aux femmes (CONALDIS), le Centre d’information, de formation et de la recherche-action pour la femme (CIFRAF) et les structures de mission.

Quelle est aujourd’hui la situation de la femme burkinabé ?

GG : D’une manière générale, la situation de la femme burkinabé n’est pas grandement différente de celle de la population générale caractérisée par une persistance de la pauvreté, des conditions socioéconomiques et culturelles problématiques et peu propices aux femmes. Cependant, de façon détaillée on peut analyser la situation de la femme burkinabé autour de quatre grands axes : économique, social et culturel, juridique et institutionnel.
Sur le plan économique, il faut dire que malgré les taux de croissance relativement élevés, près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les femmes qui constituent environ 52% de la population sont les plus touchées par cette situation de paupérisation. Et l’analyse par groupes socio-économiques et par région montre que la pauvreté est plus flagrante dans les zones rurales et son incidence plus accentuée chez les agriculteurs vivriers.

Sur le plan social et culturel, les femmes sont confrontées à un fort taux d’analphabétisme, et les filles à un faible taux de scolarisation. La conséquence de cet état de fait affecte la participation qualitative de la femme au processus de développement.

Sur le plan sanitaire, il est indéniable que la situation sanitaire du Burkina Faso est caractérisée par une couverture insuffisante en infrastructures sanitaires, par un ratio personnel/population en deçà des normes de l’OMS, par une insuffisance d’équipements, de matériels techniques et de médicaments de base qui affectent négativement la qualité des soins. Avec la pauvreté, la dépendance économique des femmes, la non maîtrise de la fécondité, les mariages et les maternités précoces et rapprochées, les mutilations génitales, les femmes se trouvent confrontées à une situation sanitaire précaire, très difficile dans les zones rurales surtout.

Sur le plan juridique, le cadre général reconnaissant l’égalité des sexes est renforcé par la volonté politique affichée des autorités burkinabé. Cette volonté politique est appuyée par les institutions internationales, les associations et ONG qui sont des partenaires dynamiques et engagés dans les actions de promotion des droits de la femme. Cependant malgré l’existence des textes favorables aux femmes, leur application se heurte à différents obstacles qui empêchent les femmes de jouir de leurs droits dans leur plénitude.

Ce sont entre autres, la méconnaissance par la majorité des femmes de leurs droits et devoirs en raison de leur analphabétisme et du manque d’informations, le non recours volontaire des femmes à la justice à cause de la pression sociale, l’accès difficile à l’appareil juridico-judiciaire dû à la peur des institutions judiciaires, à la complexité des procédures judiciaires, à l’éloignement des juridictions des justiciables et leur insuffisance, le manque ou la faiblesse des moyens financiers des victimes, l’insuffisance des infrastructures et de logistiques adéquates, l’ignorance des hommes des textes garantissant l’égalité des sexes, etc.

Au plan institutionnel, la situation n’est guère luisante. Au plan gouvernemental, malgré l’existence des mécanismes institutionnels on note beaucoup de contraintes relevant tant au niveau de la pertinence de ces mécanismes que de leur pilotage. Il s’agit entre autres du manque de ressources humaines, financières et matérielles, l’intégration insuffisante des politiques sectorielles en faveur des femmes. Mais avec la création du département en charge de la Promotion de la femme, beaucoup de choses ont évolué de nos jours.

Enfin, sur le plan non gouvernemental, l’émergence du mouvement associatif a apporté un grand changement. Mais ces associations sont confrontées à des difficultés qui anéantissent souvent leurs actions.
Comme vous le voyez, toutes ces difficultés entravent le plein épanouissement de la femme burkinabé, principalement celles vivant dans les zones rurales, n’exerçant pas d’activités génératrices de revenus.

Quelles sont concrètement les actions menées par le département pour promouvoir pleinement les droits des femmes ?

GG : La Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) a été adoptée par le Burkina Faso en 1984. Cette convention est relative aux droits des femmes et porte sur la suppression de toutes discriminations, exclusion ou restriction fondées sur le sexe ayant pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la puissance ou l’exercice par les femmes, quelque part soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine.

En plus de cette Convention, le Burkina Faso a ratifié plusieurs conventions qui garantissent les droits des femmes. Tout récemment, l’Assemblée nationale a siégé sur la ratification de deux protocoles relatifs à la CEDEF et à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Tous ces textes reconnaissent les droits fondamentaux de la femme.

