Pour une réconciliation nationale réussie au Burkina Faso, le journaliste Lookmann Sawadogo propose des « clés » consignées dans son dernier ouvrage « Burkina, les clés d’une vraie réconciliation : entre vérité, catharsis et renaissance nationale ». Ces pistes de solutions ont été exposées aux forces vives de Pô, province du Nahouri, dans la région du Centre-Sud, le jeudi 31 mars 2022.

« La réconciliation, (…) c’est le fait de traiter un passé même douloureux, pour en faire un présent plus fraternel », a déclaré l’Emir du Liptako-Gourma.

Cette activité, patronnée par le Pôpê, chef de Pô, a réuni les corps constitués de la région, avec la présence remarquée de l’Émir du Liptako-Gourma. Lookmann Sawadogo n’a pas voulu que cette conférence ressemble à celles dans les universités. C’est pourquoi, il a opté pour des échanges directs avec les participants. L’objectif, a-t-il dit, est que chacun puisse repartir de cette conférence avec au moins trois clés de la réconciliation.

Les notabilités de la région de Centre-Sud ne se sont pas fait conter l’évènement.

Aussi, il a fait remarquer que le mot réconciliation est sur toutes les lèvres, mais sa définition n’est pas claire pour tout le monde. Ainsi, l’Emir du Liptako-Gourma a expliqué que la réconciliation est l’antithèse de la violence. La notion de la réconciliation serait, à son entendement, le rétablissement d’une relation qui inspire suffisamment confiance dont l’élément central serait la vérité. « La réconciliation, ce n’est pas le fait d’effacer le passé, mais de traiter un passé même douloureux, pour en faire un présent plus fraternel pour la moralisation de la vie politique et sociale », a-t-il déclaré.

Le chef de Pô a assuré l’assistance de l’accompagnement des chefs coutumiers dans le processus de réconciliation nationale.

Prenant la parole, le chef de Pô a comparé le Burkina Faso à une équipe de football qui a décidé de se passer de gardien de buts. « C’est pourquoi nous encaissons de plus en plus de buts, de jour en jour, d’année en année, et de régime en régime », a-t-il caricaturé. Dans la symbolique de sa majesté Pôpê, le chef coutumier représente le gardien de buts. Celui-là même qui garde la maison. Il a terminé ses propos en rassurant que les « bonnets rouges » sont disposés à accompagner n’importe quel régime, pour une réconciliation réussie au pays des hommes intègres.

Cette initiative est de la cellule femmes de l’Appel de Manéga.

Cette initiative de la cellule femmes de l’Appel de Manéga a été motivée par un constat. A en croire la marraine, par ailleurs coordinatrice de la cellule, Denise Koudougou, il s’agit de l’impérieuse nécessité d’impliquer les chefs coutumiers dans le processus de réconciliation au Burkina Faso. D’après elle, l’histoire de notre pays nous enseigne que ce sont les chefs coutumiers qui sont appelés chaque fois que la nation traverse des difficultés. « C’est généralement avec succès et honneur que ces autorités ont conduit la réconciliation et ramené le calme dans la cité. Cela prouve à souhait qu’un progrès ne peut être implémenté sans les garants de nos us et coutumes », a-t-elle analysé.

Obissa Juste MIEN
Lefaso.net