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Situation des droits humains en Afrique : Amnesty international recommande aux Etats la prise de mesures « audacieuses »

Publié le samedi 2 avril 2022 à 17h48min

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Situation des droits humains en Afrique : Amnesty international recommande aux Etats la prise de mesures « audacieuses »

Amnesty international a rendu public son rapport 2021-2022 sur la situation des droits humains dans le monde, mardi 29 mars. Ce rapport présente les grandes tendances en matière de droits humains observées à travers le monde en 2021, mais aussi un bilan région par région, et pays par pays.

« L’année 2021 a fait le lit de politiques et d’idéologies racistes qui, dans la pratique, contraignaient des millions de personnes à simplement tenter de survivre. Cela s’est vu dans le refus obstiné des fabricants de vaccins de partager leurs connaissances et leurs technologies avec des pays à faibles revenus, empêchant une augmentation indispensable de la production pour combler le fossé qui séparait ces pays des pays riches », a indiqué Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty international, évoquant la question du Covid-19, en introduction du rapport.

Ce rapport 2021/2022 met en lumière les dynamiques aux niveaux mondial, régional et national, et rend compte de la situation des droits humains en 2021 dans 154 pays dont le Burkina Faso. Il présente les préoccupations et les recommandations d’Amnesty international à l’intention des gouvernements et d’autres acteurs.

Obtenir justice, un objectif souvent « hors d’atteinte pour les victimes »

Dans le chapitre réservé à la région Afrique, le rapport indique que les populations civiles ont continué de subir les conséquences de conflits armés interminables. « Les parties aux conflits qui déchiraient le Burkina Faso, le Cameroun, l’Éthiopie, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Nigeria, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Somalie et le Soudan du Sud ont perpétré des crimes de guerre et d’autres graves atteintes au droit international humanitaire et aux droits humains », indique le rapport. Selon Amnesty international, dans certains cas, obtenir justice pour des agissements qui pouvaient être considérés comme des crimes contre l’humanité s’est avéré être un objectif souvent « hors d’atteinte pour les victimes ».

Crise humanitaire et alimentaire

L’ONG a également noté que les conflits ont entraîné le déplacement de millions de personnes, alors que les personnes réfugiées ou déplacées vivaient dans des conditions précaires. « La ville de Mansila (province du Yagha) a continué de faire l’objet d’un blocus imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) durant toute l’année, ce qui a entraîné le déplacement de nombreuses personnes et placé la population dans une situation d’insécurité alimentaire », peut-on lire dans le bilan de la situation des droits humains concernant le Burkina Faso.

Des élèves et enseignants contraints de fuir l’insécurité

Sur la question du droit à l’éducation, le rapport a indiqué qu’au Burkina Faso, au Cameroun et au Niger, Boko Haram, l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), le GSIM et d’autres groupes armés ont continué d’interdire l’« éducation occidentale » et commis des crimes de guerre en attaquant des écoles. Par exemple, rappelle Amnesty international, 323 élèves ont été contraints de fuir leur école à la suite d’attaques perpétrées par des groupes armés dans la région de la Boucle du Mouhoun en mars 2021. « Dans le même temps, les menaces et les violences dissuadaient toujours les enseignant•e•s de se rendre au travail. Au Burkina Faso, l’UNICEF a indiqué que 2 682 écoles étaient encore fermées, ce qui concernait 304 564 élèves et 12 480 enseignant•e•s », indique le rapport.

Des enfants tués mais aussi recrutés

Sur le droit des enfants, le rapport fait cas de la mort de dizaines d’enfants dans des attaques lancées par des groupes armés contre des villes et des villages. « Selon l’UNICEF, au moins 20 enfants ont été tués lors de l’attaque menée contre la ville de Solhan en juin, et des centaines ont été déplacés avec leur famille. Des groupes armés, notamment le GSIM et l’EIGS, ont continué de recruter des enfants et de les faire participer aux hostilités, en violation du droit international humanitaire », mentionne Amnesty international dans son rapport.

Sur la question des violences fondées sur le genre, le rapport a fait cas des alertes en juin 2021 de Médecins sans Frontières sur une augmentation des violences sexuelles dans les régions touchées par le terrorisme. « Des médias ont recueilli des informations sur des échanges présumés d’actes sexuels contre une aide alimentaire fournie par des ONG locales facilitant l’accès des personnes déplacées à l’aide humanitaire à Kaya ».

Création des forces spéciales et procès contre les terroristes

Sur le droit à la vérité, à la justice et à des réparations, le rapport n’a pas manqué de souligner la création de l’unité des forces spéciales, dont le mandat englobait, entre autres, les opérations de lutte contre le terrorisme. « Un décret publié en juin précisant le statut desdites forces disposait que leurs membres ne pouvaient être poursuivis en justice pour un quelconque acte commis en opération », a fait cas le rapport, sans ajouter de commentaire.

Amnesty international n’a pas manqué d’évoquer les premiers procès liés au terrorisme qui se sont tenus en août 2021 devant le tribunal de grande instance de Ouaga 2, avec la condamnation de deux membres du groupe armé Ansarul Islam à 20 ans de réclusion. Ils ont été reconnus coupables pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », « détention illégale d’armes et de munitions de guerre », « complicité de terrorisme » et « destruction volontaire de biens » à la suite de l’attaque et de la destruction d’une école primaire à Bafina (province du Sanmatenga), perpétrée en 2018.

Recommandations

« Toutes les parties aux différents conflits armés doivent protéger les personnes civiles, notamment en cessant de mener des attaques ciblées ou sans discernement contre la population et les infrastructures civiles. Il leur faut notamment prendre toutes les mesures nécessaires pour que les personnes réfugiées ou déplacées soient protégées et pour qu’elles aient accès sans restriction à l’aide humanitaire, y compris à la nourriture, à l’eau et à un abri », recommande Amnesty international dans son rapport.

Selon l’ONG, les États doivent redoubler d’efforts pour combattre l’impunité en diligentant des enquêtes approfondies, indépendantes, impartiales, efficaces et transparentes sur les crimes de droit international et en traduisant en justice les responsables présumés de ces actes.

« Les États doivent mettre fin au harcèlement et aux actes d’intimidation qui visent les défenseur•e•s des droits humains et les militant•e•s, abandonner toutes les charges retenues contre celles et ceux qui font l’objet de poursuites, et libérer immédiatement et sans condition les personnes arrêtées ou emprisonnées arbitrairement. Ils doivent respecter la liberté de la presse, notamment faire en sorte que les médias puissent fonctionner de manière indépendante », recommande Amnesty international.

En ce qui concerne le Covid-19, l’ONG suggère que faute de disposer de doses de vaccin contre le Covid-19 en quantité suffisante, les États doivent continuer de vacciner en priorité les populations les plus à risque, ainsi que les personnes vivant dans des zones difficiles d’accès. « Ils doivent coopérer aux niveaux régional et international afin de renforcer leurs systèmes nationaux de santé et fournir des informations transparentes sur le budget du secteur de la santé », recommande le mouvement.

Synthèse de HFB
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