Au niveau du ministère, nous avons créé des directions spécifiques telles que la direction des Affaires juridiques qui est chargée entre autres de l’initiation et la mise en œuvre des activités d’information et de sensibilisation relatives à la connaissance, au respect et à l’application des droits fondamentaux de la femme et de la jeune fille, de la proposition de toutes nouvelles mesures juridiques souhaitables en matière de protection et de promotion de la femme et de la jeune fille, etc.

Outre la mise en place de ces mécanismes, nous menons des actions concrètes à l’endroit des femmes. On peut citer l’organisation de sessions de formation à l’intention des responsables d’associations en écoute et counseling, des sessions d’appropriation des instruments internationaux et nationaux en matière de droits. Nous apportons notre soutien en forme de plaidoyer au profit des structures qui luttent pour la promotion des droits des femmes. De même que nous procédons à la vulgarisation et à la diffusion des textes et documents favorables aux droits de la femme. Ces documents sont traduits dans les langues d’accès des populations pour une large diffusion.

Pouvez-vous nous résumer les fondements et les objectifs de la Politique nationale de promotion de la femme ? Son état d’exécution et les problèmes rencontrés pour sa mise en œuvre ?

GG :Adoptée le 10 novembre 2004 par décret n° 2004-486/PRES/PM/MPF, la Politique nationale de promotion de la femme (PNPF) consigne la politique du Gouvernement du Burkina Faso en matière de promotion de la femme. Cadre d’orientations pour l’action gouvernementale et pour l’ensemble de ses partenaires dans le domaine de la promotion de la femme, la Politique nationale de promotion de la femme tire sa justification des inégalités persistantes entre hommes et femmes à différents niveaux en dépit des efforts fournis. Elle constitue une réponse du gouvernement aux engagements pris par le Burkina Faso sur le plan international.

Son objectif général est de renforcer la participation de la femme au développement socioéconomique, politique et culturel du pays ainsi que la jouissance de tous ses droits. Et comme objectifs stratégiques, la PNPF vise à l’amélioration et la stabilisation du statut social et juridique de la femme ; la promotion de l’accès des femmes aux sphères de décision ; la promotion de l’éducation et le renforcement des capacités et de l’expertise féminines ; la promotion de la santé de la mère et de l’enfant ; la réduction de la pauvreté des femmes ; le renforcement du cadre et des mécanismes institutionnels de la promotion de la femme.

Pour ce qui concerne son état d’exécution, il faut le dire, la Politique nationale de promotion de la femme a, à peine un an. Pour la mettre en œuvre, la mobilisation de l’ensemble des acteurs est incontournable. Etant donné que nous avons au préalable élaboré un Plan d’action 2003-2007, pour que nous soyons conformes avec le contenu de la nouvelle Politique nationale, nous étions obligés de revoir notre copie. Nous avons donc procédé à l’harmonisation des deux documents.

Ce qui facilitera la mise en œuvre de la PNPF qui passe par l’exécution des programmes d’action en matière de promotion de la femme. Et comme la nature particulière de ces activités commande un financement adéquat assuré par des ressources internes et externes, je pense que bientôt, de commun accord avec le ministère des finances et le Ministère de l’Economie et du Développement, il est prévu une Table ronde de Bailleurs de Fonds pour le financement des programmes de notre Politique nationale.

La principale difficulté était d’adapter le Plan d’action que nous avons élaboré avec la Politique nationale. Ce que nous avons fait au cours de la quatrième session de la Coordination nationale de plans d’action de promotion de la femme qui s’est tenue en septembre 2005.

Vous avez évoqué le plan d’action 2003-2007 ; quelles sont les grandes articulations de ce plan ? Comment s’exécute-t-il ?

GG : Le ministère de la Promotion de la Femme s’est doté dès 1998 d’un Plan d’action triennal (1998-2000), adopté en février 1999 par le gouvernement.

L’évaluation de ce plan intervenue en avril 2002 a révélé certes des atouts mais aussi des insuffisances qu’il est urgent de redresser. C’est au regard de ce premier plan que le ministère de la Promotion de la femme a élaboré un second plan quinquennal pour la période 2003-2007.
Ce plan prend en compte les enseignements tirés du plan d’action 1998-2000 et se veut un cadre de référence permettant à chaque acteur (Gouvernement, Partenaires Techniques et Financiers, Société civile, etc.) de traduire dans les faits, les divers engagements pris aux différents niveaux en faveur de la promotion de la femme.

