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Autisme : « On est toujours confronté à des rejets, du mépris », regrette le psychologue Boukary Pamtaba

Publié le dimanche 3 avril 2022 à 20h20min

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Autisme : « On est toujours confronté à des rejets, du mépris », regrette le psychologue Boukary Pamtaba

Chaque 2 avril, le monde célèbre la Journée de sensibilisation à l’autisme, un trouble du neurodéveloppement méconnu et incompris des Burkinabè. Dans un entretien express, vendredi 1er avril 2022, Boukary Pamtaba nous parle de ce trouble qui touche un enfant sur cent dans le monde. Il est psychologue et président l’Association burkinabè d’accompagnement psychologique et d’aide à l’enfance (ABAPE).

Lefaso.net : Qu’est-ce que l’autisme ?

Boukary Pamtaba : L’autisme est un trouble neuro-développemental qui affecte l’enfant dans trois domaines spécifiques, à savoir au niveau communicationnel, au niveau relationnel et au niveau comportemental.

Peut-on dire que l’autisme est une maladie mentale ?

Ce n’est pas une maladie. C’est un état d’être. On est autiste, on vit avec, mais on peut avoir aussi toutes les compétences possibles. On peut aussi servir sa société, sa nation et aller aussi à l’école comme les autres enfants. C’est un état d’être et ce n’est pas fatal. Plus on éduque un enfant autiste, plus il sera comme les autres enfants dans la société.

Quelles sont les causes de l’autisme ?

Je pense que scientifiquement, pour le moment, on ne peut pas donner de causes exactes. Ce sont des hypothèses. Les hypothèses sont au niveau génétique, environnemental, etc.

Existe-t-il plusieurs formes d’autisme ?

Oui, il y a différentes formes d’autisme. En fonction des degrés, il y a l’autisme léger, moyen et sévère. Il y a aussi l’autisme de haut niveau qu’on appelle l’Asperger dont le QI est supérieur à 130.

Comment faut-il se comporter avec son enfant atteint d’autisme ?

On ne se comporte pas comme on le fait avec tout enfant neurotypique. Il faut l’accompagner à répondre à ses besoins spécifiques. Il faut l’accompagner à surmonter ses difficultés au niveau communicationnel et relationnel et à renforcer ses capacités au niveau cognitif. Il faut l’accompagner à développer ce qui n’existe pas en lui.

Existe-il un traitement pour l’autisme ?

Étant donné que ce n’est pas une maladie, c’est compliqué de parler de traitement. L’autisme est éducable. On ne soigne pas l’autiste. On l’éduque à développer des capacités tout le long de sa vie.

Quelles sont les statistiques sur l’autisme au Burkina ?

Au Burkina, on ne peut pas donner de statistiques. Ici, la maladie est méconnue et c’est donc plus compliqué d’avoir des chiffres. Mais dans le monde, un enfant sur 100 est touché par l’autisme.

Existe-t-il des écoles spécialisées pour enfants autistes au Burkina ?

Il y a le centre de prise en charge éducative des enfants autistes et déficients intellectuels d’âge précoce. Je pense que ce centre est l’un des centres pionniers. Il y a d’autres structures qui existent, mais pas avec le même public cible.

Chaque année, le monde célèbre, le 2 avril, la Journée de sensibilisation à l’autisme. Sous quel thème est célébré l’événement cette année ?

Le thème retenu cette année est « Autisme et inclusion sociale : le rôle de la communauté pour une intégration effective ». C’est dire qu’au regard des difficultés qu’on rencontre sur le terrain, on s’est rendu compte que nous, en tant que structures de prise en charge, travaillons à ce que l’enfant puisse intégrer la société. Les communautés doivent être des acteurs relais, facilitateurs pour accompagner notre action afin d’avoir plus d’impact sur le terrain. Chacun de nous doit avoir une responsabilité pour l’intégration sociale des enfants. Une responsabilité au niveau des structures spécialisées, une responsabilité au niveau des parents, au niveau communautaire et institutionnel.

Qu’en est-il de la responsabilité au niveau communautaire ?

On est toujours confronté à des rejets, du mépris, à des comportements dévalorisants qui dénaturent la dimension humaine de l’enfant autiste. L’enfant autiste est un enfant comme tous les autres. Il doit être considéré avec respect. On doit valoriser ses capacités.

Quels conseils aux parents d’enfants autistes ?

Nous leur demandons d’être des acteurs qui vont accompagner leurs enfants afin qu’ils puissent intégrer véritablement la société.

Propos recueillis par Hanifa Koussoubé
Retranscrits par Fredo Bassolé
LeFaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 avril 2022 à 07:29, par Zouk351 En réponse à : Autisme : « On est toujours confronté à des rejets, du mépris », regrette le psychologue Boukary Pamtaba

    Avant de se poser des questions sur une éventuelle problématique du système nerveux, il faudrait reconnaître l’importance de l’alimentation, que ce soit pour les enfants ou la femme enceinte. Ensuite, le relationnel est essentiel. On se rendra compte qu’il n’y aura pas tant d’autistes.
    Le psychologue Bruno Bettelheim avait montré l’influence sur le mental des camps de concentration pour développer l’autisme.

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