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Burkina Faso : Des acteurs communautaires et institutionnels outillés sur le mécanisme de prise en charge des enfants et jeunes toxicomanes

Publié le vendredi 1er avril 2022 à 21h00min

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Burkina Faso : Des acteurs communautaires et institutionnels outillés sur le mécanisme de prise en charge des enfants et jeunes toxicomanes

Ce vendredi 1er avril 2022 est intervenue la clôture de la formation des acteurs de la protection de l’enfance sur le mécanisme de prise en charge des enfants et jeunes consommateurs de drogues. Une formation organisée par l’Association LYDIE avec le soutien financier de ERIKS Development Partener.

La consommation de drogue touche de plus en plus de jeunes, surtout ceux en situation de rue et sans-emploi. En trois ans, les services sociaux ont enregistré 1 975 enfants et jeunes ayant des problèmes de toxicomanie. Le phénomène touche également le monde scolaire avec à titre d’exemple, 274 élèves interpellés en 2016 pour fait de drogue. A l’Unité de prise en charge des enfants toxicomanes, ce sont actuellement près de 90 enfants qui y sont suivis. Pour le seul mois de mars, l’Unité a reçu 14 élèves renvoyés en plein milieu d’année scolaire pour consommation de stupéfiants, déplore Ousmane Konda, inspecteur d’éducation spécialisée, spécialiste en accompagnement psycho-éducatif des enfants et jeunes toxicomanes et chef de service de l’unité de prise en charge des enfants et jeunes toxicomanes.

Une vue des participants à la formation

Des chiffres alarmants qui ont interpellé l’Association LYDIE, qui attend apporter sa pierre à la lutte contre la consommation de drogue. Pour ce faire, elle a initié une formation de renforcement de capacités des acteurs institutionnels, notamment les travailleurs sociaux, les éducateurs dans les établissements scolaires et les acteurs communautaires qui sont les associations, sur le mécanisme de prise en charge des enfants et jeunes consommateurs de drogues. Cette formation s’inscrit dans le cadre du « projet de protection des enfants en situation difficile et des scolaires dans la ville de Ouagadougou (PPEDSO) » financé par ERIKS Development Partener.

Yempabou Namoano, coordonnateur des projets de l’Association LYDIE

Deux jours durant, les participants ont pris connaissance de l’ampleur de la consommation des drogues au Burkina Faso en particulier en milieu scolaire. Ils ont été outillés sur les facteurs favorisant la consommation des drogues, les signes d’alerte et les conséquences de l’abus des drogues. Les consultants chargés de la formation ont également expliqué le mécanisme de prise en charge, notamment la prise en charge psychosociale des jeunes consommateurs de drogues. Ils ont montré aux participants, la conduite à tenir face à un enfant ou jeune consommateur de drogue. Les participants à leur tour, ont fait des propositions pour améliorer le mécanisme de prise en charge des enfants et jeunes consommateurs de drogue.

Marie-Claire Tiendrébéogo, présidente de l’association « Sauvons l’avenir de nos enfants » a indiqué au sortir de la formation, avoir reçu les outils nécessaires pour mener à bien sa mission auprès des enfants qu’elle accompagne, mais surtout auprès de son fils, lui aussi toxicomane. Elle espère pouvoir l’accompagner jusqu’à ce qu’il arrête définitivement la consommation de stupéfiants.

Ousmane Konda, l’un des formateurs, a indiqué que la prise en charge des enfants et jeunes toxicomanes doit être pluridisciplinaire

« La lutte contre la drogue doit être pluridisciplinaire », Ousmane Konda
Yempabou Namoano, coordonnateur des projets de l’Association LYDIE, souhaite à l’issue de la formation, que, lorsque ces acteurs désormais outillés feront face à des cas d’enfants ou de jeunes toxicomanes, qu’ils puissent les orienter au niveau du service spécialisé dans l’accompagnement des enfants et jeunes toxicomanes. Il invite par ailleurs tous les acteurs à redoubler d’efforts, parce que dit-il « la quiétude dans nos quartiers dépend d’eux. Tant que nous ne redoublons pas d’efforts, nous n’aurons pas la paix dans nos quartiers et également pour lutter efficacement contre l’insécurité, il faut que nous nous occupions de ces enfants car ils peuvent être facilement enrôlés par les groupes armés », a-t-il laissé entendre.

Marie-Claire Tiendrébéogo (recevant son attestation) se dit mieux outillée pour accompagner les jeunes toxicomanes

Un cri de cœur partagé par Ousmane Konda qui souligne que la prise en charge de l’enfant et du jeune toxicomane est pluridisciplinaire, tant la consommation touche plusieurs facettes de la vie de l’individu. « La prise en charge mérite une action pluridisciplinaire. Elle n’est pas l’apanage d’un seul groupe agissant. Ce n’est pas l’affaire uniquement des acteurs de santé, ni des travailleurs sociaux. C’est dire que l’agent communautaire, le travailleur social, le médecin généraliste, le psychologue, le psychiatre, chacun a un rôle déterminant à jouer et tant que nous n’allons pas aller ensemble, nous n’allons pas avoir de résultats probants sur le terrain. Le constat est qu’aujourd’hui, c’est triste de le dire, il y a trop d’échecs dans la prise en charge parce que chaque acteur travaille en vase clos. La drogue touche plusieurs facettes de la vie de l’individu. Pour ce faire, on a besoin de plusieurs spécialistes pour le travail de prise en charge », a indiqué M. Konda.

A l’issue des deux jours de formation, des attestations ont été remises aux formateurs, mais aussi aux participants.

Justine Bonkoungou
Photos : Bonaventure Paré
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