Sur la base de l’analyse de la situation et des conditions de vie actuelle des femmes, marquées par d’importantes disparités de genre, de l’expérience de la mise en œuvre du plan d’action 1998-2000 pour la promotion de la femme et en se référant à la stratégie nationale de développement et aux orientations stratégiques pour la promotion de la femme, le Plan d’action 2003-2007 poursuit comme finalité la réduction de la pauvreté par une promotion socioéconomique de la femme qui permette plus d’équité entre l’homme et la femme.

Au regard du diagnostic de la situation de la femme, et de l’objectif global à atteindre pour la période 2003-2007, les objectifs spécifiques de ce plan étaient : l’amélioration des revenus et des conditions de travail des femmes ; le développement des capacités humaines féminines et la promotion de l’expertise féminine ; la promotion des droits de la femme et de la fille ; le renforcement du rôle de la femme dans la gestion de l’environnement et du cadre de vie ; la contribution de la prise de conscience des inégalités dont sont victimes les femmes et enfin le renforcement du mécanisme institutionnel de promotion de la femme.

Mais comme je l’ai dit tantôt, nous avons mis les "charrues avant les boeufs". Aujourd’hui, avec l’élaboration d’une Politique nationale de promotion de la femme, nous avons revu notre tir en procédant à l’harmonisation de ce Plan d’action avec celle-ci. Ce document sera soumis bientôt à l’appréciation du gouvernement. Sa mise en œuvre sera éclaircie avec son adoption par le Conseil des ministres.

Concrètement comment se fait l’insertion de la femme dans le processus de développement ?

GG : La femme a toujours été intégrée dans le processus de développement. Elle a toujours joué et joue jusqu’à présent un rôle primordial dans le processus de développement. Seulement, il faut renforcer cette participation de la femme au processus de développement. Il faut la valoriser. Dans le principe directeur de la PNPF, nous avons dit qu’il faut que « le rôle de la femme dans le processus de développement soit perçu dans sa globalité et dans sa pluridisciplinarité » ; que la promotion de la femme dans le processus de développement n’est pas seulement une simple question d’équité mais également une nécessité et que l’élimination des inégalités existantes nécessite des actions particulières en faveur de la femme. »

Donc les actions spécifiques entreprises pour les femmes sont à comprendre non comme une discrimination à l’égard des hommes mais comme étant dictées par des considérations d’équité, de justice sociale et d’intérêt général. Cela veut dire que l’intégration harmonieuse et durable des femmes dans tout le processus du développement requiert une mobilisation effective de toute la société et de la communauté internationale. D’où l’importance de la PNPF dont la cohérence avec les autres politiques et stratégies nationales transversales et sectorielles en vigueur est fondamentale.

C’est connu, certaines études ont montré que la pauvreté est durement ressentie chez les femmes. A votre niveau quelles sont les initiatives développées pour combattre cette triste réalité ?

GG : C’est vrai. Il ressort dans beaucoup d’études que la pauvreté a un visage féminin. A notre niveau, nous sommes conscients de cet état de fait. L’un de nos objectifs stratégiques développés dans notre Politique nationale est de réduire la pauvreté des femmes. Les politiques économiques ont des impacts différenciés selon le genre.

Il est donc nécessaire d’analyser selon une perspective égalitaire, les politiques et les programmes y compris ceux qui ont trait à la stabilité macro-économique, à l’ajustement structurel, à la dette extérieure, à la fiscalité, à l’investissement, à l’emploi, aux marchés et à tous les secteurs de l’économie, afin d’évaluer leur impact sur la pauvreté, sur l’inégalité, en particulier entre les sexes, ainsi que sur le bien-être et les conditions de vie des familles, et les adapter au besoin. Les femmes sont pauvres et certaines politiques économiques ont conduit des familles dans la misère. Il convient d’adopter des mesures destinées à favoriser l’insertion.

Pour ce faire, nous avons prévu la révision, l’adoption et l’application de politiques macro-économiques et de stratégies de développement répondant aux besoins et aux efforts des femmes vivant dans la pauvreté, l’évaluation des tâches domestiques des femmes et la désagrégation des agrégats macro-économiques selon le sexe, la promotion de l’entrepreneuriat féminin, l’amélioration de l’accès des femmes aux technologies agro-alimentaires, l’amélioration de l’accès des femmes aux marchés, l’accroissement de l’accès des femmes aux moyens de production , l’amélioration de la participation de la femme à la gestion des ressources naturelles, de l’environnement et du cadre de vie, l’amélioration de la participation de la femme à la gestion du développement rural, etc.

En plus de ces actions, nous ne cessons d’apporter des soutiens aux femmes à travers les fonds PPTE qui nous ont permis de construire des maisons de la femme, de réaliser des forages, et de doter les groupements féminins de technologies adaptées à leurs conditions de vie.

Quelles sont les actions spécifiques que vous menez en direction de la femme rurale ?

GG : L’amélioration des conditions de vie des femmes est une priorité de développement. Pour ce faire, nos premières actions sont allées vers les femmes rurales, à savoir leur dotation en technologies adaptées à leurs conditions de vie, la réalisation d’infrastructures socioéconomiques pour leur permettre d’exercer des activités génératrices de revenus, la mise à leur disposition de forages pour leur permettre d’avoir accès facilement à l’eau potable et amoindrir la longue marche qu’elles effectuaient pour accéder aux sources d’eau.

Autres actions, un accent particulier est mis sur la formation et l’alphabétisation des femmes rurales. Outre les crédits qu’elles bénéficient à travers le FAARF, il y a le Projet national karité (PNK) qui leur vient en aide à travers des formations, des séances d’alphabétisation, la construction de centre de promotion sociale, etc.

Pensez vous que les maisons de la femme construites dans presque toutes les provinces du Burkina Faso ont réellement un impact dans la promotion de la femme ?

GG : La construction de maisons de la femme répond à un souhait exprimé par les femmes elles-mêmes. Lors de notre tournée dans les provinces en 2001, ce sont les femmes qui ont réclamé la construction d’infrastructures socioéconomiques qui leur permettront de mener non seulement des activités génératrices de revenus, mais leur serviront de lieux de rencontres, d’échanges.

Ces maisons de la femme sont des références aujourd’hui. Elles sont toutes fonctionnelles, les femmes les occupent effectivement et rationnellement. Pour une pleine gestion de ces maisons, des comités de gestion ont été mis en place par les coordinations provinciales elles-mêmes. Outre l’occupation de ces maisons par les femmes pour leurs activités, elles sont louées pour d’autres activités. La preuve, beaucoup de ces maisons ont été louées cette année par la CENI pour servir de bureaux.

Les fonds engrangés par la location de ces maisons serviront au bon fonctionnement de ces locaux. Etant donné que la confiance n’exclut pas le contrôle, pour mieux nous situer, nous sommes en train de faire le bilan de l’exploitation des maisons déjà construites, et je pense que ce bilan est positif. Parce que dans les provinces où les maisons de la femme ne sont pas encore terminées, les femmes s’impatientent.

Cette année le Burkina Faso a reçu la Marche mondiale des femmes. Que représente une telle manifestation pour vous ?

GG : Le 17 octobre 2005, notre pays a reçu des mains des femmes des cinq continents la charte mondiale pour l’humanité. Le choix de notre pays pour abriter l dernier acte de cet évènement historique et mémorable est un honneur pour tous les Burkinabé. Il a été également une marque de confiance renouvelée à notre pays reconnu comme une terre d’accueil, d’hospitalité, de havre de paix et de stabilité. Pour nous, responsables en charge de la promotion de la femme, nous avons salué à sa juste valeur cet honneur fait à notre pays, et en même temps exprimé notre encouragement à la Marche mondiale des femmes, section du Burkina Faso qui s’est beaucoup investie pour la réussite de cette activité.

Certains trouvent qu’on en fait un peu trop pour les femmes. Que leur répondez-vous ?

GG : La promotion de la femme, comme j’ai l’habitude de le dire, est une œuvre de longue haleine. Longtemps, les femmes sont restées confinées à des rôles secondaires. Elles ont été confrontées à beaucoup de difficultés, et les pesanteurs socioculturelles aidant, les conditions de vie des femmes sont restées précaires jusqu’à nos jours. Or, vous le savez, on ne peut pas développer un pays en ignorant plus de la moitié de la population. Dire qu’on en fait pour les femmes, c’est aberrant.

Pour parler de développement humain durable, il faut d’abord donner aux femmes les moyens de se prendre en charge, de participer pleinement et effectivement au processus de développement. Entre temps, on parlait de discrimination positive au niveau de l’éducation des filles. Je pense que cette discrimination est nécessaire en ce qui concerne la promotion de la femme. Je pense qu’actuellement les actions que nous menons au profit c’est pour rétablir la balance d’équité.

Quelque part, ne peut-on pas penser que le discours sur la promotion de l’égalité entre l’homme et la femme est un leurre, puisque dans les partis politiques, les mêmes hommes qui préconisent cela, pratiquent une véritable ségrégation contre la femme ?

GG : La promotion de la femme n’est pas un leurre. Les plus hautes autorités de notre pays l’ont démontré en créant un département en charge de la Promotion de la femme, en lui donnant les moyens de réaliser des actions au profit des femmes. Vous allez dire que c’est peu. Mais, je pense que c’est petit à petit que l’oiseau fait son nid. Avec la création du ministère de la Promotion de la femme appuyé par l’émergence d’un mouvement associatif féminin dynamique, je pense que beaucoup de choses sont en train d’êtres réalisées.

C’est vrai que, pour ce qui concerne la participation des femmes dans les instances de prise de décision des états-majors des partis politiques, la présence des femmes est peu visible. Je pense que cela dépend aussi de nous, les femmes. C’est aux femmes de valoriser leur participation, d’être visibles. Aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes, même intellectuelles qui ne veulent pas prendre part aux activités politiques. Certaines mêmes refusent d’occuper des postes de responsabilité.

On ne peut pas imposer à une personne une place qu’elle ne veut pas occuper. Donc, je pense que ça revient à nous les femmes de faire valoir notre compétence. Il y a des états-majors de partis politiques où la situation est très différente. Les femmes sont bien représentées. Elles sont dynamiques et leur participation est reconnue à sa juste valeur.

En Afrique avec le poids des pesanteurs socioculturelles, croyez-vous qu’on pourrait voir un jour, une femme occuper le poste de Président du Faso comme c’est le cas aujourd’hui en Allemagne avec Angéla MERKEL ou encore aux Philippines avec Gloria ARROYO ?

GG : Une femme, Président du Faso un jour ? Pourquoi pas ? Ellen Sirleaf JOHNSON vient de confirmer au Libéria qu’une femme peut occuper ce poste en Afrique. Au Burkina Faso, nous ne sommes pas en reste du monde entier. Vous savez, même les pays qui se disent plus démocratiques, n’ont pas atteint ce stade. Un exemple : il n’ y a qu’une cinquantaine d’années, que les femmes ont eu le droit de vote en France. Le Burkina est indépendant à peine 40 ans. Nous ne sommes pas en retard. Cependant, pour le moment, nous avons d’autres priorités. La magistrature suprême n’est pas une priorité pour nous. Il faut nous aider à enrayer les pesanteurs socioculturelles qui entravent notre plein épanouissement.

En termes de perspectives, comment voyez-vous l’avenir de la promotion de la femme au Burkina Faso ?

GG : Je vois un avenir radieux. Dans son programme de quinquennat, le Président du Faso, son Excellence Blaise COMPAORE a souligné, je cite « d’importants acquis ont été enregistrés ces dernières années pour la promotion de la femme. La consécration du principe de l’égalité des sexes a permis de mettre en relief les potentialités de la femme dans l’éducation, la vie politique et surtout, dans les activités génératrices de revenus pour les plus pauvres d’entre elles... parallèlement, les efforts se focaliseront sur la couverture de la santé de la femme, la lutte contre l’analphabétisme, l’excision et les violences faites aux femmes ainsi que le renforcement des capacités productives de la femme ». Donc, vous voyez, la mise en œuvre des activités inscrites dans le programme quinquennal du Président du Faso augure à la femme burkinabé un avenir radieux, resplendissant.

En plus de la volonté affichée des autorités, nous avons au niveau du département élaboré deux documents fondamentaux, une Politique nationale de promotion de la femme assortie de plans d’actions. La mise en œuvre des différents plans d’actions en cours actuellement, nous permettra de dire sans nous tromper que la promotion de la femme est sur de bons chemins.

Claude ROMBA

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 11 novembre 2006 à 10:54, par MOHAMADI OUEDRAOGO En réponse à : > Gisèle Guigma, Ministre de la Promotion de la femme

    BONJOUR MADAME LE MINISTRE, DU COURAGE DANS VOS PROJETS A TRAVER LA LUTTE POUR AIDER LES FEMMES DE MON PAYS.

    JE VOUS SOUHAITE LONGUE VIE ET SURTOUT BEAUCOUP DE COURAGE ET QUE LE BON DIEU VOUS PROTEGE ET VOUS GUIDE.

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